.
.

Les Echos du Sud-Ouest

.

Zolar DA : Une carrière atypique pour un enseignant atypique


Zolar DA est professeur des écoles (Ex. instituteur certifié) en service à l’école Chefferie « A » de Gaoua où il officie comme Directeur de cet établissement. Entre lui et l’éducation des enfants c’est une histoire d’amour qui dure depuis 27 ans. Il a embrassé ce métier par amour et c’est avec la même passion qu’il continue d’éduquer les enfants pendant que la plupart de ses promotionnaires sont dans les bureaux. Bafujiinfos est allé à sa rencontre. Découvrez qui est Zolar DA.

 Zolar DA est né à Tiassalé en république de Côte d’Ivoire en 1970. Dès l’âge de la scolarité, ses parents l’envoyèrent au Burkina Faso, plus précisément à Tobo dans la commune rurale de Gbomblora, pour être scolarisé. Il  fréquente l’école de son village où il obtient son Certificat d’Études Primaires Élémentaires (CEPE) et l’entrée en sixième option lycée en 1983. « J’avais été orienté au Lycée Ouézzin Coulibaly (LOC) de Bobo Dioulasso, Gaoua n’ayant pas de lycée à l’époque. Mais la même année le CEG de Gaoua était devenu lycée et grâce à mon directeur, Christophe Kara, j’ai été transféré au lycée provincial de Gaoua » a-t-il confié. C’est ainsi qu’il va fréquenter ce qui est devenu le lycée provincial Bafuji et en 1987, il obtint son BEPC. « Je suis allé en 2nde puis en 1ère et c’est de là-bas que j’ai commencé à passer les concours. Ce n’était pas simple » a-t-il soupiré. Et d’ajouter « Mon père transportait le mil de Tobo à Gaoua pour me donner. Arrivé à Gbomblora, il dormait pour continuer le lendemain. J’ai donc essayé de libérer mes parents et c’est là que j’ai passé les concours ». La chance lui sourira et il est admis au concours des agents des eaux et forêts malheureusement pour des raisons qu’il ne peut expliquer aujourd’hui, il n’a pas pu aller à la formation. L’année suivante, il aura beaucoup plus de chance. Il est admis à deux concours à la fois, la santé et l’enseignement. Monsieur Zolar DA va opter pour le concours des Instituteurs Adjoints (IA). «  J’ai opté pour les IA pour ne pas aller faire une formation d’une année à la santé ». Affecté à Banfora, M.Zolar permute avec un de ses collègues  pour Diébougou. A Diébougou, il est affecté à l’école de Sorégane. Cette affectation n’a pas été du goût de ses ainés qui ont estimé qu’il était nouveau pour mériter un poste en ville. Il a donc été réaffecté à Bondigui.

Des résultats prometteurs pour un jeune enseignant

Très vite Monsieur DA va se distinguer par son travail. Il commence avec une classe de CM1 qu’il a conduit au CM2. Et pour une première expérience dans cette classe, le jeune enseignant de l’époque réalise un taux de réussite de 100% au CEP. Après 5 années dans cette localité, il devra partir contre son gré.  « A un moment donné, Diébougou me sollicitait au vu de mes résultats. Le DPEBAM KAM est venu me voir pour m’affecter en ville en 1999 mais j’ai refusé l’offre. En 2000, il est revenu et il a dit que c’est lui qui décide et ainsi il m’a affecté à Zanawa » . Dans son nouveau poste, c’est avec le même enthousiasme que Zolar DA a continué sa mission. Il réalise aussi des taux de succès de 100% au CEP. Après Zanawa, Monsieur DA sera successivement muté à Dolo (1 an), Galgouli (2 ans), Sitondouo (1 an), Holly (1 an), école centre A de Gaoua (5 ans) et Chefferie A (5 ans).  Partout où Zolar DA est passé, il a réalisé des taux de succès de 100%. Quand ce n’est pas le cas, le taux est au moins supérieur à 80% sauf à Dolo où il n’a pas eu à tenir une classe de CM2.« Jusqu’à présent chaque jour que Dieu fait les parents de ces écoles m’appellent» a-t-il lâché.

