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Les Echos du Sud-Ouest

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Sié Jean de la Croix PODA: L’homme au parcours inspirant


Fin connaisseur de l’administration électorale, universitaire, de l’administration générale et des collectivités territoriales, Sié jean de la Croix Poda jouit de sa retraite depuis 2010. Il assume actuellement les fonctions du maire de la commune de Kampti et cela depuis 2016. Le grand commandeur de l’ordre national en 2017, médaillé de mérite de la RDP en 2009, aujourd’hui Chevalier de  l’ordre national raconte avec justesse et  sincérité son parcours  professionnel, passionnant et  bien accompli à bafujiinfos.com . Lisez plutôt! 

 

Bafujiinfos.com :  Qui est Sié Jean de la Croix PODA ?

Sié Jean de la Croix Poda : Je suis né en 1948 à Gballara , un village situé à 8km du chef-lieu de la commune. Pour mon admission à l’école, une dispense d’âge a été faite me donnant la date de naissance de 1950. Mes premiers pas à l’école se sont faits de 1957 à 1963 à la mission catholique de Kampti,  puis au séminaire de Nasso en 1963, et j’ai été au lycée Ouezzin COULIBALY de Bobo Dioulasso en 1970 . A ma seconde, j’ai  fait le concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA).

 A 22 ans, j’ai été nommé chef de poste administratif à Koloko dans le Kénédougou. Il y avait à l’époque 17 postes administratifs et une vingtaine de subdivision. Je suis resté en poste jusqu’en 1974 à Koloko où j’ai été nommé à Mégué dans le Ganzourgou avant d’être nommé sous-préfet à Pô en 1976 quand le président SANKARA, à l’époque, venait ouvrir le Centre d’Entrainement Commando de Pô. Je dépendais du département du Centre à Ouagadougou et ce département était très grand. A l’époque, le département de Ouagadougou regroupait les communes de Zorgho, Boussé, Ziniaré et Saponé.

Après quelques mois à Pô en 1976, je suis retourné à l’Ecole Nationale d’Administration par concours . Deux ans après, j’ai été nommé sous-préfet de Banfora. J’étais sous-préfet, Président de la délégation spéciale c’est-à-dire Maire et aussi secrétaire général du nouveau département qui a été créé à savoir le département de la Comoé, c’est moi qui l’ai monté. En 1978, l’actuel région des Cascades était la seule sous-préfecture de Banfora dont Sindou, Niangoloko, Sidéradougou, Mangodara, Soubakagnèdougou. C’est une expérience qui a été enrichissante. Lorsqu’il y a eu le coup d’Etat on m’a envoyé comme sous-préfet à Houndé. J ’ai fait quelques temps là-bas et on m’a envoyé à Tanghin-Dassouri et c’est moi qui ai fait le lotissement, puis je suis retourné à l’école pour le cycle supérieur. De retour de l’école, j’ai été nommé Secrétaire général  de la province de l’Oudalan. J’étais là-bas quand il y a eu la guerre de Noël et en 1886 on m’a amené à Ouagadougou où j’étais secrétaire général adjoint de la commune de Ouagadougou et du Kadiogo sous la révolution. Je suis resté là-bas jusqu’en 1999 et j’étais secrétaire général du comité national de tous les jumelages du Burkina Faso, secrétaire général de la mairie, secrétaire général de la province du Kadiogo.

A la mairie, j’ai organisé les premières rencontres Franco-Burkinabè de jumelage en 1999, j’ai fait un concours pour aller à l’Institut International d’Administration Publique (IIAP) à Paris. Quand je suis revenu, on m’a fait  appel pour l’organisation des élections et j’ai été nommé secrétaire permanent de la Commission Nationale d’Organisation des Elections (CNOE) et je suis resté là-bas 10 ans. J’ai organisé, les municipales, les législatives jusqu’en 2001 et il fallait essayer d’organiser la CNOE qui est devenu CENI. De là j’ai été nommé Haut-commissaire à Bobo-Dioulasso de 2001 à 2005 ;  je suis le dernier Haut-commissaire avant les Gouverneurs. Quand ils ont nommé les Gouverneurs, je n’étais plus Haut- commissaire on m’a ramené au ministère où j’ai été inspecteur général du ministère de 2005 à 2010 date de mon admission à la retraite.

L’Université Catholique de Bobo-Dioulasso m’a fait appel pour être le secrétaire général. Ils m’ont demandé de venir donner mon temps de retraite pour les aider à organiser l’université. Il s’agissait de faire les statuts et règlement intérieur, la présentation de dossier au CAMES et je  suis resté 3 ans à l’université. C’est de là-bas que je suis venu à la Mairie de Kampti pour essayer d’apporter ma contribution au développement.

 Bafujiinfos .com : Est-ce qu’on peut dire que votre parcours scolaire a été rose ?

