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Les Echos du Sud-Ouest

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Gaoua : le plan martial de la municipalité contre l’insalubrité


L’assainissement des villes demeure une question cruciale pour les conseils municipaux du Burkina Faso. La commune de Gaoua, chef-lieu de la région du sud-ouest, à l’instar des autres communes, déploient plusieurs actions avec le soutien de partenaires au développement pour offrir un cadre de vie sain aux populations. La gestion des déchets solides et liquides nécessitent une synergie d’actions pour atteindre les objectifs visés par le Plan national d’assainissement des eaux usées et excreta (PN-AEUE) à l’horizon 2030.

Latrines réalisées au profit d’un service publique de Gaoua

 Le Burkina Faso a consacré dans sa Constitution, le droit à l’eau et à l’assainissement comme un droit fondamental de la personne. Pourtant, selon le bilan annuel 2020 du PN-AEUE, le taux d’accès national à l’assainissement en 2020 est de 25,3 %. Un taux jugé faible selon les spécialistes de l’assainissement. Pour accroitre ce chiffre, le Programme National d’Assainissement des Eaux Usées et Excréta, ambitionne, à l’horizon 2030, entre autres, éradiquer la défécation à l’air libre dans un contexte de changement de comportement et d’assurer un accès universel et continu des populations aux services d’assainissement conformément à l’Approche fondée sur les droits humains (AFDH).

Plusieurs actions ont été menées sur le terrain allant dans ce sens avec l’accompagnement de certains partenaires, à travers la mise en œuvre du Programme d’Approvisionnement en Eau et Assainissement (PAEA). Ce programme comporte trois volets : la subvention de la réalisation de 135000  latrines familiales dont 50000 en milieux rural, la réalisation de 900 kits de latrines communautaires dans les institutions et lieux publics et la conduite d’une ingénierie sociale avant, pendant et après les réalisations des ouvrages.

227 latrines à réaliser au profit des ménages

Ibrahim Hien ,un bénéficiaire

Plusieurs communes ont bénéficié de ce programme pour renforcer l’offre à l’assainissement. « Nous avons obtenu dans le cadre de la coopération avec la Kfw, un projet d’assainissement de la ville de Gaoua qui a consisté à réaliser au sein des domiciles des toilettes et des wc externes en zone lotie, non lotie et en zone rurale avec des standing différents. Nous avions mené la sensibilisation de sortes que la population puisse adhérer et ce projet a été mené de bout en bout et a été clôturé en 2019(2014-2019) », nous confie le 2e au maire de Gaoua, Casimir Kambou. En termes de bilan, il a relevé un taux de réalisation de plus de 90 % ; avec toujours des demandes de réalisations de ces latrines. Cela a amené la commune à lancer un autre appel auprès des partenaires, et pour cette année, elle a bénéficié de la part de l’ONEA (Office National de l’Eau et de l’Assainissement), un financement de réalisation de 227 latrines pour les ménages, ainsi que les lieux publics.

Les ménages bénéficiaires saluent l’initiative. Ibrahim Hien, habitant au secteur 3 de Gaoua a bénéficié des toilettes et wc subventionnés par la mairie il y a de cela 3 ans. « J’avoue que c’est un ouf de soulagement parce qu’avant cela, j’avais des soucis avec mes latrines. Elles étaient pleines très fréquemment et en saison pluvieuse, avec les eaux de pluie il fallait vidanger très fréquemment, ce qui engendre des dépenses énormes. Mais depuis trois ans que l’ai obtenue ces latrines, je n’ai pas encore vidangé. Ils m’ont dit que cela peut atteindre 5 ans et je constate que c’est une réalité », témoigne Ibrahim Hien. Dans un autre domicile, Bruno Da salue également cet accompagnement de la commune pour la réalisation de ces latrines. « J’ai un ancien Wc   dont la vidange est difficile. On cherchait la solution pour construire un autre, mais le cout n’était pas aisé. Lorsque nous avons eu vent de ces latrines subventionnés, nous avions fait la demande. Après quelques années d’utilisation, je puisse confirmer la qualité des ouvrages. La construction est nettement mieux que notre ancienne manière de réaliser les toilettes, les eaux s’évacuent aisément et cela renforce la propreté des lieux », soutient-il. Pour Sié Kambou du secteur 1 de Gaoua, la défécation à l’air libre était une pratique quotidienne avant qu’il ne bénéficie de latrines subventionnées. « Mon Wc était plein, et la dalle aussi avait cédé. Pour réparer tout ceci, il me fallait au moins 300 000 f. Et trouver cet argent avec ces temps qui court, ce n’est pas simple. Pour faire nos besoins, il fallait se débrouiller dans les herbes, un peu à l’écart des maisons, ce n’est pas joli à voir, mais je n’avais pas le choix », lâche-t-il. Sié Kambou et sa famille trouveront solution à leur problème grâce aux latrines subventionnées de la mairie de Gaoua avec leur qualité et le coût moins élevé.