Le secret de la réussite

Monsieur DA n’a pas de secret particulier pour ses bons résultats. « Il n’y a pas de secret. Quand tu aimes ton travail, tu vas toujours réussir. J’ai toujours suivi ce que les instructions m’ont demandé de faire. C’est l’amour des enfants. Je châtie par moment. C’est comme à la maison quand un enfant déconne, tu es obligé de le corriger par moment » a-t-il déclaré.

Néanmoins il a quelques astuces. «… En mathématiques, je commence par la résolution des problèmes. Rapidement mes enfants réussissent en mathématiques. Facilement ils ont 20/20 en problème et opérations. En éveil…, j’ai une technique, après le résumé, je pose des questions ce qui oblige les enfants à apprendre les leçons. Pour la discipline, j’occupe mes enfants. Il faut que la classe travaille. S’il y a le travail, la classe sera disciplinée, donc je ne lâche jamais mes enfants sauf à leurs heures de repos. A la recréation, nous sommes amis et comme nous sommes amis, ils  acceptent  ce que je leur dis. En classe, nous sommes ‟ennemis″ mais dehors nous sommes amis, ce sont eux qui vont m’entourer, souvent à vouloir même déchirer mes habits » a confié Monsieur DA.

À ce que disent ses collègues, il est capable de combler les insuffisances d’un élève défaillant en quelques semaines. « Quand je prends un enfant qui a des difficultés, j’analyse d’abord son travail. Quand je vois que c’est en mathématiques, je le renforce en mathématiques, quand c’est en français, je le renforce en français et ainsi de suite. Je dis à l’enfant, tu n’es pas bête, tu es plus intelligent que moi-même qui suis devant toi. Ce que je fais si tu ne comprends pas dis-moi honnêtement. En deux jours, le problème est résolu » a dit Monsieur DA.

Dans ses différents postes, Zolar DA a toujours apporté un appui aux enfants en difficultés. C’est ainsi qu’il a pris avec lui trois d’entre eux qu’il a scolarisé du primaire jusqu’au supérieur. Deux d’entre eux sont dans des écoles de formation professionnelles. Le troisième est toujours à la recherche d’un emploi.

Malgré toutes les difficultés, Monsieur DA est épanoui dans son travail parce qu’il a l’amour de son métier et des enfants. Il conseille les jeunes enseignants à bien faire leur travail parce qu’ils vivent de ça. Il les invite également à s’inspirer de l’expérience de leurs aînés pour s’améliorer. « Celui qui vous a devancé et qui maitrise telle chose, vous l’approcher afin qu’il puisse partager son expérience avec vous. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, chacun se suffit. C’est l’argent au-dessus de tout. Il n’y a pas de déontologie, quel que soit les conseils que vous allez donner, c’est zéro » a-t-il déploré.

Il les invite à avoir l’amour de leur métier, à écouter leurs ainés, respecter les textes et la hiérarchie. « Je voudrais dire aux collègues, les enfants que vous avez devant vous sont vos petits frères, vos enfants, ce sont les enfants du Burkina. C’est la relève de demain. Si on les néglige, que deviendront –ils ? »

Le travail de monsieur DA a été reconnu par l’Etat burkinabè. « J’ai été décoré chevalier des palmes académiques le 11 décembre 2009 à Batié quand j’étais à Galgouli. C’est à Diébougou que je devais être décoré mais je n’avais pas l’ancienneté requise. Mon mérite a été reconnu mais il reste quelque chose. J’ai été frappé par la limite d’âge pour l’examen de reclassement en A3.  Je souhaite que tous ceux qui sont frappés par la limite d’âge soient reversés comme en 1998 » a-t-il suggéré.

Dar Flavien DA



Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *