.
.

Les Echos du Sud-Ouest

.

  A la découverte de nos peuples : Comment  choisit-on un chef dans la société Djan?


Contrairement à certaines communautés du sud-ouest , la société Djan, a dans son organisation un chef. On procède à un certain nombre de rites avant la désignation du chef. Pour prétendre être chef, il faut être du clan des KAM. Sié Felix OUATTARA est l’actuel chef de terre de Diébougou. Il a été Intronisé en 2000  comme le 9ème  chef  de terre de Diébougou.  Bafujiinfos a échangé avec ce dernier sur comment on procède à l’intronisation d’un chef dans la communauté Djan à travers. Lisez plutôt.

Le 9ème chef Djan à l’extrême gauche en tenue traditionnelle échangeant avec des ambassadeurs

Bafujiinfos.com : comment se fait la désignation du chef chez les Djan ?

Sié Felix OUATTARA : il y a trois manières. La première manière, le chef avant de mourir le pressent. Quand il pressent que les ancêtres l’ont appelé, il peut faire une réunion de son clan. Ici chez nous à Diébougou pour être chef, il faut être du clan KAM, c’est-à-dire KAM de père et de mère. Pour  éviter les  querelles de succession, il convoque tout le clan et il désigne son successeur devant tout le monde. Il porte l’information aux plus âgés de son clan en ces termes : «  si je meure, c’est lui que je veux qu’il devienne  chef ». Cette phrase est comme un signe d’intronisation. C’est ainsi et personne ne peut aller à l’encontre de sa volonté. Maintenant s’il décède, on l’interroge encore et il vient confirmer.  On le porte sur la tête et on  l’interroge. Comme tu n’es plus, qui veux-tu qu’il soit chef ? Il va aller s’arrêter à côté de celui qu’il veut qu’il soit chef. Après cette étape  on tue un poussin pour vérifier. Ces paroles sont prononcées.  « C’est lui qui a dit mais est-ce que les autres ancêtres ont acceptés. Si le poussin accepte c’est-à-dire couché sur son dos, c’est que les ancêtres sont d’accord ». C’est ainsi une étape de l’intronisation qui commence au lieu des funérailles.

La deuxième  manière, on peut laisser après les funérailles .On appelle tout le clan et on fait appel à un consultant hors pair qui n’est même pas de votre ethnie. Par exemple si le chef s’est suicidé, la désignation peut se passer ainsi. C’est la même chose que l’interrogatoire.

La troisième manière, ça peut être une mort brusque, on passe directement à l’interrogatoire pour choisir le chef. Il doit être obligatoirement du même clan. Si on intronise le chef, c’est à vie. Le chef a ses conseillers et des ministres.

Après tous cela, il y a d’autres choses. De tous les chefs qui ont précédé on peut vérifier si eux aussi approuvent. On vérifie par chef avec un poussin et après on peut aller sur l’hôtel de la terre, c’est cet hôtel  qui commande toute la terre.  L’intronisation chez nous, n’est pas une fête, si tout cela est fait, tout le village connait désormais le chef.

Bafujiinfos.com : comment est organisée la chefferie chez les Djan ?

Sié Felix OUATTARA : Dans notre organisation, il y a le chef, qui a un premier ministre et ce dernier connait toute notre histoire. Cela veut dire qu’il a travaillé avec beaucoup de chefs. Outre le premier ministre, il y a le ministre de la culture, de l’action sociale. Il est le ministre des fossoyeurs, le chef des armées, le ministre des bois sacrés, des collines sacrées, le chef ne part pas montrer la terre. Il y a aussi un ministre foncier qui est chargé d’indiquer la terre à celui qui doit l’exploiter sous l’ordonnance  du chef.  On peut choisir une femme ministre.

Chez les Djan, on organise une fête de l’hôtel de la terre ou toutes les ethnies  viennent faire  des vœux : des vœux pour les concours, des vœux de santé… Ce jour-là la chefferie est bondée de monde et c’est la femme ministre qui s’occupe des préparatifs du dolo, c’est elle qui veille à l’organisation.

Bafujiinfos.com :  Quel est le rôle primordial d’un chef   dans la communauté Djan ?

Sié Felix OUATTARA : Le chef  organise la communauté, en leur inculquant les valeurs de leur ethnie (djan).  Le chef doit écouter au moins les sages, il doit être tolérant, un chef doit éviter l’humiliation de son ethnie. Il ne doit rien entreprendre sans au moins ses trois ministres clés cité plus haut. S’il doit voyager, ses ministres doivent être informés parce qu’il y a des rites qu’on fait pour  pouvoir l’autoriser à partir.

Sur le plan foncier, chez nous c’est bien organisé. Le chef doit dire à tous les clans voici, les terres pour votre clan. Vous ne devrez pas faire de bagarre sur ça. Chez nous dans tout endroit sacré on ne doit pas y aller. Et puis le chef ne doit pas refuser à manger à toute personne même si elle n’est pas de son ethnie c’est-à-dire quelqu’un d’une autre ethnie qui vient demander la terre pour cultiver, le chef ne doit pas lui refuser la terre. Chez nous il est interdit de vendre la terre. La destruction des arbres tels que le néré, et le karité, tous les arbres fruitiers qui sont en brousse est interdite. Un chef doit respecter les villages voisins. Dans chaque village Djan il y a un chef et des chefs de clans, l’organisation est ainsi partout.

Bafujiinfos.com : un message à l’endroit de tous les Djan du monde entier?

Sié Felix OUATTARA : D’abord je dirai qu’ils sont les ambassadeurs du peuple djan. C’est pourquoi ils ne doivent pas abandonnés leur culture. J’invite chaque à travailler à la promotion de notre langue qui est de moins en moins parlée.

Je dirai à mes collègues chefs, qu’ils   jouent leur rôle  conformément à la coutume. C’est comme une bible, si les coutumes interdisent une chose, ne le faites pas. Ce que la coutume  dit de faire tu fais, parce que il peut avoir des jeunes chefs qui ne sont pas né ici, peut-être qu’ils sont nés en Côte-d’Ivoire, ils peuvent venir implanter d’autres cultures.

 

Victorien DIBLONI



Articles similaires

2 thoughts on “  A la découverte de nos peuples : Comment  choisit-on un chef dans la société Djan?

  1. Mohamed OUATTARA

    c’est quoi le clan KAM pour être chef? puisque le chef lui même est OUATTARA et il dit qu’il faut être du clan KAM avant d’être chef.

    Reply
    1. KAM Ollé Patrice

      Les.noms Ouattara, Coulibaly et autres que l’on trouver chez les djans sont relativement récent; ce sont des emprunts issus des relations avec les dioulas en gros. Généralement, les KAM portent Ouatara, les sou celui de Coulibaly.
      Par ailleurs, dans la région de Pourra, la cohabitation avec les bwabwas donné lieu à d’autres emprunts comme Nignan….

      Reply

Répondre à Mohamed OUATTARA Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *