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Les Echos du Sud-Ouest

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Culture : La calebasse symbole d’hospitalité et de féminité  chez les Lobi


La calebasse, première valeur cardinale chez les Burkinabè, symbole de l’hospitalité dans les sociétés africaines, elle est utilisée chez les lobi pour recevoir les étrangers. Ainsi, elle joue un rôle important dans les différents groupes ethnoculturels.   

La calebasse, communément appelée « gnonkpoune » en lobiri, est une plante rampante de la famille des cucurbitacées, au même titre que les courgettes. Cette plante serait originaire d’Afrique. Dans la tradition africaine en générale et chez les lobi en particulier, un étranger qui arrive dans une famille est accueilli avec l’eau de bienvenue qu’on lui présente dans une calebasse bien propre et adaptée à cet effet pour lui signifier qu’il est le bienvenu chez lui. Après cela on pourrait lui demander les nouvelles de sa venue. Depuis lors, la calebasse était considérée comme un symbole d’hospitalité. Aujourd’hui en plus de cette valeur culturelle qu’avait la calebasse, elle joue plusieurs rôles dans la société.

Les usages de la calebasse

Chez les Lobi, la calebasse est utilisée de différentes manières. Couramment, elle sert d’ustensile de cuisine. Les différentes variétés de calebasses permettent de fabriquer des louches, des bols ou des saladiers. La calebasse vidée et séchée est utilisée comme bassine, plat ou trouve son utilité dans l’artisanat. On s’en sert également pour fabriquer des instruments de musique comme la kora ou comme résonateur dans les balafons lobi. Gravée ou pyrogravée, la calebasse sert aussi d’objet décoratif. Au Burkina, le Dolo ou « Tiapalo », une bière de mil brassée artisanalement et très populaire chez les lobi, est servi dans une moitié de calebasse.

La calebasse, symbole de féminité

Chez les lobi du Sud-ouest, le mariage traditionnel ne peut être célébré sans la présence d’une calebasse dans laquelle les beaux-parents mettent les objets sacrés qui servent à sceller le mariage. Selon Khèdifanan PALE, la calebasse est symbole de féminité. Elle accompagne la femme voir même le lobi au début et à la fin de sa vie. Madame PALE nous explique aussi que  la femme lobi autre fois devenait femme de foyer quand elle est « mûre », excisée. Aucun homme ne voudrait en son temps d’une femme non excisée parce qu’on les qualifiait de frivoles. C’est le cas aussi de la calebasse. Quand elle est mûre il faut l’exciser (couper son cordon, le fil rampant qui la lie à sa plante) avant de procéder à son accouchement (le faite qu’on la divise en deux) comme c’est le cas de la femme qui donne naissance souvent par césarienne. Après cela, c’est la calebasse qui accompagne la femme au quotidien dans ses travaux ménagers. A la mort d’une personne chez les lobi, surtout la mort d’une femme, il faut casser des calebasses à l’endroit où on a exposé le corps pour dire que sa compagne la femme n’est plus et que leur relation s’arrête aussi le même jour car en cassant la calebasse, elle est détruite et ne sera plus d’usage comme la défunte n’est plus en vie. Ce sont là quelques exemples parmi tant d’autres qui nous font dire que la calebasse est symbole de féminité.

La valeur culturelle de la calebasse face à la modernité

La calebasse longtemps considérée comme symbole d’identité culturelle, symbole d’hospitalité et de féminité chez les peuples du Sud-ouest en particulier chez les lobi, est en train de perdre de nos jours ces valeurs face à la pression de la modernité. Adjoua KAMBOU, une dame de Gaoua que nous avons rencontré déplore le fait que la femme lobi se dit aujourd’hui modernisée et n’accorde plus de valeur à la calebasse. Quand tu arrives dans les familles, dans les cabarets et autres, ce sont des gobelets en plastique ou des verres qui sont plus utilisés pour servir à boire. Cela est déplorable insiste-t-elle. Daouda Traoré, un vendeur de calebasse au marché de Gaoua, lui aussi même s’il reconnaissait faire de bonnes affaires dans la vente des calebasses, affirme que le marché n’est plus comme avant ; car beaucoup n’ont plus besoin de calebasses. C’est souvent quelques personnes soit pour des rites traditionnels (pour honorer les fétiches) soit pour vendre le dolo qui viennent acheter avec nous les calebasses. Le monde évolue et les gens sont plus tournés vers le modernisme ce qui fait que les choses ne marchent plus. A-t-il martelé. Pour le chef de terre de Gaoua Kpièrlété Frédéric HIEN, c’est déplorable d’assister impuissamment à la perte de nos valeurs traditionnelles. Selon le chef de terre, la calebasse était très utile chez les lobi. Avant même de creuser une tombe traditionnelle, il faut la calebasse pour faire le cercle avant de commencer à creuser. De même dans les cérémonies traditionnelles comme les consultations des ancêtres, les incantations et autres où la calebasse était toujours au rendez-vous. Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. A-t-il déploré.

La calebasse symbole d’hospitalité et de féminité autre fois est en perte de ces valeurs. Il faut vite agir pour sauver donc ce qui reste à sauver afin de permettre à la calebasse de survivre dans le modernisme tout en préservant ses valeurs d’antan.

Sansan Bertin SIB

tinosbs@gmail.com



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