Hien Arsène Armand est le directeur du Centre Régional Africain d’Administration du Travail (CRADAT ) depuis 2019. A terre, le natif de Dano dans la région du sud-ouest a réussi la prouesse de relever l’institution qui était sous le poids des dettes en moins d’une année. Bafujiinfos a rencontré le patron de cette institution sous régionale spécialisée dans la formation continue de dix-huit Etats.

Bafujiinfos : Qui est M. HIEN Arsène Armand ?

Hien Arsène Armand : Avant de répondre à votre question, je voudrais tout d’abord vous adressez toute ma reconnaissance, présentez toute ma gratitude pour l’intérêt porté sur ma personne et souhaitez courage à votre journal pour tout ce qui est fait dans le but d’informer les burkinabé et les lecteurs en général.

Revenant à votre question, je suis de nationalité Burkinabé, ancien ministre et actuellement le Directeur Général du CRADAT avec rang de Chef de Mission Diplomatique. J’ai été porté à la tête de cette direction le jeudi 13 juin 2019, en marge de la 108^ème session de la Conférence Internationale du Travail tenue à Genève en Suisse.

Je suis ressortissant de la région du sud-ouest du Burkina Faso et plus précisément de Mébar dans le département de Dano, province du Ioba.

Bafujiinfos : Parlez-nous brièvement de votre parcours professionnel ?

Hien Arsène Armand : Après ma maitrise en droit privé option judicaire à l’Ecole Supérieure de Droit (ancienne appellation) de l’Université de Ouagadougou, j’ai embrassé ma carrière professionnelle à l’ENAM (Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature) Cycle Supérieur en option Lois sociales pour être nanti du diplôme d’Inspecteur du Travail et des lois sociales en 1986.

J’ai été intégré dans la fonction publique Burkinabé le 1^er juillet 1986 dans le corps des inspecteurs du travail et occupé plusieurs postes à savoir : Ministre du travail et de la sécurité sociale en 1992 ; Conseiller à la Présidence du Faso chargé des affaires sociales (éducation et questions de la femme) en 1993 ; Secrétaire général adjoint du Gouvernement et du Conseil des Ministres, Inspecteur d’Etat à l’Inspection Général d’Etat, l’ancêtre de l’ASCE/LC en 1999 ; Ministre délégué à l’alphabétisation et à l’éducation non formelle au MEBA en 2002 ; Conseiller technique du Ministre du Travail et Chargé de mission auprès du Ministre de la Fonction Publique du Travail et de la Protection sociale en 2006.

Au niveau de l’ordre protocolaire ou des distinctions honorifiques, je suis officier de l’ordre national, commandeur de l’ordre national, officier des palmes académiques, commandeur de l’ordre des palmes académiques. Je suis également titulaire de la médaille d’or jeanne Martin Cissé, qui est une distinction décernée par l’UA pour récompenser les personnalités qui ont posé des actes en faveur des femmes.

Depuis le 06 août 2018, j’ai été admis à la retraite au niveau de la Fonction Publique.

Bafujiinfos : C’est quoi le CRADAT, le Centre Régional Africain d’Administration du Travail au juste ?

Hien Arsène Armand : Le Centre Régional Africain d’Administration du Travail en abrégé CRADAT, est une institution interafricaine commune de dix-huit (18) Etats membres d’Afrique francophone noire crée en 1975 et dont le siège est établi à Yaoundé au Cameroun. Il a pour missions et activités : la formation, le recyclage et le perfectionnement des cadres de l’administration du travail ; la coopération technique mutuelle ; les études, les recherches et les publications dans le domaine de l’Administration du Travail ; les publications au Centre de Documentation ; l’expertise et les conseils. Le Centre met un accent particulier sur le Travail et l’Homme au Travail.

Actuellement, le CRADAT a quatre (04) stratégies de formation à savoir : formations diplômantes (Licence professionnelle en Administration du Travail avec trois options : Gestion des Ressources Humaines ; Sécurité Sociale ; Risques professionnels, Master professionnel en Gestion des Ressources Humaines, Master en management de la Sécurité Sociale, Master en Administration du Travail avec deux options : inspection du Travail ; Santé et Sécurité au Travail) ; formations qualifiantes (pour les inspecteurs du Travail, les organismes de sécurité sociale, les services publics de l’emploi, les Etats, les administrations, les magistrats, les inspecteurs et contrôleurs d’Etat) ; formations Certifiantes (Certificats de Qualification Professionnelle en protection sociale, paie, audit social et Gestion des Ressources Humaines) ; formation à distance (Master en Gestion des Ressources Humaines, Licence en Gestion des Ressources Humaines).

Bafujiinfos : Depuis quand êtes-vous à la tête du CRADAT et quels étaient les défis auxquels vous étiez confrontés ?

