Augusta Palenfo est une femme aux multiples casquettes. Artiste comédienne, acteur de théâtre, du cinéma, promotrice du Festival international du rire et de l’humour de Ouagadougou et jeune réalisatrice. Des Casquettes qui font d’elle une femme connue du milieu culturel Burkinabé. Nous l’avons rencontrée le 13 janvier dernier au ciné Burkina après la projection d’un film du comédien Oyou.
Qui est Augusta palenfo ?
Je fais plusieurs choses dans le domaine culturel mais je préfère artiste -comédienne parce que c’est par là que j’ai commencé .C’est peut-être ces atouts qui m’ont donné tous ces talents et m’a révélé au public Burkinabé .il ne faut jamais oublier par là ou on a commencé.
Vous avez rejoint officiellement en 2017 le cercle des réalisateurs avec le film « carton rouge ».Peut-on dire avec vous que ce film a connu du succès ?
Oui ça connu du succès. Le film a été retenu dans la catégorie panorama au dernier FESPACO. « Carton Rouge » a aussi été diffusé deux semaines d’affilés au ciné neerwaya, une fois au ciné Burkina, et pendant 72h à Bobo-Dioulasso à la maison de la culture et au ciné sagnon .Le retour que j’ai reçu des cinéphiles est positif. Pour une première, je dirai que je suis satisfaite.
Il nous revient que Augusta Palenfo n’abandonne jamais. D’où vient votre courage ?
Un Homme sans courage est un homme mort. Ce n’est pas que je suis plus courageuse, mais il faut juste croire à ce qu’on est, à ses compétences, essayer de réfléchir et travailler c’est tout. Je prends le risque de faire des choses, d’autres marchent et d’autres échouent. Tout compte fait j’aurai essayé.
Quel regard vous portez sur Le monde culturel Burkinabé ?
Le monde culturel Burkinabé n’est pas du tout facile. Il faut justement se battre pour se faire une place afin que son existence ne soit pas vaine et cadeau sur terre. Il faut faire en sorte que le peu de personnes qui vous connaissent puisse retenir de vous quelqu’un de combattant. Il faut forcer, forcer encore et forcer toujours pour se faire une place parmi ce beau monde.
Qu’en est-il des ragots et commérages dans le monde culturel Burkinabé ?
C’est notre quotidien, beaucoup de choses ont été dites sur moi. Plusieurs fois il m’est arrivé de vouloir baisser les bras mais je me dis que ça va donner raison à mes détracteurs. Depuis un certain temps j’ai pris la résolution suivante « Je m’en fou de ce que les gens diront de moi ou de mes actions, on ne peut jamais être parfait ».Et puis il faut se dire qu’on est important lorsque des gens abandonnent leurs activités pour parler de vous. Ce qui est intéressant, ils perdent du temps à parler de Vous et vous travaillez pour aller de progrès en progrès.
Il y a de cela 11 ans que vous organisez le festival du rire et de l’humour de Ouagadougou. D’où vous est venue l’idée d’organiser le FIRHO ?
J’ai participé à une compétition dénommée «Le grand prix de l’humour » organisé par le ministère de la culture dont le ministre était Mahamoudou Ouédraogo. C’est Moussa dit le petit sergent et moi qui avons remporté le premier prix. Après ça, le ministère n’a plus organisé .C’est deux ans après la première édition que l’idée m’est venue d’organiser un tel évènement non pas en mettant en compétition les humoristes mais un Festival. L’objectif est d’abord de permettre à la population de venir s’égayer et d’oublier leurs soucis mais aussi permettre aux humoristes de vivre de leur art.
Augusta Palenfo rencontre-t-elle des difficultés dans l’organisation du FIRHO ?
Ce n’est pas du tout facile et les difficultés on les rencontre à chaque édition. Nous sommes dans un pays d’égoïstes, de malhonnête ou des gens ont les moyens et peuvent aider les gens à évoluer mais ne le font pas. Nous n’avons pas de soutien de la part des premières autorités de notre pays. Nous trimons pour organiser le FIRHO. Malgré tout je me battrai avec les moyens que je dispose pour organiser. Je ne suis pas la seule puisque mes collègues entrepreneurs culturels se plaignent aussi.
Ma satisfaction résulte dans le faite que c’est le premier festival humoristique à être organisé au Burkina Faso et par une femme. Je suis fière de savoir aujourd’hui que de ce festival,
D’autres festivals sont nés tel le festival d’humour de Koudougou, ouistiti d’or. Mieux ma satisfaction est d’autant plus grande en ce sens que les humoristes sont invités dans presque tous les évènements culturels.
Augusta a-t-elle atteint le sommet
Pas du tout. Je suis en bas, très en bas et je cherche d’abord à atteindre le milieu avant d’espérer le sommet. C’est le travail, l’aide de Dieu et avec quelques bonnes volontés pour y arriver.
Vous êtes nés et grandi à Ouagadougou .Est ce que Augusta parle-t-elle sa langue maternelle ?
Bien sûr. Je suis né et grandi à Ouagadougou mais je parle ma langue maternelle le Birifor. Je n’ai pas honte, je suis fière de pouvoir parler ma langue maternelle et paternelle. On m’appelle même dans notre milieu la guerrière de Gaoua. Je vais régulièrement à Gaoua et je connais mon village paternel et maternel, je connais très bien ma famille
Augusta est une femme au foyer ?
(Rire)Je ne suis pas un cœur à prendre en tous cas.et puis je n’aime pas qu’on parle de ma vie privée. J’ai quelqu’un dans ma vie. Marié ou pas ce n’est pas mon problème. Les gens m’ont marié avec Japonais, chinois et je ne sais quoi d’autres.
Quel regard portez-vous sur le développement de la région du sud-ouest ?
Les provinces de façon générale ça ne va pas, surtout culturellement. Je pense qu’avec le 11 décembre les choses ont un peu changé surtout avec la réfection de la salle de ciné de Gaoua. J’aimerais bien aller présenter mon film « carton rouge » et probablement organisé le FIRHO délocaliser à Gaoua. Mais organiser de telles activités dans les provinces ne sont pas choses aisées.
Quel message à l’endroit de la gente féminine
Moi je dirai de ne jamais baisser les bras et surtout se fixer un objectif. Les filles doivent abandonner la facilité et se battre pour leur idéal.Mais également il faut laisser les canards boiteux qui parlent des gens en mal sans les connaitre. Nul n’est parfait. Les erreurs doivent nous permettre de nous construire.
Dalou Mathieu DA