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Les Echos du Sud-Ouest

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Tombe traditionnelle en pays Birifor: Comprendre les aspects cachés


La tombe est considérée comme la demeure des morts. D’où elle doit être creusée avec soin par des hommes sur lesquelles le choix des ancêtres s’est porté. Avant l’avènement des cercueils, toute personne qui meure d’une mort ‘naturelle » est inhumée dans une tombe traditionnelle appelée ‘‘ya sule’’. De forme cylindrique à l’intérieure de laquelle on peut inhumer plusieurs morts, la tombe traditionnelle est creusée par des fossoyeurs professionnels qui sont déjà passés par des initiations.  A Mebar un village de la commune de Diébougou nous sommes allés pour en savoir davantage. Cependant les pratiques peuvent différer en fonction de la localité et des clans.

En pays Birifor lorsque survient une situation de deuil dans une famille, pendant que se déroulent la musique funéraire, les consultations et interrogatoire des ancêtres sur les circonstances du décès, le père des funérailles (l’ainé de la famille, chef de famille…) ordonne que commence la cérémonie relative à l’enterrement. Mais, avant tout il faut s’assurer  que la tombe est creusée par les fossoyeurs commis à cet effet.

                 Qui peut  le faire ?

« Il y a pas d’âge pour être fossoyeur, l’important c’est d’avoir un bon cœur, ne pas être acariâtre et surtout avoir été choisis par un prête de la terre. Car il n’est pas donné à tout le monde de creuser la tombe traditionnelle. Même si on vous demande de faire ce travail tant que vous n’êtes pas initié n’essayez même pas.» prévient DABIRE Sidjanayaana croque-mort à mebar.

Des propos renchérit par DABIRE Npewbom Une fois choisi  il  y a des interdits très sévères que le futur fossoyeur doit respecter strictement.  «  On ne se lève pas comme çà pour aller commencer à creuser la tombe. Il y a des sacrifices à faire. A notre sein il est formellement interdit de se bagarrer pendant le creusage. »

Des rites avant de creuser la tombe

Avant de creuser la tombe traditionnelle, le chef de famille responsable du déroulement des funérailles ( Koor Sa) offre aux fossoyeurs une poule, une houe une daba et une calebasse qui servira à définir les dimensions de l’orifice de la tombe. Ces éléments réunis, avant de commencer le travail les fossoyeurs procèdent à un sacrifice de poulet pour solliciter les bonnes grâces de la terre afin qu’elle autorise ou pas le creusage de la tombe. Aussi la famille doit procéder d’abord à l’interrogatoire pour savoir si le défunt n’a pas enfreint à la terre. Si après l’interrogatoire la terre refuse on délocalise la tombe voir même sortir hors du village pour faire l’enterrement. « Ce sont des pratiques que nous avions hérité de nos ancêtres, on ne peut pas creuser une tombe sans passer par ces étapes celui qui s’entête à se déroger à la règle creuse sa propre tombe. » déclare PALENFO Boulounté un octogénaire et ancien croque-mort.

La tombe traditionnelle chez les birifor se présente comme un caveau où plusieurs corps d’une même famille peuvent être inhumés. Pour qu’elle soit opérationnelle à recevoir le corps les fossoyeurs doivent travailler pendant plusieurs heures.  « Après avoir délimité la tombe à l’aide de la calebasse, on creuse de façon verticale jusqu’à environ 1 mètre. De là, une chambre est ouverte et servira  à abriter le corps. Il y a des tombes dans lesquelles on peut inhumer plus de 10 personnes. » Nous a confié DABIRE Sidjanayaana fossoyeur à Mebar.

Une fois la tombe achevée, les fossoyeurs font appel à la famille du défunt pour apprécier la qualité de la tombe. Le Ok de celle et des anciens  donne ainsi l’autorisation pour l’enterrement. L’ensevelissement requiert tout une technique de la part des croque-morts et surtout de courage.

Le travail du croque-mort, les différentes étapes de l’enterrement, comment positionner le cadavre dans la tombes, sont des aspects qui seront abordés dans les prochains dossiers. Sié Michael DAH

 



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