Le grenier dans la tradition africaine est le moyen que l’homme a trouvé pour la conservation des fruits des travaux champêtres. Construit en terre battue avec un mélange de paille, Il a dans la plupart du temps une forme cylindrique. A loto un village de la commune de Diébougou, elles sont toujours nombreuses les familles où l’on retrouve ces structures. Il joue plusieurs rôles dont le plus connu est le stockage des récoltes (mils, arachides, haricots, maïs etc.) mais aussi dans le traitement de certaines maladies. Sa construction est l’œuvre d’une technicité et est entourée de rites. Pour mieux comprendre le grenier une de nos équipes a rencontré les populations de loto village de la commune de Diébougou où on en rencontre en grand nombre.
Les sociétés birifor du village de Loto, mènent comme activité principale, l’agriculture. Après les récoltes les paysans ont besoins de conserver le fruit de leur labeur pour mieux les gérer et se mettre à l’abri de l’insécurité alimentaire. Le grenier répond à ce besoin. Pour construire le grenier il faut de la terre argileuse ou celle d’une termitière mélangée avec de la paille. De forme cylindrique la structure peut atteindre 2 à 3 mètres avec des achèvements architecturaux. Sa construction ne peut pas se faire à moins de 14 jours de travail.
L’utilité du grenier
Il existe 02 types de grenier chez les birifor ; le grenier ordinaire qui n’a pas d’interdit et peut se construire avec des briques et le grenier ‘‘blanc’’ appelé « boor pila » en langue national Birifor. Celui-ci ne s’ouvre pas n’importe comment et par tout le monde. « Le premier type est utilisé uniquement pour stocker le haricot, les arachides. Quant au deuxième il sert d’une part au stockage des récoltes. Mais d’autre part pour soigner certains maux tels que les ganglions chez les enfants. Il y a également d’autres secrets qui se cachent dans le grenier ‘‘blanc’’ que je ne peux pas vous dévoiler » a expliqué Sami DABIRE spécialisé dans la construction de greniers à Loto.
Pour lui, le grenier servait également de refuse pour la famille en cas de menace extérieure. « La société d’avant, il existaient des conflits d’occupation de l’espace en vue de s’implanter. Lorsqu’on sentait la menace venir on prenait tous les enfants y compris le chef de famille pour cacher dans le grenier avant de fermer avec la couverture. Pendant que les membres de la famille sont à l’intérieur, le chef de famille est assis juste à côté de l’entrée armé et attend celui qui ouvrira le grenier. C’est pourquoi les guerriers n’aimaient pas s’approcher parce qu’ils ne savent pas ce qui les attend. » Nous confie monsieur DABIRE.
L’autre revers de la médaille
Certes le grenier peut être utilisé pour guérir certaines maladies mais il peut aussi être source de maladies. Après la construction d’un grenier surtout celui ‘‘blanc’’ le boor pila, il y a obligatoirement des sacrifices à faire. cette pratique consiste à chasser les mauvais esprits et tout malheur pouvant subvenir dans la famille.
« Il est interdit de voler le mil stocker dans le grenier. On n’y rentre pas à midi et dans la nuit. La première femme de la famille ‘‘pow kpein’’ n’est pas autorisée à regarder à l’intérieur du grenier. En cas de non-respect de ces prescriptions, vous êtes exposés à la maladie et il faut faire des réparations pour récupérer la personne ». A laissé entendre Batchèkan DABIRE
De nos jours les greniers deviennent de plus en rares dans plusieurs familles de la société Birifor. Pourtant il s’avère être un moyen efficace de conservation et de sécurisation des récoltes. L’avoir pourrait réduire les risques d’intoxication constatés suite à certains produits chimiques utilisés pour la conservation des céréales fois des populations de Loto. Sié Michael DAH