Hien Arsène Armand : En 2018, j’ai postulé pour occuper la Direction du Centre Régional Africain d’Administration du Travail en abrégé CRADAT, dossier en suspension et demande reprise en 2019 où le Conseil d’Administration du CRADAT a retenu mon dossier à Genève avec une note de 100/100 points. J’ai ainsi pris fonction le 15 juillet 2019 et présentement j’exécute mon deuxième et dernier mandat dont le terme est fixé au 15 juillet 2025.

De grands défis se sont présentés à ma prise de fonction et pour moi ce fut une première d’avoir à gérer une institution regroupant dix-huit Etats membres avec des difficultés de tout ordre.

Au niveau du personnel, il fallait un recadrage et subtilement appeler le personnel à une réelle prise de conscience et au respect de l’institution et son outil de travail.

Un autre défi et cela peut paraître étonnant, il fallait éponger le passif cumulé du Centre depuis 16 années et s’attaquer aux arriérés de contribution des Etats membres.il a fallu 11 mois pour que le CRADAT retrouve son équilibre et si les Etats venaient à solder leurs arriérés, le CRADAT serait au saumon de sa vision et se présenterait comme un Centre de formation par excellence.

Bafujiinfos : Lors de votre passage à Ouaga à l’occasion de la  44e session ordinaire du conseil d’administration, vous aviez dit que la maison était à terre. Comment avez-vous fait pour relever le CRADAT ?

Hien Arsène Armand : C’est vrai et il n’était pas exagéré de dire que l’institution était agonisante au plan organisationnel, au plan financier, au plan social, en un mot une gouvernance qui avait entamé sa crédibilité et la confiance des Etats.

Pour relever le Centre, j’ai dû m’appuyer sur le capital d’expérience hérité auprès de mes supérieurs et collaborateurs durant ma carrière professionnelle au Faso. L’interpellation des experts et des ministres qui ont placé leur confiance à un Burkinabé et je me rappelle encore des propos de quelques ministres et experts « impossible n’est pas burkinabé, vous avez notre soutien, c’est un burkinabé nous avons confiance en lui ». Tout cela pour dire que je dois travailler sous pression et en outre il y a le regard discret des autorités de mon pays sur l’exécution d’une mission confiée à son ressortissant.

Tout ce que je viens de décrire et mis les uns à côté des autres ou cumulés, je n’avais qu’une mission, celle de réussite.

Le cap est bon parce qu’après deux conseils d’administration, j’ai reçu que dis-je, le Burkina a reçu presque à l’unanimité les félicitations du comité des experts qui sont du reste des conseillers pour leur ministre.

Bafujiinfos : Quel bilan faites-vous depuis que vous êtes à la tête du CRADAT ?

Hien Arsène Armand : Au niveau du bilan que je vais d’ailleurs résumer, sur le plan de la formation régionale et foraine, plus de 180 inspecteurs du travail ont été touchés et cela est une première depuis la création du CRADAT en 1975. Il y a un regain de confiance auprès des Etats. Il y a de plus en plus des Etats de l’espace CRADAT qui nous font recours pour la formation de leurs cadres à travers des séminaires, il y a de plus en plus des inscriptions pour la licence professionnelle et le master professionnel en Gestion des Ressources Humaines, avec en plus de nouvelles option en santé et sécurité au travail, en sécurité sociale, en Droit du Travail avec tout ce qui s’y rattache.

Nous avons entamé depuis 2022, la formation en ligne pour la délivrance du master professionnel en administration du Travail (professionnels sénégalais).

Une formation de haut niveau pour les gestionnaires des ressources humaines avec en prime des entreprises qui embauchent nos étudiants après leur stage, etc.

En toute humilité, je peux dire que le bilan à mi-parcours de mon mandat est réconfortant.

Bafujiinfos : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Hien Arsène Armand : Elles se situent au niveau des arriérés de contribution des Etats qui sont élevés et qui nous freinent dans notre élan. Ce constat s’appuie sur le fait que de nombreux Etats de l’espace CRADAT ont connu des difficultés liées aux différentes crises vécues ou en cours de résolutions dans ces Etats.

Bafujiinfos : Quel est selon vous  le défis majeur qui vous reste à relever ?

Hien Arsène Armand : C’est d’amener tout simplement les Etats à se mettre à jour de leur contribution et arriérés de contributions et du coup la performance ne fera que croitre.

Bafujiinfos : Votre dernier mot.

Hien Arsène Armand : Je dois vous remercier sincèrement et inviter les candidats en Gestion des Ressources Humaines et tous ceux désireux de suivre une formation pour l’obtention de diplômes professionnels ou de certification à consulter les offres de formation du CRADAT et à nous faire entièrement confiance.

Paix, sécurité et victoire pour que les pays touchés par le terrorisme et les guerres civiles sortent victorieux et appeler les personnes qui ont basculé à un recadrage de leur vision et au renforcement de la fraternité et de la cohésion à tous les niveaux.

Interview réalisée par Dalou Mathieu