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Les Echos du Sud-Ouest

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Palenfo Sié ou Sié décor : Le système éducatif a fait de nous des prisonniers volontaires


Natif de la commune rurale de Dissin dans le Sud-Ouest du Burkina Faso, Palenfo Sié alias  Sié décor est aujourd’hui étudiant en 3ème année de lettres et cela grâce au dessin et à la peinture. Panafricaniste, il fait partie de ceux qui ont rebaptisé l’avenue Charles De Gaulle, boulevard Thomas Sankara lors de la venue d’Emmanuel Macron au Burkina Faso. Depuis 2014, le jeune peintre a tourné le dos au concours de la fonction publique. Son talent et son génie forcent  l’admiration. Pour le jeune seul le courage peut tout dans ce monde. Bafujiinfos l’a rencontré dans son atelier basé à Tanghin dans la capitale Burkinabè.

 

Sié décor n’a pas fait une école classique de dessin  mais aujourd’hui ce métier n’a point de secret pour lui. Ses débuts, Sié Palenfo s’en souvient : «  J’ai eu mon CEP en 2001 et faute de scolarité j’ai abandonné. Mes parents étaient en Côte d’ivoire et il me fallait 25000F pour aller au lycée ». Face à cette situation notre artiste peintre prend la direction de Bobo-Dioulasso. Une fois là-bas Sié Décor aura mené de petites activités comme la  vente de brochettes pendant 4ans, la couture, ou encore la gestion de Kiosques. Dans la capitale économique, il  séjournera également 26 jours dans un atelier de calligraphie avant de retourner dans son Dissin natal. Arrivé à Dissin, il décide de mettre en exergue son talent. « J’ai commencé à mettre en application ce que j’avais appris et aussi mon expérience de dessinateur que j’ai acquise depuis l’école primaire. A l’époque mon travail a plu à beaucoup de personnes et les télécentres me sollicitaient » relate le jeune peintre.

Le retour sur les bancs                                                                                                                                                      Une nouvelle ère s’ouvre pour Sié décor ; le désir de retourner à l’école existe mais les moyens manquent. Il fait recours aux  cours du soir qui coutaient relativement moins chers que ceux du jour. «  La scolarité était de 12500frcs et j’ai pu m’inscrire en 6ème et en 5ème ». L’année suivante Sié Palenfo interrompt à nouveau ses études par manque de moyens. La faute à la mairie de Dissin ; en effet affirme-t-il « j’ai fait un travail de décoration pour la mairie de ma commune, les procédures pour avoir cet argent a pris du temps, j’ai attendu jusqu’à la rentrée scolaire  mais rien…».

Découragé, Sié Décor prit la direction des sites d’orpaillage de Batié, Kampti, Midebdo et Legmoin ou il accompagnait un commerçant pour la vente de  produits Aloéviera. Un an plus tard, il revint dans son Disshin natal pour reprendre ses études. Sans faire la classe de 4ème Sié s’inscrit directement en classe de 3ème   mais toujours au cours du soir avec la complicité d’un surveillant. « C’était difficile mais un surveillant m’a aidé. Les professeurs ont beaucoup critiqué et cela a constitué un stimulant pour moi et j’ai réussi au BEPC » avoue-t-il. L’aventure pour les études ne s’arrête pas. Sié Palenfo ira jusqu’à obtenir son baccalauréat, puis à l’Université de Ouagadougou.

 « Je refuse d’être l’artisan de l’inutile »

Depuis 2014 Sié décor a cessé de postuler aux concours de la fonction publique. Sur cette question le dessinateur est clair « je ne vais pas continuer à faire des choses qui ne me rapportent pas. Le temps pour préparer les concours, les moyens injectés, le temps perdu pour la préparation sont pour moi du gâchis. Je refuse d’être l’artisan de l’inutile». Pour lui tous ses moyens peuvent servir à entrepreneuriat et contribuer au développement du pays. Il affirme par ailleurs que son métier lui permet de gagner sa vie.  « J’ai plus de quatre personnes à ma charge. Grâce à mon travail j’y arrive ».

Sié décor est aussi très engagé et a pour idole Thomas SANKARA, Patrice LUMUMBA, Che Guevara. Et une fois dans son atelier, l’on aperçoit facilement les tableaux de ces derniers. Aujourd’hui membre du mouvement  « 2heures pour nous 2heures pour l’Afrique » avec Kamita, Sié Décor fait partie de ceux qui ont rebaptisé le boulevard Charles De Gaulle au Boulevard Thomas SANKARA lors de la venue du président Français  Emmanuel MACRON.

C’est difficile de donner un message quand on est soi-même jeune

Le vrai problème. Il faut déboulonner le système éducatif, parce qu’il nous a détruit .Tout le monde a le regard tourné vers la fonction publique. L’école nous appauvrit. Il y a des gens qui ont des potentialités pour employer  des milliers de jeunes mais l’école les emprisonne. Sié décor poursuit en affirmant qu’il se départit de cette attitude tendant à toujours regarder à l’Etat. Pour lui, ce qui manque à la jeunesse c’est le courage. « Si nous sommes indépendants économiquement personne ne peut se foutre mal de nous. Il y a autre chose que la fonction publique ; nous sommes les maillons de la chaîne. Aux jeunes de la région je dirai qu’il  faut qu’on arrête de critiquer nos aînés et se battre ».

     Un jeune plein d’ambitions

<<Mon projet futur  c’est de travailler à insérer le dessin dans l’enseignement>> dixit le jeune peintre. Sié PALENFO nourrit aussi la sécrète ambition de former des jeunes de la région dans son domaine et d’œuvrer à la tenue d’un festival dénommé art  rupestre.(contact de l’artiste peintre 70709822 ou le 66561656)

 Dalou Mathieu Da 



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