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Les Echos du Sud-Ouest

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Dégradation du bitume sur le tronçon PA-Diébougou : Le calvaire des usagers


Les 93 km qui relient les villes de PA et Diébougou dans le Sud-Ouest sur la route nationale 12 (RN12) sont en état de délabrement avancé. Construite dans son entièreté et livrée autour des années 2003, le bitume composé autrefois de béton bitumineux a laissé place à des nids de poule par-ci et à de la terre la terre rouge par-là une vingtaine d’années après sa réalisation. Faire ce trajet relève d’un véritable parcours du combattant. Cette « panne du bitume » engendre le plus souvent des pannes d’engins roulants avec des véhicules endommagés abandonnés au bas côté de la route à certains endroits, tandis que d’autres sont en réparation. C’est la dure loi que dicte ce tronçon à ses usagers au quotidien.

En prenant la route ce 5 août 2023, nous dénombrons sept camions-remorques tombés en panne sur le Tronçon PA-DIÉBOUGOU. Les témoignages de quelques usagers dont les véhicules sont hors service montrent réellement qu’emprunter ce tronçon relève d’une véritable gageure. Le camion de Djibril TRAORE est tombé en panne ce 05 août aux environs de 12h, et jusqu’à 16h, il était toujours dans le pétrin. « la route n’est pas bonne. Nous avons quitté Bobo pour venir charger du maïs à Diébougou pour envoyer à Koudougou. Mais en cours de route, nous voici en panne. Les lames de notre camion remorque sont cassées. C’est dure de rouler sur une route dégradée. Si on pouvait avoir une bonne route, cela nous aiderait dans la conduite », explique-t-il. Si monsieur TRAORE n’est qu’à une journée de calvaire pour l’instant, Massao Ibrahim BAGAGNAN lui, dit être à son quatrième jour de panne. Il dit avoir enregistré une panne au niveau de la boîte de son camion. Lui également pointe un doigt sur le mauvais état de la route : « Depuis 4 jours, je suis tombé en panne ici. Mais ce n’est pas ma première panne. Dans la circulation il, y a trop de trous qu’on ne peut pas éviter. A force de rentrer chaque fois dans ces trous, ça joue énormément sur nos véhicules. Actuellement, j’ai eu un problème au niveau de la boîte. Mon vœu le plus cher est de voir cette route réhabilitée pour alléger un peu notre calvaire », confie-t-il.

Les usagers de cette voie ne sont pas les seuls à en subir le calvaire. Les riverains, témoins privilégiés des drames quotidiens sur le tronçon, donnent également de la voix pour appeler les usagers à faire preuve de prudence. Dieudonné KPOODA, un des riverains  rencontrés ce 05 août 2023 estime que la dégradation accélérée de ce bitume est due en partie aux usagers de la route, surtout les véhicules poids lourds. Il assure que les riverains, en l’occurrence, les enfants ont entrepris de boucher certains trous sans pouvoir parvenir à bout de tous les nids de poule. Le souhait du vieux KPOODA est de voir cette route réparée afin d’éviter les accidents au quotidien.

La responsabilité des usagers dans la dégradation du tronçon est certes manifeste, mais pourrait-il y avoir aussi quelque chose à reprocher aux autorités en charge des routes dans notre pays. La construction du tronçon PA-Diebougou a-t-elle réellement respecté les normes y afférentes en considération du trafic qu’enregistre cette voie, au point de subir un tel état de dégradation en à peine 20 années ?

Koumbatian Somé, directeur régional des infrastructures et du désenclavement du Sud-Ouest

A cette question, le directeur régional en charge des infrastructures du Sud-Ouest, Koumbatian SOME répond par l’affirmative : « Si cette route continue de supporter les trafics tant bien que mal et ce depuis plus de 20 ans, si elle n’était pas construite dans les règles de l’art, elle n’allait pas avoir cette durée de vie ».

Une route dite construite dans les règles de l’art mais dont la dégradation s’accélère au jour le jour. Une dégradation bien connue des autorités de notre pays qui ont décidé de réhabiliter ce tronçon. Dans le cadre de la politique de désenclavement et de sauvegarde du patrimoine routier entreprise par le gouvernement, le ministère des Infrastructures et du Désenclavement, à travers le financement du Fonds Spécial Routier du Burkina (FSR-B) a entrepris des actions de désenclavement interne du pays. Il entend affecter une partie des ressources à la réalisation des travaux de réhabilitation et de renforcement des tronçons de routes du réseau national. Le tronçon PA-Diébougou doit donc bénéficier des travaux de réhabilitation, nous confie Koumbatian SOME, directeur régional des Infrastructures et du désenclavement du Sud-ouest. Le lancement des travaux de réhabilitation devrait avoir lieu le 17 juin avec un délai d’exécution de 20 mois hors saison pluvieuse. Les travaux prévus se réaliser sur ce tronçon vont coûter 15,237 milliards de F CFA TTC. Jusqu’à présent, aucun vrombissement de tracteurs. Les choses traînent et la dégradation avance. Le démarrage tardif des travaux s’explique : « L’entreprise a été notifiée pour le démarrage des travaux depuis le 17 juin 2023. Ces travaux ont été ensuite suspendus le 04 aout 2023 à la demande de l’entreprise pour des raisons de pluies. Par ailleurs certaines activités techniques et importantes se poursuivent sur le terrain. Entre autres on peut citer la construction de la base vie et certains travaux en laboratoire. Aussi il y a la revue actualisée des études assortie du dossier d’exécution qui sont en cours de finalisation. Donc quand les pluies vont cesser, les travaux vont reprendre bientôt », explique M. SOME, directeur régional en charge des infrastructures du Sud-ouest.

Le combat pour l’entretien de nos routes n’est pas l’affaire du gouvernement seulement mais de toute la population. Pour cela le directeur régional en charge des infrastructures du Sud-ouest demande aux populations d’avoir un comportement citoyen pour que nous puissions préserver nos routes. Il invite par ailleurs les usagers de la route à éviter la surcharge des véhicules car les surcharges contribuent à une dégradation accélérée de nos routes. Il faut aussi éviter les actes de vandalisme sur les équipements routiers et les actes d’incivisme sur la chaussée. Par exemple en cas de crevaison, il faut éviter de rouler sur une route bitumée avec la jante nue car ça creuse des sillons et ça dégrade la route. Aux exploitants du domaine de la route, le directeur régional des infrastructures du Sud-ouest supplie d’éviter de cultiver dans les fossés et dans les talus car cela contribue à détruire les cordons de pierre que nous mettons pour bloquer l’eau et l’empêcher de s’attaquer à la route. Certaines personnes ramassent les agrégats sur les talus, c’est aussi à laisser tomber. Les orpailleurs artisanaux doivent aussi éviter de creuser les galeries à proximité de la route. Certains même veulent creuser à travers la route parce qu’ils ont vu un filon d’or. Toutes ces pratiques sont à abandonner.

Un adage populaire soutient que la route du développement passe par le développement de la route et les usagers n’attendent que de voir ce tronçon réhabilité afin de faciliter la fluidité du trafic, chose qui va contribuer au développement des activités de transport, et partant, au développement des localités traversées par ces 93 km de route.

                                                                                                 Sansan Bertin SIB

                                                                                                  tinosbs@gmail.com



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