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Les Echos du Sud-Ouest

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Jeune miroir du sud-ouest : « Il faut rêver grand et oser prendre des risques quand on est jeune » dixit Judicaël PALÉ


Notre feuilleton « Jeune miroir du Sud-Ouest » du jour part à la découverte d’une autre valeur sûre de l’entrepreneuriat dans la région du Sud-Ouest.  Il est spécialiste dans la vente des pièces détachées de moto, propriétaire d’une ferme avicole et d’une cave à vin dans la ville de Gaoua. Ambitieux, travailleur et surtout audacieux, Judicaël  PALÉ, puisque c’est de lui qu’il s’agit , est un jeune débordant d’énergie et qui force l’admiration dans la cité de Bafuji. Qui est ce jeune miroir qui brille dans son domaine ? Découvrez Judicaël Palé, le jeune aux multiples talents dans ces lignes qui suivent.

S’il n’est pas entre deux avions, Judicaël Palé est permanemment sur l’axe Gaoua-Ouaga ou Gaoua- Bobo. Le natif de Sorossorona dans la commune de Périgban quartier gnobôra n’a pas le temps. Et c’est le monde des affaires qui l’exige. Cette étoile montante sait d’où il vient et où il veut aller.

Ce n’est pas pour rien qu’il inspire de nombreux jeunes qui veulent lancer leurs entreprises. Tout semble rose pour celles et ceux qui découvrent Judicaël dans les années  2013 ou 2020. Pourtant son parcours n’a pas été un long fleuve tranquille.

Un parcours qui relève plus que du combattant.

Tout commence à Sorossorona ou Judicaël fait ses armes dans la mécanique de vélo et la vente des médicaments de la rue sous l’impulsion de son grand -frère. Enfant, Judicaël n’a pas eu cette chance d’être inscrit à l’école par ses parents. C’est plutôt lui-même qui est allé se faire enregistrer parmi les écoliers de son village. L’école n’était pas, en effet, une priorité pour ses parents.  « J’accompagnais mon papa chez un devin et c’est sur la route que j’ai vu des enfants en groupe. J’ai demandé à mon géniteur où partent ces enfants. Il m’a dit qu’ils s’en vont pour apprendre à parler le français. Le lendemain, j’ai décidé moi aussi d’aller à l’école. J’y suis donc allé en compagnie des autres enfants du village. Heureusement mon n’a pas trouvé d’objection. Il pensait que j’abandonnerai puisque l’école était à 5km du village ». C’est ainsi le jeune Judicaël devint écolier.

Même étant à l’école, Judicaël rejoignait très souvent son grand frère dans son atelier les jours de marché pour des réparations de vélos. Chose qui n’était pas du tout du goût de son instituteur. « Mon maitre me grondait et disait à chaque fois que j’étais sale et que j’indisposais la classe. Il m’a demandé de faire un choix. J’avais peur d’en parler à mon grand frère mais quand je lui en ai parlé de cela, il m’a acheté des médicaments de la rue que je vendais les jours de marché en lieu et place du mécanicien que j’étais. Là aussi mon maitre s’est opposé »

C’est ainsi en étant élève et commerçant que Judicaël Palé va poursuivre ses études jusqu’à l’obtention de son premier diplôme.

Après l’obtention du CEP, Judicaël Palé rejoint Loropéni pour le second cycle. Son grand frère avait ouvert une boutique là-bas. « Quand je suis arrivé, j’ai dormi dans la boutique jusqu’en 3ème.Je travaillais dans la boutique jusqu’à 23h et à 5h je disposais les articles avant d’aller au lycée. A 12h, je revenais dans la boutique jusqu’à 15h » Judicaël n’avait donc pas le temps pour ses études reconnait-il. Pour sa première participation au BEPC , il échouera. Le jeune homme prendra la direction de Gaoua pour tenter sa chance là-bas.

L’échec du BEPC, le déclic ?

