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Les Echos du Sud-Ouest

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PEUPLES DU SUD-OUEST : les tehinsé ou lorhon , les premiers autochtones de Gaoua selon plusieurs sources orales


La région du Sud-Ouest est habitée par une diversité de peuples. Parmi eux, on compte les Lorhon, un peuple riche en culture et en histoire. Si les uns les confondent au peuple lobi, d’autres ignorent carrément leur existence. Bafujiinfos.com ,votre média en ligne vous amène à la découverte de ce peuple à Latara, un village situé à 13 km de la commune rurale de Kampti. Nos avons rendez-vous avec les sages de cette communauté dans ce village plein d’histoires. Monsieur Palé sansan Sibfilè (Folman Sambi Sibfilè) était le porte-parole et Noufé tôh notre interprète.

 

Il est 14h30 exactement lorsque nous arrivons à l’Éole primaire publique de Latara commune rurale de Kampti. Les détenteurs des us et coutumes Lorhon nous attendaient déjà au lieu du rendez-vous. Comme le veut la sagesse africaine , tout commence avec les salutations d’usages. Nous assistons par la suite à une danse traditionnelle dénommée « SAGNON ».

Après ces pas de danses, place aux interviews.

Des échanges, il ressort qu’à l’instar de beaucoup de peuples du Sud-Ouest, les lorhons sont venus du Ghana. Ils seraient l’un des premiers peuples à traverser le fleuve Mouhoun avant de s’installer à Bakpoulouna, un village situé à une dizaine de kilomètres de Gaoua. Selon toujours nos détenteurs de la tradition de ce peuple, après Bagboulouna, les Lorhon ont migré vers Gaoua où ils sont considérés comme les autochtones.

Ce peuple est d’ailleurs considéré comme les propriétaires terriens de Gaoua. En 2022 , c’est ce peuple qui a procédé à l’intronisation du chef de Canton de Gaoua sa majesté Bifaté II. Ils affirment avoir leur fétiche à Gaoua. Les Lobi et les lorhons partagent des traits de ressemblance sur le plan coutumier.

Au regard de toutes ces ressemblances sur les plans culturels et traditionnels, les lobi et les Lorhon ont toujours vécus dans le bon voisinage et la coexistence pacifique.

Tehinsé, l’appelation exacte du Lorhon

Le Lorhon est normalement appelé « tehinsé » et sa langue est le téén. La traduction littérale du tehinsé (lorhon) signifie honte selon Sibfilé. Il explique que le Lorhon à l’origine est une personne qui a honte. Il ne fait pas de mal à son prochain. L’autre qualité du lorhon est son hospitalité. L’étranger est accueilli chez le lorhon dans toute sa dignité. Par contre, le vol est un interdit pour le lorhon. Il ne commet pas l’adultère. Celui qui déroge à cette loi traditionnelle est banni du village .

Le Lorhon est chasseur et grand agriculteur 

L’activité principale du lorhon est la chasse. A cela s’ajoute, l’agriculture que le lorhon exerce pour répondre au besoin de consommation. C’est évidemment pour cette raison que le lorhon se plait à l’écart des autres.  »Quand on s’approche de lui, il se dit qu’il n’y aura plus de gibier par ici, ni suffisamment de terres fertiles. Il se déplace pour un autre lieu où l’environnement serait favorable à la chasse et à l’agriculture. » explique Sibfilè Palé.

 

Signification du nom du village  »Latara »

‘’Là où il y a le seul Baobab’’ c’est le sens du nom du village « Latara » plein d’histoires. L’histoire remonte à deux frères. Lorsqu’ils se sont rencontrés, l’un a demandé à l’autre frère  »Où se situe ta base ? » Et au frère de répondre :  » lar tana ka» qui veut dire, « je suis là où il y a le seul baobab. »

Sibfilé Palé nous raconte que le fondateur du village de Latara s’appelle Kpètime. Il est venu de Bagboulouna pour fonder le village selon nos interlocuteurs du jour.

Au déla du village de Latara, on retouve les Lorhon à Kilingbara, tôlmanan, kièmanan,dindou, gbarinta, difinta,Tognôra, kotikori, wêwêrêwê,Tountana, Galgouli,…

En côte d’ivoire, les Lorhon sont plus remarqués dans la région du Boukani.

 

KAMPTI ou ka fi thé en langue lobiri

Même à Kampti, les Lorhon sont autochtones. Selon les explications de Sibfilè Sansan Palé, Kampti est l’appellation que le lobi a donné au colon. A l’époque , la zone s’appelait Boutié qui signifie en langue téén (là où il y a la terre sablonneuse) et walkwouai en langue téén (le marigot où on ne pêche pas de poissons). Mais à l’arrivé du colon , il a rencontré le lobi en premier à qui il interrogea sur l’appellation de la localité. Le lobi par curiosité répliqua au colon « D’où viens-tu ?  » en langue lobiri :« Ka fi te ?» Le colon a donc écrit  »Kampti ».

Le lorhon plaisante avec les Gouins, les karabôrô, les Bôbô…

 

Les noms de famille lorhon

 

Chez les Lorhons, on retrouve des Folman que les Lobi appellent (Palé) Zambô, Sia (Sib), wébé (Hien). Le lorhon est animiste de réligion. En dehors de Galgouli qui est devenue une ville, dans tous les villages lorhon il n’ y a ni église ni mosquée.

L’origine de l’appellation Tounni(singulier) et Tounnan (pluriel)

Les Lorhon ne se reconnaissent pas dans l’appellation Tounni ou Tounnan. Ce sont les Lobi qui leurs ont attribué ce nom Selon nos sages du jour. Selon les explications de monsieur SIB, Il y avait un lobi qui chaque jour allait demander de partir à la chasse avec un Lorhon. A chaque fois , le lorhon refusait sa compagnie. Un jour avec la persistance du lobi, le Lorhon donna un avis favorable au Lobi. Et lorsque le Lobi est rentré à la maison, il a dit à sa femme : « kouna touri ni » ce qui signifie que « l’homme-là a accepté aujourd’hui ». C’est depuis ce temps que les Lobi appellent les lorhon « Tonnan. »

 

Sansan Somé



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