Des avantages sanitaires et économiques

De l’assainissement

Selon le Tableau de Bord de la Statistique 2020 (TBS 2020) de l’INSD, chaque burkinabè dépense annuellement sur sa santé en moyenne 24 242 FCFA. La défécation à l’air libre est toujours répandue surtout en milieu rural. Elle touche 25,3 % de la population dont 38,6% en milieu urbain et 19,9 % en milieu rural. Ces chiffres démontrent que ¾ des burkinabè défèquent dans la nature ou partagent les toilettes des autres avec son corollaire de risque sanitaires et conséquences sur la santé et l’environnement.

Pour un spécialiste de l’hygiène et de l’assainissement d’une commune qui a requis l’anonymat, les avantages pour les populations d’avoir un cadre de vie sain sont nombreuses. « Un cadre de vie sain procure la santé, et tant qu’on a la santé on peut vaquer à ses occupations. Être en bonne santé nous éloigne des consultations médicales qui engendrent des frais, du coup l’économie des ménages diminue », soutient le spécialiste.

Le 2e adjoint de la commune de Gaoua, Casimir Kambou

Selon une étude du Programme Eau et Assainissement de la Banque Mondiale sur l’impact économique d’un mauvais assainissement en Afrique, le Burkina Faso perd 86 milliards de francs CFA chaque année en raison du manque d’assainissement. Aussi, l’organisation Mondiale de la santé estime que l’amélioration de l’assainissement fait reculer de 32% la mortalité attribuable aux maladies diarrhéiques, qui sont imputables au manque d’ouvrage d’assainissement et qui occupent la troisième place au Burkina Faso, derrière le paludisme et les infections respiratoires aigües.

Dans l’optique de renforcer le plan d’hyène et d’assainissement de la ville de Gaoua, le 2e adjoint au maire Casimir Kambou exhorte les ménages qui ont des difficultés d’ouvrages d’assainissement à adhérer au nouveau programme financé par la nationale de l’eau, l’ONEA. « J’en appelle à un comportement citoyen. Il   est très important de savoir que nous devons assainir notre milieu, notre cadre de vie, J’appelle les populations à être les gardiens de l’assainissement de notre cadre de vie », lance Casimir Kambou. Il invite tous ceux qui ont des problèmes de latrines et d’assainissement, à se faire recenser à temps de sorte à ce que l’on sache exactement le flux de demandeurs, pour pouvoir le présenter aux bailleurs afin qu’ils puissent nous accompagner dans ce sens.

Dans la même dynamique, le maire de la commune de Gaoua, Djénité Hien appelle les populations à être des modèles en balayant d’abord devant leur porte, et en mettant les ordures dans les poubelles et les CTOM (centre de traitement des ordures ménagères). Aussi, il faut éviter de conduire les eaux de ménages et de toilettes dans les caniveaux. « Nous continuons la sensibilisation, mais nous ne manquerons pas de sévir si des ménages ne respectent pas les règles élémentaires d’hyène et d’assainissement », prévient le premier magistrat du chef-lieu de la région du sud-ouest.

Boubacar TARNAGUIDA



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