L’échec a étonné plus d’un et Judicaël décide de rejoindre Gaoua pour tenter une seconde chance. Cette décision conduit à des tensions entre lui et son ainé « Il s’est désengagé totalement de moi. Et à Gaoua ça n’a pas été simple. Je cultivais chez le défunt Siboulè pour avoir la pitance. Je faisais également de la maçonnerie pour joindre les deux bouts ». A la fin de l’année, Judicaël obtient son diplôme du BEPC et décide d’arrêter définitivement les études.  Il voulait entreprendre mais un problème: les travaux durs qu’il effectuait quotidiennement vont impacter très négativement sa santé. Il faut vite faire une intervention chirurgicale. C’est chose faite grâce au soutien de sa famille. Après l’opération, le jeune homme rejoint Loropéni pour sa convalescence.

Pendant la saison des pluies, Judicaël Palé et un de ses amis s’engagent dans des travaux divers. « Un ami et moi avions travaillé dans les bas-fonds à loropéni. Je faisais bien d’autres choses comme la maçonnerie. A la fin de la campagne,  j’ai pu économiser 900.000 F CFA . J’ai donc pris 800.000 F CFA pour acheter des pièces de rechanges de motos P50 et Camico. Mon grand frère n’a pas fait de cela un problème. Au contraire il m’a beaucoup encouragé dans cette lancée. Il m’accompagna même à Bobo pour le ravitaillement. Il a même ajouté des pièces détachées d’une valeur de 800.000 FCFA ». Le grand –frère de Judicaël ne s’est pas arrêté là, il a fait des démarches à Gaoua et a mis sur pied l’entreprise que devrais diriger Judicaël.

Une aventure sérieuse commence en 2012.

Le 04 Avril 2012 est une date mémorable pour Judicaël Palé. C’est à cette date qu’il aménage à Gaoua et commence à voler de ses propres ailes. Il venait ainsi de lancer son entreprise de vente des pièces détachées dans la capitale régionale du sud-ouest. L’aventure lui réussit. Judicaël venait d’intégrer le cercle très fermé des jeunes millionnaires en 2012 à Gaoua. « Sept mois après mon installation, j’avais déjà triplé la somme investie y compris la fabrication du kiosque. Il n’y avait pas assez de gens dans le domaine et je faisais mon travail avec amour et détermination ».

Judicaël ne regrette pas du tout

11 ans après s’être lancé dans l’entrepreneuriat, le natif de Sorossorona ne regrette pas du tout « Je gagne ma vie grâce à l’entrepreneuriat. Je ne regrette pas du tout. Je suis très reconnaissant à Dieu qui m’a aidé et guidé sur le chemin de l’entrepreneuriat ». En toute modestie, le « Boss » comme ses amis « frères unis » aiment l’appeler ne dit pas sa fortune mais dit subvenir au besoin de sa famille « Je ne me plains pas même si on est pas satisfait ».

Judicaël rappelle qu’il est allé dans l’entrepreneuriat pour deux raisons. « J’aime ma liberté. Etre autonome, décider pour moi ». Quand vous êtes fonctionnaire, vous êtes tenu d’être là chaque jour et il vous faut des autorisations pour aller et venir ». Mieux, Judicaël s’était lancé un défi. « Je rêvais d’être grand et faire la fierté de ma famille. C’est ce qui m’a poussé à quitter l’école pour les affaires ».

Varier ses activités pour ne pas disparaitre

Commerçant de pièces détachées de moto en 2012, Judicaël Palé est aujourd’hui dans plusieurs domaines.  Il est notamment responsable d’une ferme avicole et de troupeau de boeuf, dispose d’une machine de production d’aliments de bétails et de volailles. Notre jeune miroir est aussi propriétaire d’une cave à vin située au centre-ville de Gaoua. « J’ai décidé de varier les activités parce que le commerce est une question de génération. La vente de pièces détachées n’était pas aussi développée mais aujourd’hui, il y a presque des vendeurs de pièces détachées partout même dans les villages ». Il indique que varier permet de rentabiliser dans un secteur lorsqu’un autre végète. Il justifie son engagement dans l’élevage de la volaille par la rentabilité et le besoin du marché. « Au Burkina aujourd’hui, les gens consomment chaque jour les gallinacés et c’est un domaine qui ne demande pas assez d’effort intellectuel ».

