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Les Echos du Sud-Ouest

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Femmes battantes du Sud-Ouest : Jeannette Dabiré, l’entrepreneure qui transforme le manioc en opportunité


Dans la commune de Dano, au cœur de la province du Ioba, Jeannette Dabiré s’impose comme un modèle de persévérance et d’innovation. Partie d’une simple activité de revente d’attiéké, elle a su créer une unité de transformation de manioc qui emploie aujourd’hui plusieurs femmes. Son ambition : prouver que l’entrepreneuriat féminin est une voie incontournable pour le développement local et l’autonomisation des femmes.

 

Il y a quelques années, Jeannette Dabiré importait de l’attiéké depuis Koudougou pour le revendre sur le marché local. Un jour, un client lui lança une remarque qui allait bouleverser son parcours : « Ta mère produisait de l’attiéké en Côte d’Ivoire, pourquoi ne pas perpétuer cette tradition au lieu de dépendre d’un fournisseur externe ? » Ce conseil, combiné à des difficultés d’approvisionnement, lui fit prendre conscience du potentiel inexploité du manioc dans sa région.

Animée par cette réflexion et par son esprit d’initiative, elle décide alors de lancer sa propre unité de transformation de la pâte de manioc en attiéké. Aujourd’hui, elle produit différentes variétés : le garba, l’attiéké à petits et gros grains, ainsi que l’attiéké abodjama, qu’elle vend sur commande.

Un engagement quotidien pour la qualité et l’emploi féminin

Chez Jeannette Dabiré, le travail est un engagement personnel. Chaque matin, dès 5 heures, elle est sur le terrain, veillant au bon déroulement des opérations et à la qualité du produit final. « Être cheffe d’entreprise ne signifie pas s’asseoir et attendre. Il faut être dans l’action, s’assurer que tout est bien fait et que l’activité tourne efficacement », confie-t-elle.

Son unité emploie aujourd’hui dix femmes, réparties sur différentes tâches : lavage, tamisage et cuisson du manioc. Mais l’impact de son entreprise va bien au-delà de ces emplois directs. Grâce à elle, de nombreuses revendeuses vivent de la commercialisation de son attiéké. « Certaines femmes parviennent à scolariser leurs enfants, à les soigner et même à prendre en charge leur foyer grâce à cette activité », se réjouit-elle.

Un secteur prometteur, mais confronté à des défis

Malgré le succès de son activité, Jeannette Dabiré doit faire face à des défis majeurs. L’un des plus pressants est l’approvisionnement en manioc. « Dans la province du Ioba, les producteurs existent, mais la production est insuffisante. Pour alimenter pleinement mon unité sur une année, il faudrait qu’ils puissent cultiver au moins 12 hectares chacun », explique-t-elle.

Un autre obstacle est le coût élevé des équipements nécessaires à la transformation du manioc. « Nous manquons de matériel moderne, et les prix sont exorbitants. Si l’État pouvait nous accompagner sur ce plan, cela nous permettrait d’augmenter notre capacité de production et d’offrir encore plus d’opportunités aux femmes », plaide-t-elle.

Un message d’encouragement aux femmes

Forte de son expérience, Jeannette Dabiré invite les femmes à embrasser l’entrepreneuriat comme un levier d’émancipation. « Il ne faut pas attendre d’être fonctionnaire pour entreprendre. Quand tu crées ton activité, tu es plus qu’une femme fonctionnaire ! Même avec une petite activité, comme la vente de beignets ou de sandwichs, on peut réussir. Les femmes doivent se lever, se battre et arrêter de tout attendre des hommes », lance-t-elle avec conviction.

À travers son engagement et sa détermination, Jeannette Dabiré incarne l’image d’une femme battante qui, par son courage et son ingéniosité, transforme le manioc en opportunité. Son parcours inspire et prouve que le développement du Sud-Ouest passe aussi par le dynamisme et la résilience de ses femmes entrepreneures.

Anselme Klèkè TRAORÉ



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