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Les Echos du Sud-Ouest

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Ini Dorcas DAH deuxième partie : Femme engagée pour la cause de la veuve et de l’orpheline


Ini Dorcas DAH est docteur en théologie.  Elle est aussi engagée dans le milieu associatif. La théologienne milite beaucoup pour le bien être de l’orphelin , de la veuve et de la jeune fille. son association est très active et est sur plusieurs fronts. La formation et le social sont entre domaines. Bafujiinfos.com a échangé avec Ini Dorcas DAH.

Bafujiinfos.com : Vous êtes également présidente d’une association, parlez-nous de votre association.

Ini Dorcas DAH: c’est depuis l’an 2000 que j’ai commencé à prier pour demander au Seigneur de m’aider et me montrer comment je pouvais être utile aux femmes et surtout aux jeunes filles qui, pour des raisons socioreligieuses, n’arrivent souvent pas à poursuivre leurs études.

En 2010 quand j’étudiais au Ghana, un jour, au cours d’un séminaire à la faculté, les noms d’un certain nombre de veuves que je connaissais à Gaoua me venaient à l’esprit et j’ai commencé à écrire dans mon carnet, ‘Seigneur comment est-ce que je peux aider telle ou telle femme?» A la pose, un ami m’a approché et il a dit,  Maman Dorcas, je veux que tu ailles au Nigeria avec ma femme pour voir ce que certaines femmes sont en train de faire là-bas, peut-être que ça t’aidera à faire quelque chose dans ton pays). J’ai dit dans mon cœur, ‘Seigneur si cela vient réellement de Toi, qu’il en soit ainsi.’ Plus les jours passaient, mon ami insistait. Et finalement le voyage a été programmé pour décembre. (Mais avant le voyage 4 femmes sont venues du Ghana et du Nigeria à Gaoua, en passant par Abengourou ou je les ai croisé et on a rencontré certaines femmes là-bas, pour nous rendre visite et nous ont encouragé à venir pour la visite au Nigeria qui coïncidait avec la convention des femmes, à Masaka, Nassarawa State a cȏte d’Abuja. C’est alors que j’ai pu avoir des fonds pour faire les passeports de 6 femmes du Burkina Faso et 4 femmes en Côte d’Ivoire.) En décembre 2010 donc je suis allée avec sept femmes du Burkina et 4 de la Côte d’Ivoire au Nigeria pour voir le travail. (Alors depuis août 2010, nous avons travaillé en équipe jusque-là. Il y a des tantes/mamans, des grandes sœurs et des petites sœurs à Gaoua qui ont vraiment eu confiance en me soutenant depuis le début jusqu’à nos jours. Je tiens à les remercier grandement car je ne pouvais pas faire ce travail seule pendant ces 10 ans et quelques mois. )

Notre association a débuté donc en août 2010, sous le nom d’Association Evangélique pour la Joie et le Développement de la Femme (AEJDF). En février 2014 nous avons été officiellement reconnu et inscrite au journal officiel du Burkina Faso. Le récépissé a été renouvelé en décembre 2018. Pour le second enregistrement, le ministère nous a demandé de raccourcir le nom. (La raison était que notre nom AEJDF expliquait déjà ce que nous faisions sur le terrain et qu’il nous fallait prendre un autre nom et expliquer ce que nous faisons dans nos objectifs/mission.) C’est alors que de concertation avec le conseil d’administration et l’assemblée générale nous avons adopté le nom Association Évangélique Sonwtaa (sonwtaa en Birifor veut dire entre-aide).

Bafujiinfos.com : quelles sont les actions  que vous menez sur le terrain ?

Ce que nous menons comme action est exprimé dans notre mission( ;c’est entre autres 🙂 ci-dessous

Mission de l’AES

  • Améliorer les conditions de vie des femmes du Burkina sur le plan spirituel, social et économique ;
  • Créer un cadre de partage, de communion fraternelle, d’édification et prière à travers la réalisation de projets et d’activités spirituelles au profit des femmes ;
  • Promouvoir la solidarité et l’entraide entre ses membres d’une part et d’autre part offrir à celles-ci un cadre de concertation et d’éducation pour la résolution de leurs problèmes spécifiques ;
  • Améliorer la situation économique des femmes par la recherche de fonds ; l’organisation et la création d’activités génératrices de revenus ;
  • Créer des travaux de vacances bien réglementés et suivant les normes du pays pour les jeunes filles au Burkina Faso en vue de les aider à avoir de quoi s’occuper d’elles-mêmes à la rentrée scolaire et aussi les occuper par des travaux rémunérateurs pour éviter leur trafic vers les pays côtiers à la recherche du mieux-être ;
  • Investir dans l’agriculture pour permettre aux femmes de produire pour l’autosuffisance alimentaire et financière de leurs familles.