A propos de la cave à vin, Judicaël indique que le vin est très bon pour la santé. « Au-delà de l’idée d’avoir de l’argent, il y avait aussi l’envie de mettre quelque chose de digne dans la ville de Gaoua. De sorte que si les étrangers arrivent, qu’ils puissent se ravitailler. Il n’y avait vraiment pas une cave à vin de référence. Je me suis surtout inspiré de la ville de Diébougou pour mettre ma cave à vin ». Fin marketeur Judicaël souligne que le vin vendu est vraiment de qualité. Toutefois, il rappelle que ce n’est pas facile de mener plusieurs activités à la fois mais c’est le management qui fait la différence.

A la jeunesse…

Judicaël ne manque pas de conseils pour ceux qui sont dans l’entrepreneuriat ou qui souhaitent y s’engager. Pour lui , l’argent ou le matériel ne sont pas les pièces angulaires pour réussir dans l’entrepreneuriat « Certains pensent que l’argent et les parrains suffisent pour réussir. Ce qu’il faut c’est l’amour et la passion.» Judicael ajoute, qu’il faut avoir un idéal et surtout ne pas imiter. « Il ne faut pas entreprendre par imitation. Si vous imitez une personne parce qu’elle réussit, vous risquez d’échouer. On doit avoir pour idéal de faire la fierté de sa famille Chacun est appelé à travailler pour que sa famille soit fière de lui ; ainsi naitra la rage de vaincre et de réussir. Ça doit être une saine concurrence dans chaque famille et chaque enfant doit se lancer pour défi de faire la fierté de sa famille ».

Judicaël suggère aussi d’avoir des mentors et des devanciers avec qui l’on peut aller à chaque fois prendre des conseils pour rectifier le tir dans les affaires. Il faut en plus de cela avoir des techniques et être sérieux.  « Être sérieux et avoir les techniques d’approches vers les ainés. Il faut savoir surtout choisir ses conseillers et une stratégie pour réussir sa mission. Commencer avec le peu que l’on a. Votre sérieux et engagement va susciter de bon samaritains vers vous ».

Aux jeunes Judicaël enfonce le clou « On ne peut pas dormir comme si on était en concurrence avec un cadavre. Quelqu’un qui a une entreprise ou qui a réussi refuse le sommeil et certains privilèges et travaille dure pour rester au sommet. Généralement ceux qui n’ont pas atteint un niveau dorment et font ce qu’ils veulent parce qu’ils n’ont pas de challenge » .

Même aux fonctionnaires, il faut entreprendre sans être en porta faux avec la loi.

Judicaël reconnaissant

Judicaël ne cesse de répéter à qui veut l’entendre « Mon grand frère est mon Dieu sur terre. Il m’a inculqué des valeurs. Je pensais qu’il était contre moi au début mais je réalise qu’il voulait mon bien ». Judicaël n’oublie pas son pilier qui est sa mère. « Tout ce que j’entreprends, je lui dis et demande sa bénédiction ». Il n’oublie pas sa famille et ses amis regroupés au sein du groupe « frères unis » qui sont des promotionnaires de l’école et tous dans la fonction publique Burkinabè. Sa reconnaissance va également à l’endroit de toutes celles et ceux qui le soutiennent.

Vous voulez soutenir , encourager ou devenir un partenaire d’affaire de Judicaël Palé, contactez le au 75107106

Dalou Mathieu Da



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One thought on “Jeune miroir du sud-ouest : « Il faut rêver grand et oser prendre des risques quand on est jeune » dixit Judicaël PALÉ

  1. Kambou Sié Elie

    Judicaël inspire vraiment. Plein succès à lui et merci à Bafuji infos pour ce clin d’œil

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