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Les Echos du Sud-Ouest

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Julie Prudence Nignan/Somda : « Contrairement à ce que les gens pensent je n’ai pas étudié à l’extérieur »


Elle était la ministre des droits humains et de la promotion civique dans le dernier gouvernement de l’ex président Blaise Compaoré  . Prudence Julie Nignan/Somda puisque c’est d’elle qu’il s’agit avait été nommée le 02 janvier 2013. Malheureusement, l’insurrection populaire d’octobre 2014 a eu raison du gouvernement dont elle faisait partie. Magistrat de formation, Julie Nignan Somda occupe actuellement le poste de conseiller à la cour d’appel de Ouagadougou. Bafujiinfos l’a rencontrée pour vous. Dans cette interview, elle parle de son passage au ministère et de sa vision pour le développement de la région.

Bafujiinfos.com : pouvez- vous vous présenter à nos internautes

  1. J : Je suis prudence Julie Nignan née Somda Mèto Kasilè Monkpènibè . Je suis née à Bobo Dioulasso, mère de deux enfants et magistrat de formation.

Bafujiinfos.com : Parlez-nous de votre carrière de magistrat

J’ai d’abord commencé par la fonction de juge au siège à koudougou avant de revenir au ministère puis juge de juridiction Jusqu’en 2011 ou j’ai occupé le poste de directrice pour la promotion de la culture de la tolérance et de la paix au ministère avant d’être nommée Secrétaire générale puis ministre des droits humains et de la promotion civique.

En dehors du cadre professionnel, je suis militante de plusieurs associations. Il faut dire que j’ai cette fibre là depuis que j’étais au lycée. J’ai commencé par l’association Burkinabè pour le bien- être et de la famille (ABBEF), la JEC, l’association des femmes juristes du Burkina, la RADO, membre du réseau équidaxe. Je suis entrain de créer une association qui va travailler dans le domaine des droits humains. La culture de la paix et les droits humains sont quelque chose qui le tient à cœur

Avant tout ça, quel a été votre parcours scolaire?

J’ai fait mon collège et mon lycée au collège notre dame de Kolg-naaba, ma sixième c’était au Marien Ngouabi. Après mon BAC D j’ai été orienté en droit jusqu’à la quatrième année. Malheureusement nous avons connu une année blanche et j’étais obligée d’aller m’inscrire à Cotonou une année juste pour soutenir mon mémoire. Lorsque je suis retournée j’ai été retenue au concours de la magistrature. Contrairement à ce que les gens pensent je n’ai pas étudié à l’extérieur

Prudence Julie Nignan/Somda à l’extrême droite en complet jaune maron

Parlez-nous de votre expérience de ministre.

Quand on m’a proposé au poste de ministre, j’ai été très surprise puisque je ne militais pas dans un parti politique et je ne m’attendais pas à cela. Etre ministre ce n’est pas facile. C’est un travail formateur, on apprend à connaitre les hommes, à côtoyer plus ou moins le pouvoir. On apprend surtout à se mettre au service des autres. Pour moi ce n’était pas une promotion en tant que telle mais c’était surtout un appel à servir les autres. Ce qui fait que je me suis engagée à faire passer les idées qui pouvait promouvoir les droits de l’homme, contribuer à la protection et à la défense des droits de l’homme tant sur le plan national qu’international. J’ai appris beaucoup de choses qui m’aident aujourd’hui. Nous avons relevé beaucoup de défis, d’autres plus ou moins. J’ai eu la chance de collaborer avec un personnel jeune avec lequel nous avons remporté des victoires mais aussi nous avons connu des échecs. Le dossier sur l’abolition de la peine de mort m’a beaucoup marqué. Aujourd’hui je suis heureuse que ce dossier connaisse un aboutissement. Sur le plan international on a pu relever beaucoup de défis, au plan national c’est surtout les activités de sensibilisation sur les droits et devoirs. Les couches vulnérables à savoir les femmes et les personnes handicapées n’ont pas aussi été oubliées. J’ai contribué en toute âme et conscience en donnant tout mon amour dans le travail. Je l’ai fait avec beaucoup d’amour, de conscience et d’engagement.

Pourquoi vous ne monnayez pas vos expériences au plan international?

D’abord, il faut dire que je suis revenue dans ma maison, le corps de la magistrature. C’est une fonction que j’aime bien. Deuxièmement je vais être franche avec vous, nous sommes poursuivis pour des faits au moment de l’insurrection populaire le jugement n’a pas encore eu lieu. Normalement on est interdit de quitter le territoire sauf sur autorisation. Ce sont des entraves qui font que ce n’est pas évident Sinon j’aurai aimé bien faire valoir mes compétences mais je reste à la disposition de mon pays.

Bafujiinfos.com : Quel regard portez-vous sur le développement de la région?

J’avoue que j’aurai voulu voir le développement de la région à un certain niveau. Nous disposons de beaucoup de potentialités tant sur le plan humain, environnemental, du sous-sol (l’or). Malheureusement j’ai le cœur serré quand je vois que les femmes souffrent sur le plan de l’accès à l’eau potable, les accouchements à domicile, l’alimentation et l’éducation. Nous avons fait beaucoup de progrès mais il reste encore des choses à faire. Je lance un appel à l’endroit de tous les fils et filles à retrousser les manches. S’il y a plus de solidarité nous pourrons inverser la donne.

 Avez-vous des jeunes de la région que vous encadrez?

C’est vrai ce que vous dites. Ce n’est pas évident. J’essaie d’encadrer surtout les petites filles à travers le paiement de la scolarité mais aussi à travers des stages que je négocie pour certains jeunes de la région.

Lorsque vous étiez ministre, quelles actions concrètes avez-vous posé dans la région ?

Ce sont les autres qui peuvent juger. Dans mon village j’ai installé une plateforme multifonctionnelle pour les femmes pour les aider, j’ai formé une femme sur la transformation du savon, l’appui à certaines femmes lors du 08 Mars, une campagne de dépistage sur le col de l’utérus.

Quel est votre message à la jeunesse et surtout celle féminine?

Je connais un jeune universitaire qui gagne sa vie avec la menuiserie. Je pense qu’il faut qu’on oriente les jeunes vers la formation professionnelle. La fonction publique n’est plus une porte totalement ouverte. Il ne faut pas se fondre dans l’enseignement général, il faut s’orienter vers les métiers.

Vous parlez Dagara ?

Oui sans problème. Mes enfants comprennent mais ne peuvent pas bien parler. Vous savez c’est ça aussi le problème des couples mixtes, même mon mari parle le Dagara.

Dalou Mathieu Da



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