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Les Echos du Sud-Ouest

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Commune de Loropéni: L’école sous paillotes de N’todjara  oubliée


Sept ans après l’ouverture de l’école primaire de N’todjara, les élèves étudient toujours sous des paillotes : Enseignants, élèves et notables du village attendent toujours le bon samaritain pour sortir cette école de son état primitif .

N’todjara est un village situé à plus de 70km de la commune rurale de Loropéni, dans la province du Poni au Burkina Faso. A N’todjara, des élèves étudient sous des abris précaires communément appelés écoles sous paillotes.  La seule école primaire du village semble refléter le nom du village, N’todjara, « Je vais me reposer (m’assoir) sur de l’argile » en langue Lobiri. Ce mercredi 4 mai 2022 lorsque nous y étions, ce sont des élèves pleins d’enthousiasme et de volonté d’apprendre malgré les difficultés que nous avons trouvés.

Sous une tente faite en banco avec un toit recouvert de pailles qui peinent à retenir les eaux de pluies et les rayons de soleil, des élèves aux visages sur lesquels on peut lire l’inquiétude sont assis sur du bois ou des bancs cassés, attendant leur maîtresse. Soudain, la maitresse entre dans la salle. Les élèves se mettent debout, et disent en chœur « Bonjour Madame ». Et à la maîtresse de répondre avec un « sourire de mère », « Bonjour les enfants », avant de leurs demander comment ils allaient puis de leur donner la permission de s’asseoir.

Nous sommes dans la classe de CP1 où madame Oumou Salimata Mefeyiro forme 60 futurs bâtisseurs du pays des hommes intègres.  Elle ne nous cache pas les difficultés de travailler dans de telles conditions. Elle dit être obligée de renvoyer les enfants à la maison à chaque fois qu’une pluie se prépare afin de ne pas les exposer aux risques d’accidents vu l’état de la salle.« Vraiment nous espérons avoir une école normalisée les années à venir. La classe où nous sommes a beaucoup de risques, nous ne sommes pas à l’abri des reptiles et des vents qui peuvent faire tomber le toit sur les enfants ». Dit-elle. Néanmoins, Salimata Mefeyiro pense que son travail en vaut la peine. Cette positivité  elle la doit non seulement aux notables du village qui la soutiennent, mais aussi à la familiarité avec ses élèves assoiffés de savoir.

Difficile d’atteindre des résultats dans ces conditions

Outre le problème de bâtiment, l’école primaire de N’todjara, souffre d’un manque de matériel didactique adéquat, comme nous l’explique M. Mohammed Lamine Gonsonré, directeur de l’école primaire de N’todjara et maitre de la classe de CM1.

Selon monsieur Gonsonré,  la logique du gouvernement voudrait que une école  après 7 années d’existence soit bien construite pour accueillir la première promotion du CEP. Malheureusement l’école de N’todjara n’a  pas eu cette chance. Au-delà de la qualité du bâtiment, le matériel didactique adéquat fait défaut dans cette école. On peut donc dire sans ambages que c’est une école oubliée et cela est peut-être dû à la distance qui est de plus de 70km entre l’école et la circonscription d’éducation de base de Loropéni. « Nous exprimons toujours le besoin mais nous n’avons jamais été satisfaits »’. A-t-il précisé.

Dans de telles conditions, il est difficile de convaincre les enfants, que leur réussite passe par l’école. L’appelle de monsieur Gonsonré va d’abord aux parents d’élèves à qui il demande de faire de leur mieux pour permettre à l’école d’avoir des tables-bancs. Ensuite aux autorités communales nous demandons de toucher les personnes qu’il faut pour que nos demandes puissent avoir des réponses favorables.  Les enseignants sont prêts à se donner mais les conditions ne sont pas réunies. Et sans le minimum, c’est très difficile de dire à l’enfant que son avenir se trouve à l’école. Aussi,  si l’enseignant lui-même n’est pas content de ses conditions de travail , il va de soi que les résultats ne soient pas comme on l’attend. L’école primaire de N’todjara est composée de 3 classes : Le CP1, CE1 et CM1.  La première promotion a passé l’examen du CEP l’an dernier avec un taux de succès de 30%.

Qui pour être le bon samaritain de N’todjara ?

Les élèves partagent parfois les salles de classes avec les animaux du village notamment les chèvres qui viennent s’abriter pendant les pluies. L’école n’a pas de pompe et les élèves boivent l’eau d’un puit,  eau qu’ils estiment eux-mêmes impropre à la consommation. Ces derniers pensent qu’ils méritent mieux en comparant leur situation à celles de leurs camarades d’autres localités. Ollo William KAMBOU, Oho Marina KAMBOU et Siébou KAMBOU sont tous de la classe de CM1. Ils passeront le CEP l’an prochain. Ces derniers attendent des autorités de nouveaux bâtiments, du matériel didactique notamment les livres de sciences ainsi qu’une bonne source d’eau.

Pour le chef du village Daniel DA, des doléances ont été faites auprès des autorités depuis plusieurs années pour l’amélioration des conditions d’études et de travail dans la zone, doléances qui sont restées sans suite.

L’école Primaire de N’todjara a été ouverte en octobre 2015. Les notables du village ont négocié les locaux d’une église protestante pour accueillir les élèves. Sept ans plus tard, c’est sous ces mêmes bâtiments datant de l’époque coloniale que les enfants continuent de suivre les cours. Un site a été trouvé pour ériger les bâtiments qui serviront de salles de classes. Mais où trouver le financement pour la construction,  c’est l’équation que doivent résoudre les enseignants et les parents d’élèves du village de N’todjara.

Lucien KAMBOU



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