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Les Echos du Sud-Ouest

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Femmes battantes du Sud-ouest : Conductrice d’engins lourds et miniers,Mireille SOME emerveille et inspire


Mireille Domodjilmin SOME est conductrice d’engins lourds dans l’entreprise EBOMAF l’une des entreprises les plus connues au Burkina Faso. Chargériste, dame somé vit à fond sa passion. A l’occasion de la célébration du mois de la femme, Bafujiinfos est allée à la rencontre de cette jeune femme qui a bravé tous les obstacles pour se retrouver dans un milieu qui était jadis réservé aux hommes. Zoom sur cette amazone qui manie avec habilité les gros engins.  

« Celui qui se bat pour une chose, c’est pour lui la chose », disait l’ancien président de la transition Burkinabè Paul Henri Sandaogo DAMIBA. Mireille Somé , s’est en effet battue pour sa chose. Et elle a finalement eu gain de cause en réalisant son rêve: Celui de devenir conductrice des engins poids lourds.

L’histoire d’amour entre la native de Diébougou et ces machines géantes remonte à sa tendre enfance et précisément dans les années 2000. Mireille est tombée fan des engins poids lourds à cette période de sa vie alors qu’elle était à l’école primaire. « Je me rappelle que j’ai découvert ces engins à l’occasion du bitumage de la Route  tronçon Diébougou- Gaoua. Une infrastructure réalisée par l’entreprise Oumarou Kanazoé. Son entreprise avait ces types d’engins poids lourds à l’époque pour les travaux. Et quand je quittais l’école à midi ou le soir , je partais admirer les mastodontes terrasser les arbres. J’étais fascinée par les géants pneus et le gabarit des engins. Je pouvais même passer des heures à regarder ces monstres en fer mouvoir. C’est là qu’est née en réalité ma passion pour les engins » nous rappelle -t-elle.

A cœur vaillant, il n’y a rien d’impossible!

Pour diverses raisons, Mireille SOME a arrêté ses études en classe de 4e. Voulant être indépendante et manger à la sueur de son front, elle s’engage dans un centre de formation en coupe couture chez des sœurs religieuses à Diébougou. Elle va arrêter cette première formation pour suivre une formation dans le domaine de la santé notamment celle des agents itinérants de santé (AIS) dans la ville de Kaya. Diplômée de l’école de santé, elle tente l’intégration à la fonction publique mais malheureusement la chance ne lui sourit pas. La jeune fille triste mais jamais découragée revient à Diébougou ou elle ouvre un restaurant. L’entreprise marchait bien mais Mireille n’étais pas satisfaite puisque n’étant pas dans un domaine qui la passionne. Elle décide alors de mobiliser des ressources pour suivre une formation en conduite des engins poids lourds et miniers. « J’ai vu sur facebook une structure qui avait lancé la formation sur la conduite des engins poids lourds. J’ai dit voilà une occasion pour vivre ma passion. J’ai pris mes économies et avec un peu de soutien, je suis allée m’inscrire. Pour la formation , j’ai payé 850.000 F CFA et j’ai fait 4 mois de formation. Après cela, j’ai déposé mes dossiers un peu partout. Le groupe EBOMAF a accepté mon dossier et c’est après trois mois de stage que j’ai signé un contrat en 2022 » explique -t-elle toute heureuse. Une joie qui se justifie par le faite qu’elle a pu enfin trouver son chemin, réaliser son rêve.

Deux ans déjà que Mireille vit sa passion dans cette entreprise qui a bien voulu lui tendre la main. Depuis lors, elle participe à la construction de la voie de contournement de la ville de Ouagadougou. Comme tâche quotidienne, la jeune dame charge les engins dumpers des agrégats. « J’ai eu vraiment beaucoup de chance. Mes maitres de stage m’ont beaucoup soutenu et me conseillaient même s’il y avait quelques préjugés du fait que je sois femme» confesse-t-elle.

Les préjugés sont forts certes mais Mireille ne se plaint pas

Le métier de conductrice d’engins poids lourds nourrit son homme. « Je rends grâce à Dieu pour ce travail. Grace à cela, j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. Ma plus grande satisfaction c’est de savoir surtout que je suis utile à ma société ».

Même si dame Somé vit à fond sa passion, elle assure que tout n’est pas rose. Elle a été confrontée à la question des préjugés.  » Ça n’a pas été facile. J’ai failli jeter l’éponge n’eut été les encouragements de mes proches ». Elle ajoute « Les gens me jugent…Ces derniers estiment que la conduite des engins lourds/miniers n’est pas un métier de femme. Parfois je suis obligée de dire à certains que je me débrouille dans la vie. Quand je dis que je suis chargeriste, les commentaires des gens parfois déçoivent. Sur le chantier, je me rends compte que je suis la seule femme chargeur et ce n’est pas facile ».
Malgré tous ces préjugés railleries, Mireille ne baisse pas les bras. Au contraire , elle garde la tête haute et assure que c’est un état d’esprit. « Je m’encourage moi-même. Je me dit toujours dans ma tête que je suis un homme et le travail qu’un homme fait, je peux le faire aussi ».

Outre son mental de fer , Mireille SOME dit tenir grâce aux soutiens inconditionnels de ses proches « Je dois mon succès et ma ténacité à mon oncle Docteur Hervé Hien ». Il me le dit toujours « Rien n’est facile dans cette vie. Il faut te battre quel qu’en soit les obstacles . Je bénéficie aussi du soutien de ma mère et de mes deux filles. Quand je suis abattue et je veux abandonner, elles me disent de ne pas abandonner. Ce sont ces personnes qui sont mes piliers et ma force ».

Aux jeunes filles,

Mireille est formelle , ce n’est pas du tout sorcier même si c’est souvent difficile. « Ce n’est pas facile, il y a parfois des difficultés qui amènent à douter. Il faut être forte d’esprit. J’invite les filles à être disciplinée et suivre scrupuleusement les instructions des formateurs ». A toute personne et spécifiquement les filles, il est important de se dire que « Même si tu tombes 10 fois, il faut que tu te relèves à la 11ème fois. Et si tu tombes une fois, il faut que tu trouves les ressources nécessaires pour te relever. A cœur vaillant , il n’y a rien d’impossible.  » Selon elle.
Reconnaissante, Mireille prie et souhaite que Dieu accorde les ressources et les idées à bafujiinfos pour que ce média de proximité puisse davantage promouvoir les fils de la région du Sud ouest et en particulier la gente féminine afin qu’elle sorte de sa léthargie et se battre pour son destin .

Sylvie SIB



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