Mission de la Maison de l’espoir, branche de l’AES

  • Permettre aux filles vulnérables d’avoir un logement idéal et sécurisé pour poursuivre leur éducation secondaire et leur éducation dans le secteur non formel;
  • Eduquer les pensionnaires à être des citoyens responsables qui vont contribuer au développement du Burkina Faso ;
  • Donner à ces filles une estime positive de soi pour inciter les autres femmes à se battre pour l’amélioration du statut de la femme.

Nous avons donc formé des femmes qui font le savons, la pommade, les bijoux, les t.shirts, auto-colants, pagnes batiques et bien d’autres choses, selon notre mission ci-dessus. Et nous contribuons à l’éducation des jeunes filles au Burkina Faso.

Bafujiinfos.com : Chaque année vous organisez un camp de jeune fille d’où vous est venue l’idée et pourquoi ?

Le camp des jeunes filles a commencé après la création de la Maison de l’Espoir à Batié en 2016. Pour une meilleure compréhension il me faut d’abord parler de la Maison de l’Espoir avant le camp. Après mon PHD en 2015, j’ai fait un Postdoctoral Fellowship. Ce programme était pour me permettre de réviser ma thèse et la raccourcir pour la publication. Mais une autre étape consistait à faire une recherche sur la spiritualité et l’espoir africain qui couvrait le Burkina Faso, le Cameroun, l’Ethiopie, le Ghana et le Zimbabwe. Je devais donc m’occuper du Burkina Faso. C’est ainsi que je suis rentrée au Burkina ou j’ai parcouru, Ouaga, Bobo, Gaoua, Batié, Dikar, Holly,Gbakonon etc pour interviewer les gens sur un certain nombre de questionnaires. Ça coïncide avec les vacances. Pendant que j’étais à Batié, le Pasteur Eric m’a parlé d’un groupe de filles qui se rendaient chaque vacance au Ghana pour travailler dans le but de revenir payer leurs études. Mais en réalité certaines sont revenues plus déminues qu’à leur départ. Vivant au Ghana depuis 2008, je ne pouvais pas supporter de laisser ces filles y aller. A Accra comme à Kumasi, elles dorment dans les gares, les coins de marchés et sont à la merci de tout le monde. Souvent elles travaillent sans repos et sous l’abus de leurs employeurs. J’ai donc dit au pasteur Eric de leur parler et si elles acceptaient de rester au Burkina Faso j’allais lutter pour voir ce qu’on peut faire avec l’aide du Seigneur pour elles. 9 filles ont accepté et ne sont pas parti pour le Ghana ces vacances-là. Il me fallait donc faire quelque chose. J’ai parcouru certains services à Gaoua, appelé certaines personnes à Bobo, Banfora, Ouaga. Mais j’ai toujours eu cette réponse : « Madame, bonne initiative, mais l’Etat ne nous donne pas les moyens pour ces genres de situation ». J’ai frappé partout sans solution et je suis reparti pour le Ghana. Jusqu’en août, je n’avais aucun soutien, mais ces filles devaient reprendre l’année scolaire. Je n’avais que 90.000fcfa dont quelqu’un m’avait fait grâce. J’ai utilisé ces 90.000f pour louer une maison à Batié que j’ai nommé la Maison de l’Espoir, car pour un chercheur chrétien si notre théologie ne peut pas prendre en compte le milieu socio-culturel dans lequel elle opère, elle devient une théologie inutile et non avenue (Kwasi Dickson, paraphrase ici). Ma recherche sur la spiritualité et l’espoir africain allait donc être nulle et non avenue si je me taisais sur le désespoir que vivait ces filles et qui les poussait à aller au Ghana dormir dehorsàla recherche du mieux être (vous pourrez lire plus de détails dans mon livre quand ça sera prêt). Dieu merci, malgré nos maigres moyens, 19 filles ont officiellement bénéficié des services de la Maison de l’Espoir jusqu’à nos jours (il y en a qui font la couture, d’autres la coiffure, certaines sont à l’école et bien d’autres choses: deux font le BAC cette année et nous en sommes très encouragées). Nous avons eu des conversions à travers la Maison de l’Espoir (les bénéficiaires aussi bien que les parents de certaines bénéficiaires). Mon équipe et moi sommes vraiment encouragées de voir réellement l’espoir qui se lit sur le visage de ces filles aujourd’hui. C’est toujours dans le cadre de mieux éduquer et édifier les jeunes filles que j’ai, avec mon équipe, commencé avec les camps en 2017.

