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Les Echos du Sud-Ouest

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Femmes Battantes du Sud-Ouest : Bintou OUATTARA ,lauréat du prix national en art culinaire à la SNC 2010


La transformation agroalimentaire regroupe les activités de transformation et de commercialisation de produits agro-alimentaires tels que les boissons, les conserves et les produits laitiers industriels. A Batié, Bintou OUATTARA  est réputée être l’une des expertes dans ce domaine. Ce qui lui a valu d’ailleurs le premier prix à la semaine nationale de la culture (SNC) à Bobo 2010 dans la catégorie art culinaire.

Toute personne aspire au bonheur.  Mais si Dieu en décide autrement, nul ne peut enfreindre à cette volonté divine. Autrement dit , l’homme propose et Dieu dispose. Cette philosophie, beaucoup en ont fait sienne. C’est d’ailleurs ce que pense Bintou OUATTARA femme battante de la province du Noumbiel. En effet, Dame OUATTARA n’a pas pu poursuivre ses études après l’obtention de son diplôme de CEP en 1977 quand bien même elle nourrissait un désir ardent de poursuivre ses études jusqu’à l’université. Les parents de Bintou à l’époque n’avaient pas les moyens nécessaires pour lui permettre de poursuivre ses études. Abandonnée à son sort après le Certificat en poche, Bintou va se lancer dans de petites activités pour lui permettre de vivre décemment. Elle entreprendra ainsi dans de petit commerce chez sa grande sœur qui était domiciliée à l’époque à Bobo. Les conditions difficiles de vie vont la contraindre par la suite à rejoindre Batié.

 » Après mon certificat, mon frère avait pris l’initiative de m’inscrire pour le collège. Ma sœur n’en a pas voulu. C’est ainsi que je me suis retrouvée à vendre des articles dans la ville de Bobo. Je faisais à l’époque des kilomètres de marche à la recherche de potentiels clients pour les marchandises de ma sœur. Je me nourrissais de cette activité certes mais c’était vraiment pénible pour un enfant de mon âge. Ces conditions difficiles de vie m’ont amené à fuguer. J’ai pris un transport en commun à l’insu de mes tuteurs pour me retrouver à Batié. » nous explique -t-elle.

Les épreuves de la vie n’ont aucunement découragée Bintou

La souffrance conseille l’homme et lui donne des idées pour avancer dans la vie, selon une maxime populaire. Arrivée donc à Batié, Bintou  OUATTARA s’est remise rapidement au  travail auprès d’une de ses tantes pour apprendre davantage le commerce. << A Batié, j’aidais ma tante à vendre du riz. Je faisais le tricotage également. Le riz était vendu à l’époque à 20 cauris à 5f. » se rappelle Bintou OUATTARA.

C’est à l’âge de 22ans que la jeune fille d’alors va prendre son indépendance vis-à-vis de sa tante commerçante.  » A cet âge, j’ai fait du tricotage pour pouvoir m’acheter trois pagnes. Ayant vu ma détermination à aller de l’avant, ma tante a décidé de me donner mon autonomie totale  » raconte Bintou OUATTARA qui explique qu’elle s’est mariée par la suite et a fondé un foyer.

Bintou était heureuse dans son foyer jusqu’au jour où la faucheuse lui arracha son mari. Veuve, elle sera chassée par sa belle-famille qui ne la voulais plus en son sein.

Chagrinée, dépitée Bintou va revenir dans son Batié natale où elle se mettra à entreprendre dans le domaine de la restauration. Son activité lui permettra de vivre dignement et de subvenir aux besoins de ses enfants.

Les débuts n’ont certes pas été facile mais grâce à sa détermination Bintou OUATTARA est arrivée à s’imposer et à se faire respecter dans la commune de Batié. Dans cette bataille pour l’autonomisation financière, elle sera soutenue par l’association pour la promotion féminine de Gaoua  ( APFG ).  » Quand j’ai ouvert mon restaurant en 2007, je vendais du riz. Je faisais également du jus de bissap , de baobab, de tamarin que je vendais.

 Mais avec l’aide  J’ai par la suite bénéficier de matériel d’un projet et de l’APFG pour améliorer la transformation de mes jus. C’est avec ce matériel reçu que j’ai pu améliorer la qualité de mes boissons que je conditionnais dans des bouteilles. Je faisais également des gâteaux, du concours et de l’atiéké qui étaient bien appréciés par des gens lors des cérémonies de baptême, de mariage et autres activités festives. » nous explique -t-elle.

Bintou, une experte de l’agroalimentaire

 Bintou OUATTARA  peut se vanter aujourd’hui de mieux connaître le domaine de la transformation et de l’art culinaire. Elle dispose d’une riche expérience dans ce domaine avec à la clé des recettes de plusieurs mets et boissons traditionnels.

Avec ce savoir-faire dame OUATTARA a représenté à maintes reprises la province du Noumbiel à foires régionales et nationales.  » J’ai participé à des foires, à la semaine nationale de la culture en 2010 à Bobo dans la catégorie art culinaire. Avec ma recette < guonré de riz > j’ai remporté le prix spécial de l’agriculture et le prix national en art culinaire pour la province. C’était vraiment une grande fierté pour moi . » se rappelle notre amazone.

Après ce sacre à la SNC , dame OUATTARA espérait avoir de la reconnaissance et du soutien de la part des autorités locales de l’époque. Hélas !

 » Quand je suis revenue avec mes prix , je suis allée à la mairie et au haut-commissariat de Batié pour les présenter. Arrivée, j’ai manqué les responsables mais j’ai fait savoir aux représentants que c’est ce que j’ai eu à la SNC.  Mais depuis lors, jusqu’à aujourd’hui personne n’a daigné me chercher pour me féliciter. Ce qui m’a énormément découragée. D’ailleurs j’ai décidé depuis ce temps de ne plus participer à la SNC. » se désole dame OUATTARA qui ajoute que les candidats dans la catégorie « art culinaire » ne sont pas mis sur le même pied que les autres candidats.  » A notre temps, les cuisinières à la SNC n’étaient pas transportées comme les autres participants. Nous nous débrouillons pour rejoindre le lieu de l’activité. Certaines prenaient des taxis à leurs propres frais. Pourtant les autres candidats avaient des bus mis à leur disposition. » regrette -t-elle.

Aux jeunes Bintou invitent à l’entrepreneuriat

Bintou OUATTARA s’insurge contre les jeunes filles et jeunes garçons qui ne veulent rien apprendre maintenant.   » Il n’ y a pas de sot métier. On peut pas se lever comme ça et devenir riche. Il faut aller de zéro à héros. La jeunesse d’aujourd’hui ne veut pas souffrir. Elle attend qu’on vienne la donner or la main qui te donne te rend esclave. Particulièrement pour les filles, elles viennent pour le travail mais en peu de temps, elles te quittent tu ne comprends rien. J’invite la jeunesse surtout la jeune fille à se donner au travail pour sa propre dignité car le lendemain se prépare dès maintenant.  » affirme -t-elle.

Si la charité bien ordonnée commence toujours par soi-même, Bintou OUATTARA n’a pas laissé en marge son fils et sa nièce. « Pour ne pas disparaître avec ma bibliothèque de cuisine et mon savoir faire, j’ai formé mon fils et ma nièce sur ce que je connais. J’ai également formé quelques femmes déplacées internes dans la fabrication de certains mets locaux comme le attieké« .

Sié lamine Kambou



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