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Les Echos du Sud-Ouest

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Audios appelant à l’épuration ethnique au sud-ouest : le gouverneur a-t-il manqué de tact dans sa communication ?


Le gouverneur de la région du Sud-Ouest a diffusé un communiqué dans la soirée du 15 Août 2022. Dans le communiqué parvenu à la rédaction de Bafujiinfos.com, Boureima Savadogo met en garde les auteurs et les personnes qui appellent les populations à commettre des exactions contre les populations du Sud-Ouest. La sortie du gouverneur est diversement appréciée. Pour notre part, il convient de rappeler que les populations ont besoin d’assurance que des mises en garde.

Deux audios diffusés sur les réseaux sociaux ont conduit le gouverneur à faire cette sortie. Il ressort selon le communiqué que certaines déclarations appellent à la violence et à l’exaction. Le gouverneur est dans son droit car si l’autorité ne réagit pas, elle aura en face les organisations des droits humains. Mieux des sources indiquent que la diffusion du communiqué est une instruction du gouvernement. En tout état de cause, tout appel à la violence doit être condamnée.

Le gouverneur rassure aussi dans le communiqué que les forces de défense et de sécurité font des mains et des pieds pour la sécurisation du territoire et de la région en particulier. Ces efforts sont visibles et connus de tous. Toutefois l’on est en droit de rappeler au gouverneur que depuis les évènements de Yérifoula, des terroristes continuent de parader dans certains villages. Ils mettent en garde les populations de collaborer avec les FDS et VDP mais rappellent que la religion musulmane telle que pratiquée n’est pas la bonne. Ils obligent et vont même dans les champs ramener les villageois à la mosquée pour distiller ces messages. Mieux si les FDS pouvaient ramener la quiétude, le terrorisme ne quitterait pas le Sahel pour gagner tout le territoire. Au regard de ce qui précède, Les populations de la région du Sud-Ouest ont besoin plutôt d’assurance que de mise en garde.

Après lecture nous sommes en droit de nous poser des questions. Est-ce la bonne façon de procéder ? Ce communiqué ne galvanisera-t-il pas les HANI qui harcèlent ? Ne plombera-t-il pas les efforts des villageois engagés à défendre la terre de leurs ancêtres au prix du sang ? Les questions fusent de partout.

Il faut impérativement condamner toute action et tout discours qui appelle à la violence à l’encontre d’une personne, d’une communauté ou d’un groupe de personnes. Cependant faisons un tour d’horizon sur l’actualité marquée par les incursions des HANI dans la région du sud-ouest.

  • Dans la région du Sud-Ouest, les villages régulièrement attaqués ou objet de pressions terroristes sont les villages majoritairement peuplés des non autochtones. Selon les informations de Bafujiinfos.com, les terroristes se sont installés à Djigouè par le biais d’un étranger. Ce dernier, accepté par le chef du village à son arrivée, a quitté légèrement le village pour s’installer près d’une forêt. Dès les premiers instants, les HANI ont rassuré ce dernier que les villageois n’ont rien à craindre de leur présence. Leur message, ils s’opposent aux FDS et VDP. La suite on la connait. Mairie incendiée, des populations déguerpies de force. Ce dernier l’a-t-il fait par naïveté ou par obligation ?
  • Des récents évènements de Yérifoula, il ressort selon les sources de Bafujiinfos.com que les autochtones des villages environnants ont mis en garde les allogènes qui fuient le village au motif de la pression terroriste. Ces derniers affirment que les non autochtones  ne reviendront plus s’ils ne restent pas avec eux pour résister.
  • En 2021, deux responsables d’une communauté non autochtone ont accompagné des HANI pour un interrogatoire dans une mairie de la région du Sud-Ouest. Ce jour-là, la question principale à l’ordre du jour : Pourquoi les FDS s’en prennent-ils à notre communauté dans les autres régions où il y a l’insécurité. Bizarre quand- même ! Quelle était leur intention ? Pourquoi ce sont les responsables de la communauté ayant vécu plusieurs années qui sont au-devant de cette démarche ? Que vont penser les populations autochtones en voyant cette scène ? L’actualité nationale corrobore nos propos. A Bourasso dans la Boucle du Mouhoun, des étrangers vivants dans le village ont hébergé des HANI venus du Mali. Après leur installation, ces HANI ont massacré les autochtones. L’information est donnée par le journal Le Pays.
  • Dans cette même région du Sud-Ouest, plusieurs terroristes et des bases ont été neutralisés grâce à la franche collaboration des populations locales. La dernière en date, la neutralisation de 22 terroristes dans la Bougouriba par le GARSI Iolonioro et la gendarmerie de Gaoua. Certaines forces de défense et de sécurité le disent clairement. Si des efforts sont faits et la sensibilisation est bien faite, le Sud-Ouest résistera à ces bandits couramment appelés terroristes.

