Malgré un superbe palmarès, Ronaldinho a conclu une carrière qui aurait pu être encore plus grandiose. Génie avec un ballon entre les pieds, le Brésilien préférait parfois trop le jeu et la fête aux exigences du football de haut-niveau.
Il aurait peut-être pu devenir le plus grand footballeur de sa génération et le deuxième plus grand joueur brésilien de tous les temps, derrière Pelé. Balle aux pieds, Ronaldinho réalisait en effet des gestes de génie dont même ses illustres compatriotes et coéquipiers lors de la victoire au Mondial 2002, Ronaldo et Kaka, élus Ballon d’Or comme lui, n’étaient pas capables.
Bien sûr, il convient de saluer la carrière d’un joueur sacré champion du monde et qui a notamment remporté la Ligue des champions (2006) et deux Championnats d’Espagne avec le FC Barcelone (2005 et 2006). Mais l’ex-enfant prodige du Grêmio Porto Alegre – son club formateur de 1987 à 1998 – aurait peut-être pu faire tellement mieux s’il avait davantage accepté les exigences du haut-niveau…
Un brillant intermittent du spectacle à Paris
Après trois saisons pros au Brésil, Ronaldinho débarque à Paris avec la réputation de « surdoué », en 2001. Au Paris Saint-Germain (PSG), on se frotte les mains. Le PSG a en effet eu la vague opportunité de recruter son quasi-homonyme, Ronaldo, avant que ce dernier ne file au PSV Eindhoven (Pays-Bas). Avec « Ronnie », le club français tient sa perle. Et, de fait, le milieu offensif multiplie les fulgurances. Mais par intermittence…
En l’espace de deux saisons dans le Championnat de France (Ligue 1), Ronaldinho s’amuse notamment avec les nerfs des défenseurs de l’Olympique de Marseille, le grand rival du PSG. Mais aussi avec ceux de son entraîneur, Luis Fernandez. Ce dernier n’apprécie ni le goût de son joueur pour les nuits parisiennes ni qu’il lui fasse de l’ombre.
Résultat, le Paris-SG termine 4e (sur 20) de Ligue 1 en 2002 et 11e en 2003. Et Ronaldinho quitte la France sans le moindre trophée. « Là-bas, parfois, j’ignorais totalement jusqu’au dernier moment si j’allais jouer », racontera-t-il plus tard.
Des débuts flamboyants au FC Barcelone
A l’été 2003, un Ronaldinho très convoité s’engage avec le FC Barcelone (FCB). Le Barça a vu passer Romario, Ronaldo ou Rivaldo, ces quinze dernières années. Mais Ronaldo de Assis Moreira – son vrai nom – improvise des actions sur le terrain qui ravissent les supporters. Et ceux-ci en ont bien besoin : le club catalan n’a plus été champion depuis 1999.
Avec son compatriote Deco et le Camerounais Samuel Eto’o, Ronaldinho guide la nouvelle génération dorée du FC Barcelone (Andrés Iniesta, Lionel Messi, etc.) vers le sacre, en 2005. Le Brésilien est logiquement élu dans la foulée Ballon d’Or, la plus prestigieuse distinction individuelle pour un footballeur.
La saison suivante, Ronaldinho brille encore et aide le FCB a décroché sa première Ligue des champions depuis 1992. A 26 ans, celui-ci semble au sommet de son art.
Ecarté pour protéger Lionel Messi
Ronaldinho aborde la Coupe du monde 2006 gonflé à bloc. Mais le Brésil, tenant du titre, est éjecté en quart de finale par la France. Le Barcelonais livre des prestations décevantes en Allemagne. La star s’en excuse publiquement après le tournoi.
En Espagne, le retour est aussi un peu mitigé : si sa saison 2006-2007 reste belle, celle de 2007-2008 est franchement décevante. Ronaldinho est accusé par la presse locale et les supporters de passer son temps à faire la fête. Le joueur alimente alors davantage les rumeurs les plus stupides (séroposivité, addiction à la drogue, etc.) que la chronique sportive.
