Deuxième pourvoyeur d’emploi au Burkina Faso et occupant 80% de la population active, l’élevage constitue une véritable source de revenus pour les populations. En dépit des difficultés qui gangrènent le secteur, les éleveurs se démêlent pour tirer leur épingle du jeu. L’Etat, à travers ses institutions, accompagne les éleveurs dans leur activité. Dans la région du sud-ouest du Burkina, on rencontre de petits et de grands ruminants. Si cela est bien une réalité, c’est grâce aux institutions étatiques qui posent des actions concrètes pour éradiquer certains maux de ce secteur. Une équipe de Bafujiinfos est allée à la rencontre de monsieur Kaboré Wendsongda Pascal, chef de service des productions animales à la direction régionale de l’agriculture, des ressources animales et halieutique du Sud-ouest. Cet article est produit en collaboration avec la chambre de commerce du Burkina dans le cadre du projet Ecomédias 2023.
Bafujiinfos : Pouvez-vous nous présentez la filière bétail-Viande dans la région du Sud-Ouest ?
Wendsongda Pascal KABORE: C’est une filière qui regroupe les principales productions animales notamment les petits et les gros ruminants et qui, en termes de volume, tirent la tête dans la région du Sud-Ouest. C’est une filière qui regroupe les petits ruminants (les caprins et les ovins) d’une part et les gros ruminants (bovins camelins) d’autre part.
Bafujiinfos : Comment se porte cette filière dans la région ?
Wendsongda Pascal KABORE: La filière se porte assez bien en dépit des difficultés liées à l’accès des ressources naturelles pour l’alimentation à cause du nombre limité de voies d’accès et de la question sécuritaire. C’est une filière dont l’alimentation est beaucoup liée au mouvement du bétail. Avec la situation sécuritaire difficile, ces mouvements sont un peu restreints.
Bafujiinfos : Existe-t-il des marchés à bétail dans la région ?
Wendsongda Pascal KABORE : On a quelques marchés à bétail mais c’est récemment en 2021 que les réalisations ont débutées. Avec l’appui de certains projets comme le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS), on a eu un marché à bétail à Hamélé dans la province du Ioba. Actuellement, on a un autre à Kampti dans la province du Poni grâce à l’appui de l’ONG Netherlands Development Organisation (SNV). Il y a des marchés à bétail qui sont en cours de réalisation notamment à Bouroum-Bouroum dans le Poni où les travaux sont aux arrêts. Le PRAPS a des projets de construction de marchés à bétail à Diébougou dans la province de la Bougouriba et à Dano dans le Ioba.
Bafujiinfos : Quel est l’apport de cette filière pour la région ?
Wendsongda Pascal KABORE: Elle apporte beaucoup à la région. C’est la filière bétail-viande qui ravitaille en grande partie nos marchés en viande pour la consommation. Sa contribution sur l’économie de la région n’est pas à négliger. A côté de la filière bétail-viande, on a l’élevage de porcs qui est beaucoup plus rencontré dans les familles de la région. Les femmes sont plus engagées dans cette production. Après le porc, c’est la volaille : un peu partout la volaille est demandée. L’élevage de grands ruminants est beaucoup plus orienté vers l’économie.
Bafujiinfos : Quelles sont les difficultés que traversent cette filière ?
Wendsongda Pascal KABORE: Cette filière est beaucoup affectée actuellement par la question sécuritaire. Déjà, les mouvements de bétails sont assez restreints. Du même coup, cela soulève la question alimentaire de ce secteur. C’est vrai que le gouvernement fait des efforts avec ses partenaires à travers des appuis avec les concentrés qu’on donne aux producteurs pendant les périodes de soudures. Mais ce n’est pas suffisant, la question alimentaire est encore difficile à gérer. Il y a aussi quelques maladies animales qui affectent le secteur notamment la peste des petits ruminants et la péripneumonie contagieuse des bovins. Cela occasionne beaucoup de pertes pour nos éleveurs. Les Conflits entre agriculteurs et éleveurs ont beaucoup impacté mais je ne dirai pas freiner la filière car on a chaque année, enregistré de façon ponctuelle des conflits mais ça n’a pas empêché l’activité de poursuivre parce qu’à chaque fois le service de l’administration a essayé de concilier les divergences. Le plus souvent c’est le règlement à l’amiable.
Bafujiinfos : Quelles sont les statistiques de la production de bétail dans la région du sud-ouest ?
Wendsongda Pascal KABORE: Les provinces du Poni et du Ioba viennent en tête des provinces qui possèdent les plus grands nombres de bétail. Comme les provinces n’ont pas les mêmes tailles, il est difficile de réellement faire certaines comparaisons. Quoiqu’on dise, dans toutes les provinces de la région l’activité est bien fournie, mais dans la province du Poni et celle du Ioba, l’activité est encore plus intense. Globalement au niveau de la région nous avons environ 460 000 têtes de bovins, plus 400 000 têtes d’ovins, et plus de 600 000 têtes de caprins.
Bafujiinfos : Quelles sont les perspectives en vue de promouvoir la filière bétail-viande dans la région ?
Wendsongda Pascal KABORE: En cette période, le gouvernement a pris cette question à bras le corps. Par conséquent, il y a beaucoup de stratégies qui sont développées pour booster la filière. Cette filière est inscrite dans l’offensive agro sylvo pastorale et halieutique. Il y a aussi beaucoup de partenaires à travers les projets qui envisagent appuyer les producteurs pour lever les difficultés que nous avons citées. Au titre de ces projets, on peut citer le PRAPS qui est actuellement en activité à travers les différentes réalisations et les appuis alimentaires. Il y a le Projet de Résilience et de la Compétitivité de l’Elevage (PRECEL) également qui a commencé ses activités et qui va appuyer les petits producteurs en moyens pour booster leurs activités. A côté de ces partenaires, il y a beaucoup d’autres partenaires qui interviennent parallèlement dans cette lancée.
Bafujiinfos : Quels sont les défis de la filière bétail-viande dans le Sud-ouest ?
Wendsongda Pascal KABORE: C’est de faire en sorte que l’accès aux ressources naturelles soit une réalité à travers la création et la sécurisation des espaces de pâture et des pistes à bétail. Aussi, il faut développer des infrastructures agricoles et surtout pastorales afin que les animaux aient accès aux ressources naturelles. Il y a aussi comme défis l’éradication de certaines maladies animales notamment la peste des petits ruminants.
Antione Bicaba & Somé Sansan