De notre point de vue, le gouverneur ou le gouvernement aurait dû procéder autrement. Primo, Il pourrait entamer une vaste campagne de communication à l’endroit des leaders coutumiers et religieux, les VDP, dozos, etc. Aussi, il faut entendre les auteurs des audios sur la teneur de leur message avant de déclencher la machine judiciaire. Un autre message et non des moindres à diffuser, c’est l’appel à l’engagement des populations à défendre vaille que vaille leur territoire en attendant la contribution et le secours des FDS.

Secondo, cette campagne devrait concerner les populations non autochtones établies dans la région. Le message doit être clair  : personne ne doit être la porte d’entrée du terrorisme dans sa localité d’accueil. Toute personne qui ira à l’encontre de cela sera traitée comme tel.

La façon dont le problème des audios est en train d’être traité en ce moment peut être un couteau à double tranchant., Il pourrait casser l’élan engagé dans certains villages pour résister à l’ennemi. Et si cela arrive le Sud-Ouest sera un autre bastion du terrorisme dans notre pays.

A l’autorité, les échecs dans les autres localités dans la lutte contre le terrorisme doivent surtout inspirer et favoriser une meilleure stratégie. Les mêmes erreurs produisent les mêmes résultats dit-on.
Aux populations de la région du Sud-Ouest et d’ailleurs, il est important de savoir que le terrorisme n’a point d’ethnie ni de religion.  C’est dans l’union et la discrétion que l’on pourra démasquer ces terroristes.

La rédaction



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6 thoughts on “Audios appelant à l’épuration ethnique au sud-ouest : le gouverneur a-t-il manqué de tact dans sa communication ?

  1. KAMBOU

    Je suis d’accord avec la rédaction.
    C’est super. Merci pour cette manière de nous partager les informations.
    Courage

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  2. Kamjon

    Analyse très pertinente et digne d’intérêt. L’autorité a intérêt à s’attaquer au problème et non aux solutions proposées ça et là. Si les solutions mises en œuvre par l’autorité sont efficaces, les solutions radicales proposées dans les audios n’auraient même pas d’effet. Si des terroristes sont signalés dans des villages et des complices identifiés, et que l’autorité n’agit pas, préférant se muer dans le silence, que penseraient les populations locales et les fils de la région qui sont dans les villes et même en dehors du pays ? Dans ce genre de situation, il est plus facile de conclure « une complicité tacite » entre l’autorité et les malfaiteurs ! C’est cela la réalité sur le terrain ! L’adage populaire ne dit-il pas « QUI NE DIT RIEN CONSENT » ? Allons-nous attendre qu’il y ait un bain de sang contre les populations avant de réagir, comme ce la a été le cas que nous observons jusqu’ici ? Ce fut le cas dans la Sahel, le Nord, l’Est et on veut que la région du Sud-ouest accepte les mêmes situations sur leur territoire ? Je crois que NON NON NON ! Ne soyez donc pas surpris des exactions qui vont avoir lieu si l’autorité sensée protéger les populations de ces terroristes, ne réagit pas à l’appel de détresse des populations ! L’instinct de survie n’attend pas que des communiqués conçus dans des bureaux climatisés viennent donner la solution aux nombreux morts en téléchargement ! Je le répète, si rien n’est fait du côté de l’autorité, pour redonner confiance aux populations locales, ces dernières vont se défendre par tous les moyens, indépendamment de ces soit-disant audios appelant à un génocide. Personne ne souhaite cette éventualité, mais cela se réalisera si l’autorité ne joue pas convenablement son rôle, à savoir voler promptement au secours des populations en détresse.

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  3. astavictoria

    J’aime bien la fin de cet article « Aux populations de la région du Sud-Ouest et d’ailleurs, il est important de savoir que le terrorisme n’a point d’ethnie ni de religion. C’est dans l’union et la discrétion que l’on pourra démasquer ces terroristes. »
    J’avoue que cette idée « Dans la région du Sud-Ouest, les villages régulièrement attaqués ou objet de pressions terroristes sont les villages majoritairement peuplés des non autochtones » est très fausse et divisionniste. C’est qui les autochtones de Yéréfoulà et c’est qui les allogènes? Pourquoi les auteurs de tels propos ne parlent pas de DIASSARA qui a subi la même furie de ces délinquants? C’est dommage!

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