Sié Jean de la Croix Poda : Ça ne peut pas être rose. J’ai quitté le séminaire et je n’avais plus de bourse pendant que j’étais au Lycée. Je travaillais avec les livres des camarades et je faisais les devoirs pour eux. Ce n’était pas facile. Les professeurs m’appréciaient beaucoup et il y a un même qui est convaincu que je ne pouvais qu’être professeur d’université. Quand j’ai dit que je vais aller à l’ENA il m’a déconseillé en disant que j’étais au-dessus du concours. Après les résultats, j’étais 2ème et toutes les fois que je suis retourné, je suis revenu major. Si j’avais les moyens peut être que j’aurai fait les études que j’aurai voulu mais par nécessité j’étais obligé d’arrêter. Il n’y avait personne pour m’aider. Lorsque les professeurs blancs venaient, ils me disaient que j’étais au-dessus du lot. Je dois dire que  c’est grâce à l’enseignement qu’on a eu au séminaire. Je ne regrette rien parce que je pense qu’en matière de travail ce sont mes supérieurs hiérarchiques qui peuvent dire si j’ai été efficace ou non. Mais partout où j’ai été, les gens ont apprécié. Le premier poste où j’étais, le secrétaire avait l’âge de mon papa et je lui ai dit « mon papa vous avez la pratique et moi la théorie » parce qu’il faut qu’on s’entende pour que ça marche et c’est comme cela qu’on a travaillé. Professionnellement, je sais que je suis bien assis, j’essaie de faire les choses avec rigueur, j’essaie aussi d’être quelqu’un de correcte. Les gens trouvent que je suis dur mais si tu n’as pas de principe dans la vie c’est plus difficile.

Bafujiinfos.com : Vous avez été Secrétaire général à la Mairie de Ouagadougou. Parlez -nous de cette expérience ?

Sié Jean de la Croix Poda : J’aurai souhaité qu’un des anciens Haut-Commissaire soit là. Ç’a été une très bonne expérience parce qu’à l’époque le Président Sangoulé Lamizana disait que tout le monde s’agite parce qu’il y a la révolution, moi je suis dans mon coin et je fais mon travail et je voulais que les choses se fassent correctement comme ça doit se faire. La rigueur dans le travail je pense que mes supérieurs hiérarchiques ont apprécié. A Ouagadougou, on avait des défis importants à relever. A cette  période, il y avait la révolution et les Tribunaux Populaires de la Révolution (TPR), qui jugeaient ceux qui dissipaient l’argent public. Les mauvais élèves étaient licenciés. Nous, on a géré des milliards à Ouaga pour la construction des écoles, des dispensaires et autres mais on ne nous a jamais amené quelque part pour dire qu’on a fait un détournement. Nous étions deux cadres seulement à l’époque dans une capitale comme Ouagadougou. Nous avons été obligés de développer des initiatives pour recruter des cadres .Il s’agit  des ingénieurs de génie civile, des gens qui avaient la maitrise en droit, des analystes financiers, des secrétaires de direction. A cette période, les CDR, les militaires, ont apprécié le travail parce que sans moi ils allaient se noyer et je leur disais la révolution va passer mais il ne faut pas aliéner les gens.

 Bafujiinfos.com :  Pourquoi êtes-vous revenu pour être Maire de Kampti ?

Sié Jean de la Croix Poda : C’est un choix de départ. Je n’étais pas venu pour être Maire. On n’était   à l’IIAP (Université Paris 2) pour faire la gestion publique avec KAMBIRE Sansan Lucien . Il m’a fait savoir que de retour au pays il s’engagera dans la politique puisqu’il veut être député. Je lui ai dit que souhaiterais être Conseiller municipal dans mon village mais ce sera à ma retraite. Ma conviction   était celle-là. Pendant ma carrière, mon parti c’est l’Etat et l’intérêt général que je sers mais une fois que je serai à la retraite, je vais venir donner ce que j’ai appris là où je suis né pour le développement puisque j’ai dirigé des mairies. C’est un choix délibéré que j’ai fait de venir après la retraite pour pouvoir servir ma communauté.

Bafujiinfos.com :  Être Maire d’une commune comme Kampti, est-ce que c’est chose   facile ?

Sié Jean de la Croix Poda : Ce n’est pas facile, on t’insulte tous les jours. Ici il y en a qui disent que je ne mange pas et je les empêche de manger. Je ne suis pas venu pour manger, moi j’ai fait ma carrière, j’ai eu une retraite et je vie de mes loyers et de ma retraite. Je n’ai pas besoin de venir ici pour chercher quelque chose, c’est pourquoi souvent on ne s’entend pas. Il y a des orpailleurs qui viennent donner des choses et moi je leur dis allez-y à la perception verser, ça va rentrer dans le budget et on va travailler avec ça. Je n’ai pas besoin de ça et quand c’est comme ça, tu es la cible. J’ai souffert dans ma vie et c’est ce que je gagne c’est ce que je vais manger.

Bafujiinfos.com :   Quel est votre message à l’endroit de la jeune génération et des cadres au niveau de la région du Sud-Ouest ?

Sié Jean de la Croix Poda : Soyons nous-mêmes, probité, intégrité, soyons justes et ouverts. Je pense que chacun de nous peut apporter quelque chose à sa communauté. J’ai fait ma part et je souhaiterais que les autres générations fassent leur part et c’est comme ça qu’on va construire   notre commune.

Bombagnè Palenfo



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