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Les Echos du Sud-Ouest

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Région du sud-ouest : 28 cas de lèpre dans 15 villages


La lèpre est une maladie toujours présente dans la région. L’information est confirmée par le directeur régional de la santé du Sud-Ouest Docteur Daniel YERBANGA au cours d’une interview accordée à Bafujiinfos. Une invite à la mobilisation est lancée à la population afin de booter cette maladie handicapante. Lisez plutôt !

Bafujiinfos : Quelle est la situation de la lèpre dans la région du Sud-Ouest ?

Dr Daniel YERBANGA : La lèpre est une maladie ancienne, une maladie connue depuis longtemps. C’est une maladie en voix d’être éradiquée. Mais au Burkina Faso, dans les années 1962, on était dans une situation où la prévalence était élevée. Si l’on prenait cent mille (100 000) personnes, on pouvait avoir au moins deux-cent quatre-vingt-dix (290) personnes. Mais les efforts ont été consentis depuis lors et on a réduit la prévalence autour d’un (01) cas pour dix-mille (10 000) habitants en 1994. Dans la région du Sud-Ouest, on n’a pas de chiffre comme ça pour vous dire voici la prévalence actuelle de la lèpre dans la région parce que ça nécessite beaucoup d’investigations. Mais ce qu’on peut retenir est qu’en 2021, on a eu l’accompagnement du programme des maladies tropicales négligées (MTN) et on a fait des activités de sensibilisation et de dépistage dans certains villages de district. De façon globale, on peut dire que lors de ces différentes activités menées à Diébougou, à Dano, à Kampti, à Gaoua et à Batié dans quelques villages, on a dépisté en tout vingt-huit (28) nouveaux cas de lèpre en 2021. Mais ça, c’est un échantillon de villages ce qui veut dire que si on étendait à tous les villages, ça pouvait être plus que ça.

Bafujiinfos : La lèpre est-elle un phénomène nouveau dans notre région ?

Dr Daniel YERBANGA : Le phénomène n’est pas nouveau. C’est pourquoi on la classe maintenant parmi les maladies tropicales négligées. Mais les efforts avaient permis au pays d’avancer sereinement. Si on prenait 10 000 personnes en 1994 et on avait un seul cas, ce sont des progrès par rapport en 1962. Mais ce n’est pas fini, ça persiste toujours et ça nécessite qu’on continue les actions de sensibilisations de dépistages et de prises en charge pour pouvoir tendre vers l’objectif qu’on s’est fixé avec l’organisation mondiale de la santé et de toutes les institutions qui luttent contre ces maladies. On s’est fixé comme objectif en 2030, d’éliminer totalement la lèpre. Donc il faut des efforts considérables dans tout le pays pour continuer à dépister les nouveaux cas, à les traiter et à sensibiliser les populations pour éviter la poursuite de la contamination.

Bafujiinfos : Qu’est-ce qui est fait pour éradiquer ou éviter sa propagation ?

Dr Daniel YERBANGA : Les actions pour arriver au bout de cette lutte sont des actions de sensibilisation d’abord. Il faut arriver à sensibiliser la population, les faire comprendre que ce n’est pas une maladie comme les gens disent : une maladie honteuse, une maladie de sort. Non, c’est une maladie infectieuse liée à une bactérie et donc il y a des possibilités de lutter contre cette maladie mais si la population n’arrive pas à comprendre, elle ne va pas nous accompagner dans cette lutte. Sensibiliser les gens afin qu’ils connaissent la maladie, savoir qu’il y a un traitement et mieux comprendre qu’il y a des conditions d’hygiènes nécessaire pour pouvoir amener la population à éviter la contamination. Ce sont les conditions d’hygiènes de vie, des conditions d’hygiènes vestimentaires, des conditions d’hygiènes personnelles et de cadre de vie qui vont permettre d’éliminer ou de réduire la transmission de la maladie au sein de la population. Il faut noter que ce ne sont pas tous les cas qui se transmettent. Les cas transmissibles sont systématiquement mis sous traitement. Cette démarche vise à éviter sa propagation.

Bafujiinfos : Quel sont vos conseils pour les populations ?

Dr Daniel YERBANGA : Premièrement je dirai qu’elles doivent considérer la lèpre comme les autres maladies et ne pas stigmatiser ceux qui sont déjà atteints en les discriminant. S’ils ne sont pas pris en compte dans ces aspects, en les mettant à l’écart, on ne peut pas avoir accès à ces personnes pour les aider à éviter la transmission donc finalement on se met dans une situation de cercle vicieux où la personne sera une source de contamination à un moment donné au sein de la population. Deuxièmement, le problème est que la lèpre est une maladie qui est silencieuse, elle est lente. Il suffit d’une petite tâche sur la peau mais on ne sait pas que c’est la lèpre. Et ça va évoluer pendant des années avant d’arriver aux formes de mutilations qui vont maintenant faire connaitre les gens qu’il s’agit de la lèpre et en ce moment c’est trop tard. Le germe attaque la peau, les nerfs périphériques, le signe n’est pas brillant, ça ne fait pas mal, les gens ne crient pas. Donc si vous voyez sur la peau des taches qui apparaissent, c’est mieux d’aller consulter pour savoir si la tache est caractéristique de la lèpre ou pas. C’est parce que ça évolue pendant longtemps qu’on va arriver à ce qu’il y a des mutilations au niveau des doigts, des oreilles et qui rends maintenant la personne handicapée.

Bafujiinfos : votre dernier mot

Dr Daniel YERBANGA : C’est dire à la population que la lutte contre cette maladie nécessite l’implication de l’ensemble des acteurs au niveau communautaire, les acteurs de santé et les leaders politiques pour qu’ensemble nous puissions arriver au bout de cette maladie qui est handicapante parce que quand on arrive à des formes de mutilations, la personne n’est plus apte à faire des activités. Elle devient une charge non seulement pour sa famille, pour sa communauté mais pour la nation toute entière. Il va falloir qu’on puisse s’associer main dans la main, ne pas discriminer les malades, ne pas faire de sorte que la personne se sente mis de côté, mais l’accompagner tout au long du processus pour qu’elle puisse avoir accès aux soins. Il y a des soins disponibles pour la lèpre et les soins permettent de la guérir ce n’est pas une fatalité et non plus une maladie incurable. Il faut s’y prendre tôt pour pouvoir consulter à temps et éviter d’aller à des formes invalidantes. En tout cas les statistiques en 2021 dans la région du Sud-Ouest prouvent qu’il y a une recrudescence. Si dans une quinzaine de village, on a 28 cas cela montre que le problème est toujours réel alors qu’on a quand même plus de mille (1 000) villages.

Bonbagnè PALENFO



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