Au FC Barcelone – qui a reperdu sa suprématie au détriment du Real Madrid – ce n’est toutefois pas le manque de professionnalisme du Brésilien qui inquiète le plus. Après avoir couvé Lionel Messi, Ronaldinho semble en effet avoir une influence néfaste sur le prodige argentin. A l’été 2008, l’ « Auriverde » est donc transféré vers l’AC Milan, sous la pression de l’entraîneur Pep Guardiola.
A Milan, un bilan plus mitigé
En Italie, Ronaldinho montre qu’il n’a rien perdu de ses qualités techniques mais que ses capacités athlétiques laissent encore à désirer. Après une première saison dans l’ombre de son compatriote Kaka (transféré au Real Madrid en 2009), le numéro 80 jure qu’il va prendre les clés du jeu. Promesse tenue : s’il n’a pas retrouvé toute sa splendeur barcelonaise, il éclabousse régulièrement de sa classe un championnat italien moins spectaculaire que celui d’Espagne.
Mais sa réputation lui colle désormais à la peau et Dunga, le sélectionneur du Brésil, préfère se passer de ses services pour la Coupe du monde 2010.
Une déception dont Ronaldinho semble se remettre rapidement. Son début de saison 2010-2011 est prometteur. Mais le Milanais retombe dans ses travers. Son niveau s’étiole à nouveau. Et, si l’AC Milan (ACM) reconquiert plus tard son titre de champion d’Italie, c’est surtout grâce aux performances du Suédois Zlatan Ibrahimovic et d’un autre Brésilien, Robinho.
Un retour au Brésil, pour le plaisir de vivre
Malgré la sympathie et l’admiration qu’il suscite à l’ACM, ses dirigeants acceptent de le laisser rentrer au Brésil, en janvier 2011. A même pas 31 ans, l’enfant de Porto Alegre est déjà de retour, mais sous les couleurs du Flamengo, un des clubs-phares de la région de Rio. Dans un championnat brésilien (Serie A) moins relevé et moins exigeant, l’idole n’a pas à forcer son talent. Il peut concilier son métier et le plaisir de vivre.
La serie A brésilienne profite alors d’une croissance économique encore relativement forte. Elle fait fructifier la « mode Ronaldinho ». D’autres vedettes, comme Alexandre Pato ou Julio Baptista, rentrent ainsi au bercail.
En 2012, Ronaldhino file, lui, chez l’Atletico Mineiro (CAM), à Belo Horizonte, ses salaires n’étant plus payés en heure au Flamengo. Avec le CAM, il remporte la Copa Libertadores (l’équivalent sud-américain de la Ligue des champions), en 2013.
Absent du Mondial au Brésil
En février 2013, le sélectionneur Luiz Felipe Scolari le convoque pour un match amical face à l’Angleterre. Ronaldinho se rapproche alors des 100 capes en équipe nationale et rêve de disputer la Coupe du monde 2014 à domicile. Mais là encore, il n’est pas retenu pour le Mondial. A 34 ans, il souffre trop de la comparaison avec la nouvelle icône nationale, Neymar.
Quelques semaines plus tard, en septembre 2014, Ronaldinho surprend encore et s’engage avec un club mexicain, Querétaro. Satisfait de cette expérience, il signe en juillet 2015 avec un autre club carioca : Fluminense. Mais le milieu offensif n’est plus du tout dans le coup et rompt son contrat. Des clubs de championnats moins huppés (Angola, Chine, États-Unis, etc.) s’intéressent à son cas.
Son compteur reste toutefois bloqué à 167 buts en 441 rencontres en clubs, auxquels il faut ajouter 33 réalisations en 97 matches avec son Brésil tant chéri. Et dans le cœur des fans de football, le magicien a depuis été totalement éclipsé par deux autres superstars : le Portugais Cristiano Ronaldo et l’Argentin Lionel Messi. Deux génies dont le seul plaisir semble être de tout gagner…
Source: RFI