La Dispensation Individuelle Nominative (DIN), c’est l’une des composantes de la pharmacie hospitalière qui est effective dans le Centre Hospitalier Régional (CHR) de Gaoua. Dans ce centre de santé ce sont les unités de la néonatologie, de la pédiatrie et de la maternité qui ont pu mettre en œuvre cette approche innovante. Cette nouvelle stratégie voulue par les premières autorités en charge de la santé vise à améliorer la qualité des soins en mettant à la disposition des malades les produits qu’il faut en de plus brefs délais. Cela en d’autres termes rapproche les produits au lit du malade. Mais comment fonctionne en réalité cette nouvelle approche au CHR de Gaoua ? Quels en sont les avantages ? Bafujii infos a rencontré les personnes ressources dans ce centre de santé pour en savoir davantage. Lisez plutôt.
Le Centre hospitalier régional (CHR) de Gaoua, dispose d’une nouvelle forme de prise en charge de ses patients dénommée Dispensation Individuelle Nominative (DIN). Une initiative saluée par les agents de santé et les usagers de cet hôpital. La dispensation journalière individuelle nominative, c’est une partie de la pharmacie hospitalière. Une politique mise en œuvre par le ministère de la santé pour accroître la qualité et la rapidité dans la prise en charge. Nous sommes au CHR de Gaoua, précisément à l’unité néonatologie dans la salle principale de la DIN avec les personnes ressources de la santé. C’est une équipe composée des infirmiers(es), de la surveillante d’unité de la néonatologie, d’un attaché en pédiatrie. Dans cette salle, se trouve l’armoire principale des médicaments pour la pédiatrie hospitalisation. Une fois que la pharmacie ravitaille cette unité de soins à travers les bons qui sont faits, c’est dans cette armoire que les agents de santé viennent stocker leurs médicaments. A partir de cette armoire maintenant, ils font le ravitaillement d’une deuxième armoire. C’est à partir de cette armoire secondaire que les agents de santé puisent les produits pour pouvoir administrer les soins aux malades.
« Avant la mise en œuvre de la DIN, dès que le malade arrivait, les agents de santé prescrivaient, et les accompagnateurs des malades partaient à la caisse pour payer avant d’aller récupérer leurs produits à la pharmacie. Mais à la caisse, avec les autres services, la queue était très longue donc les agents de santé pouvaient passer plus de deux heures pour prendre en charge leurs patients. Avec la DIN, l’agent de santé est plus rapide dans la prise en charge des patients » a expliqué Sœur Rebecca Somé, infirmière, surveillante d’unité de la néonatologie au CHR de Gaoua.
Au niveau de l’unité de la néonatologie, une fois que le malade est admis, il faut dire que le malade ne part même plus à la caisse. « Tous les produits sont ici en fonction de ses besoins en médicament. Tout est préparé au niveau de l’armoire secondaire. Après l’hospitalisation, les médecins mènent des visites et prescrivent des produits dont le malade a besoin. En ce moment, l’infirmier va faire la transcription des médicaments sur les fiches individuels. Cette nouvelle forme concerne uniquement les enfants de moins de 5 ans, c’est-à-dire ceux qui sont concernés par la mesure de la gratuité des soins. Autrement dit, les enfants de plus de 5 ans ne sont pas concernés par la DIN. Ils paient à leur frais. Une fois que la transcription est faite à travers l’armoire secondaire, les agents de santé prélèvent les médicaments, passent à la préparation et font l’administration au niveau des malades qui sont hospitalisés » ajoute Sœur Rebecca Somé.
*La DIN, une approche aux multiples avantages.*
Dr Cissé Yacouba, médecin pédiatre, Chef de service de la pédiatrie du CHR Gaoua. » Il faut dire que c’est une stratégie que les agents de santé du CHR de Gaoua en avaient besoin. Ce n’est que du pain bénit. « Selon le Dr Yacouba CISSÉ Chef de service de la pédiatrie du CHR de Gaoua. A écouter le médecin pédiatre la DIN leur permet de travailler moins stresser et plus efficace. « En tant que praticien au niveau des urgences, quand j’ai les produits à porter de main, c’est ce qui me permet de travailler aisément, de ne pas être stresser dans mon travail. Il y a des médicaments qu’on n’arrive pas à trouver ailleurs et si ces médicaments sont disponibles cela permet aux agents de santé de faire tranquillement leur travail. Nous sommes là il faut le dire, c’est pour lutter contre la mortalité infantile et néonatale qui est assez élevée dans notre contexte. Avec une stratégie comme la DIN on peut avoir un impact sur cette mortalité «
Au niveau de la maternité, la DIN constitue également un avantage pour le CHR de Gaoua qui est d’ailleurs vu en modèle, puisque les autres structures peuvent venir s’inspirer de cette mise en œuvre. « La DIN participe également aux recouvrements des finances. Les agents de santé ont la maitrise de la gestion des produits. Avant avec la gratuité, on prescrit les médicaments, les patients où leur accompagnant partent chercher les médicaments. Après administration et guérison, ces médicaments restaient comme ça puisqu’il n’y a pas un système de retour. Actuellement, les pertes sont minimisées. Avec les formations que les agents de santé ont eues, ils maitrisent désormais les coûts de la tarification. Aussi avant, il y avait des fiches qui se perdaient. Ça faisait qu’au niveau du rapport de la gratuité et les malades reçus, il y avait des écarts mais actuellement tout est résolu » confirme Lassina Traoré gynécologue au CHR Gaoua.
*Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la DIN*
Selon l’attaché en pédiatrie Down Somé, pour la mise en œuvre de la DIN, il y a d’énormes difficultés. « Premièrement, c’est d’abord du côté de l’administration, on sent vraiment qu’il n’y a pas de motivation, un accompagnement du personnel. Depuis que nous avons commencé, il n’y a pas un jour ou l’administration du CHR est venue nous féliciter et nous encourager. Avec la charge de travail, on sait que c’est pénible on aurait voulu en tout cas quelques encouragements de la part de nos responsables. Deuxième difficulté, il y a les ruptures en médicaments puisque nous utilisons les MEG. Les spécialités ne sont pas inclues dans la DIN. Ça fait que le problème qu’a connu la CAMEG, il y a beaucoup de rupture et les malades sont obligés d’aller payer les médicaments à leur frais. Troisième difficulté comme on peut le dire, il y a l’exiguïté des locaux. Quatrième difficulté, c’est que les infirmiers sont obligés de mettre en œuvre cette DIN eux-mêmes. La logique aurait voulu que le nombre du personnel en pharmacie soit en nombre suffisant pour pouvoir venir nous appuyer. Malheureusement, c’est les infirmiers qui en plus d’accueillir les malades, d’assurer les soins et la surveillances des malades, sont obligés de faire de mettre en œuvre cette approche. D’où plus de charge de travail du côté des infirmiers. Cinquième difficulté, c’est le manque de spécialité dans cette DIN. S’il y avait certaines spécialités, cela pouvait prendre en charge tous les malades. Malheureusement ces manques de spécialités font que certains malades sont obligés de signer une décharge pour pouvoir partir. Sixième difficulté, nous avons constaté qu’il y a une insuffisance du personnel infirmier. Si on pouvait résoudre le problème de rupture, les agents de santé seraient à l’aise » a souligné Don Somé, coordonnateur de soins de la pédiatrie de l’hôpital de Gaoua.
Les agents de santé du Centre hospitalier régional (CHR) de Gaoua souhaitent que la DIN puisse être rependu à tout l’hôpital. Cela allait être bénéfique pour toute la population de la région du Sud-Ouest.
*Da Mwin-ba-oro Mathieu*