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Les Echos du Sud-Ouest

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Education: Des enseignants d’histoire et de géographie adressent une lettre ouverte au ministre de l’éducation nationale


Des enseignants d’histoire et de géographie basés à Gaoua adressent une lettre ouverte au ministre de l’éducation nationale . Dans cette lettre, le groupe des enseignants s’oppose au système des questions -réponses aux examens session de 2022 . Lisez plutôt! 

Monsieur le Ministre,

Le système éducatif burkinabè a connu plusieurs reformes dans le but d’accroître l’offre éducative dans ses aspects qualitatifs et quantitatifs. On peut retenir le PDDEB, le continuum, les reformes des examens scolaires du BEPC et du BAC ….

Dans le domaine des évaluations, plusieurs reformes ont été entreprises ces dernières années. C’est le cas de la suppression des sujets au choix dans les épreuves de SVT et d’Histoire et de Géographie entrée en vigueur à la session du BEPC 2021. L’introduction du sujet unique en Histoire-Géographie a entrainé de fait la suppression du commentaire de document et de la synthèse comme d’évaluation au post-primaire dans la discipline.

Monsieur le Ministre, les acteurs de l’éducation en particulier les enseignants d’Histoire et de Géographie et de SVT à travers les réseaux sociaux en janvier 2022 de l’existence d’un arrêté signé le 1er décembre 2021 supprimant les sujets au choix dans leurs disciples au BAC. Il s’agit de l’arrêté n° 2021/400/MENAPLN/SG/DGREIP fixant les séries et options du BAC et leurs options en son article 10 qui stipule : « les épreuves écrites de l’examen du BAC sont administrées sous la forme d’épreuves uniques. Elles ne doivent en aucun cas comporter ou être composées de sujets au choix, excepté les épreuves de français, de philosophie et d’économie générale. ». En application de cet arrêté, une note d’information n° 2022/001/MENAPLN/SG/DGEPFIC/DEFICPPS de l’Inspection d’Histoire et de Géographie signée le 16 mars 2022 annonçant aux enseignants que l’épreuve d’Histoire et de Géographie au BAC comporte soit un commentaire de document et les autres types d’items soit une synthèse et les autres types d’items. En un mot les questions de cours sont désormais introduites en Histoire et Géographie au BAC toutes séries confondues.

Monsieur le Ministre, toutes ces reformes suscitent en nous enseignants d’Histoire et de Géographie bien d’inquiétudes et d’appréhensions. Sur les questions de forme, quelle étude a été menée et a abouti à la remise en cause du format actuel d’évaluation de notre discipline au BAC ? Quelle est la plus-value ou encore quel est l’apport de ces reformes sur l’enseignement de l’Histoire et de Géographie en terme de qualité ? Par ailleurs les enseignants sont informés au cours de l’année scolaire en janvier 2022 de la suppression des sujets au choix et en mars 2022 de l’introduction des questions de cours au BAC. A trois mois du BAC avec un mois et demi de cours restant, il sera très difficile pour les enseignants d’initier les élèves à ce type d’évaluation d’autant plus que jusque-là les sujets en terminales portent sur le commentaire et la synthèse. C’est pour dire donc les enseignants et leurs élèves découvriront pour la première fois le format des sujets de BAC en Histoire et Géographie le jour de la composition de la discipline. A notre avis, une telle démarche d’intérêt national devait être inclusive et participative en prenant en compte toutes les opinions à commencer d’abord par les acteurs de terrain que sont les enseignants.

Monsieur le Ministre, sur les questions de fond, l’introduction des questions de cours en Histoire et en Géographie au BAC est pour nous un recul grave qui pourrait saper l’originalité et la spécificité de notre discipline. Conformément à l’esprit de la loi d’orientation de l’Education de juillet 2007 ( titre 1. CH 3 ), l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie a pour finalités entre autre de :

  • Favoriser chez l’apprenant le développement des aptitudes intellectuelles comme l’esprit d’analyse et l’esprit critique ;
  •  Stimuler chez l’élève l’esprit d’initiative et d’entreprise par la connaissance des expériences présentes et passées de notre peuple et de celles des autres ;
  • Etc…

Aussi l’enseignement de l’Histoire et la Géographie a pour but entre autre de :

  • Stimuler la curiosité de l’élève vis-à-vis du monde qui l’entoure et développer en lui l’esprit d’initiative et d’autonomie, le sens de l’observation, l’esprit critique, la faculté d’interprétation, les capacités d’analyse et de synthèse, le goût du travail bien fait et l’esprit de rigueur.
  • Contribuer à la formation du citoyen burkinabè, animé d’un esprit de tolérance, d’ouverture et de solidarité, respectueux des droits de l’homme et des devoirs du citoyen, épris de paix, de justice et de démocratie, soucieux de la sauvegarde du patrimoine (culturel et naturel) local, national, régional, africain et mondial.

Monsieur le Ministre, en ce qui concerne le profil transversal attendu de l’élève en Histoire et en Géographie à la fin de l’enseignement secondaire général, il doit avoir acquis les aptitudes, les attitudes et les savoirs essentiels pour qu’il puisse assumer les responsabilités de sa future condition d’étudiant ou de travailleur.

Pour le profil attendu en Histoire, à la fin de l’enseignement secondaire, l’élève sera capable de :

  • Décrire, expliquer, interpréter, analyser et synthétiser un document historique (textes, cartes, graphiques, images, gravures, peintures, fresques, etc) ,
  • Porter un jugement critique sur un document historique,
  • Rédiger une dissertation à caractère historique,
  • Faire un commentaire de documents historiques,
  • Monsieur le Ministre, comme vous pouvez le constater, les finalités, les buts et le Profil attendu de l’élève à la fin de l’enseignement général se résument à la critique, l’analyse et la synthèse. Pour nous donc le format du commentaire de document et la synthèse sont conformes à l’esprit de la loi d’orientation de l’éducation de 2007. L’introduction des questions de cours ( QCM, appariement, réarrangement, à trous) du genre choisir la bonne réponse, que vous rappelle ces dates ou encore reliez par des flèches, ou encore des questions sur des documents sans introduction ni conclusion est en contradiction avec l’esprit de cette loi importante sur l’éducation.

Monsieur le Ministre, les curricula en vigueur actuellement ont pour innovation majeure la définition des Objectifs Généraux (OG) pour les enseignants qui doivent les démultiplier en Objectifs Spécifiques (OS). Aucun OG en terminales ne relève du niveau taxonomique de la connaissance en Histoire comme en Géographie. Sur ce point nous pouvons donc affirmer que les questions de cours qui relèvent souvent du niveau de la connaissance ne sont pas congruentes avec les OG.

Monsieur le Ministre, au regard de nos arguments évoqués plus haut, nous vous invitons à ouvrir des concertations plus larges sur ces nouvelles reformes sur les évaluations en Histoire et en Géographie. Pour mesurer le degré de rejet de ces reformes auprès des enseignants de la discipline et vous permettre de disposer d’un baromètre d’analyse de la situation, nous lançons une pétition sur l’ensemble du territoire national contre l’introduction des questions de cours au BAC et le maintien des épreuves au choix.

Veuillez recevoir Monsieur le Ministre, nos salutations les plus respectueuses.



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