J’ai eu la vision pour le camp en mars 2017. J’étais aux funérailles d’une amie de 98 ans a Labadi, Accra. J’étais assise sous le hangar de funérailles dehors et priais en silence. C’est pendant que j’étais assise aux funérailles qu’une voix m’a parlé qu’il fallait organiser un séminaire de l’espoir pour les filles pendant ces vacances-là. Et le verset qui m’a été donne était le Psaume 119 :9. J’ai donc contacté les responsables de l’église de Batié en son temps, puise que nous étions à Batié pour organiser le camp à Batié pendant les vacances 2017. Et j’ai fais passer l’information. Osée Kambou était le président de la jeunesse en son temps et a bien apprécié l’initiative. Je me rappelle que Osée avait même reconnu que l’idée venait vraiment du Seigneur et qu’il était content de cela. Il était venu de Ouaga en son temps avec Koukou Dibloni, son secrétaire général à l’ouverture et nous a encouragé à ne jamais baisser les bras. Dorcas Ouédraogo était l’oratrice principale et nous avons eu d’autres sous-thèmes sur la santé (avec le CMA de Batié) et les conséquences des migrations clandestines vers les pays côtiers (avec l’Action Social de Batié). Malgré les difficultés que nous avons rencontrées en son temps Dieu nous a fait grâce de bien terminer avec au total 33 campeuses venues de la province du Noumbiel et du Poni. En 2019, nous avons eu la deuxième édition. Certaines personnes m’ont dit ouvertement, à l’ouverture de la 2eme édition, de m’apprêter à être combattu et elles ont vraiment commencé leurs œuvres. C’est en 2020 que nous devrions avoir la 3eme édition. Nous avons tout organisé, fait passer l’information partout, mais nous étions obligées de reporter à cause de la pandémie du covid19. Dieu merci, comme le monde est en train de s’ouvrir et la vaccination a même commencé en Afrique déjà, nous nous attelons à l’organisation du camp qui a été reporté l’année passée pour le (du) 2 au 9 aout 2021 à Gaoua, Dieu voulant. Je veux dire tout simplement que c’est une vision de la part du Seigneur et Dieu nous a soutenu malgré les difficultés jusqu’à nos jours.

Bafujiinfos.com  : Quel est votre message à l’endroit de la gent féminine?

Rester ferme dans son combat pour son autonomisation. La servitude, quel que soit sa forme, ne vient pas de Dieu. Dieu nous a tous (tes) créé à son image et nous a donné toutes les ressources sur la terre pour nous servir et que nous servons aussi Dieu à travers la manière dont nous traitons nos semblables et toute la création (terre et communauté). Mon souhait est qu’ensemble nous puissions agir positivement pour un monde meilleur.

Bafujiinfos.com : Votre dernier mot ?

Pour réussir dans ce monde on aura toujours des défis. Mais au lieu de laisser nos défis nous défier et nous briser, défions nos défis par la résilience. C’est alors qu’avec courage, détermination et surtout par la foi, nous dirons que ‘ça n’a pas été facile mais j’ai pu y arriver.’ Refusons d’être manipulées et évitons de manipuler les autres à cause de l’aide que nous leur apportons (Deutéronome 15 :1-11).

Dalou Mathieu Da



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One thought on “Ini Dorcas DAH deuxième partie : Femme engagée pour la cause de la veuve et de l’orpheline

  1. AKESSI Steve Saint-Clair

    Que le Seigneur bénisse votre ministère. Et que Dieu ouvre les portes financières, matérielles, afin de remplir votre mission et qu’à travers vos actions, plusieurs femmes et jeunes filles voient le secours de Dieu. Merci encore d’être une source de bénédiction pour toutes ces âmes démunis. Que Dieu vous accorde ses grâces au nom de Jésus .

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