Le 18 décembre dernier, à l’issue d’un vote serré qui l’opposait à Dlamini Zuma, l’ex-épouse de Jacob Zuma, le vice-président Cyril Ramaphosa, a été élu à la tête du Congrès national africain (ANC), le parti de Nelson Mandela au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994. Au-delà des défis qui attendent le successeur du chef de l’Etat sud-africain à la tête du parti présidentiel, l’on peut retenir, à la lumière de cette nouvelle alternance à la tête de l’ANC, le modèle que constitue l’Afrique du Sud qui pourrait donner des leçons de démocratie à bien des pays sur le continent. En effet, sans être irréprochable sur toute la ligne, le pays de Nelson Mandela peut se targuer d’être l’une des démocraties dont la vitalité peut difficilement être remise en cause sur le continent africain. En effet, sur un continent où la propension des princes régnants est au régime à vie, le modèle sud-africain, à travers l’exemple de l’ANC, peut apparaître comme l’une des rares satisfactions, même s’il reste à bien des égards encore perfectible. La preuve en a encore été donnée une fois de plus avec le scrutin serré du 18 décembre dernier, où les candidats se sont tous soumis au verdict des urnes qui a brillé par sa transparence, aucune contestation n’ayant été enregistrée. Mais avant, il faut déjà saluer la disposition d’esprit des uns et des autres, qui a permis cette alternance à la tête du parti présidentiel en Afrique du Sud. Qui plus est, sans que le président sortant soit le moins du monde tenté de remettre en cause les règles du jeu qui veulent qu’il passe la main à quelqu’un d’autre, à la fin de son mandat. Ailleurs sur le continent, l’on a vu des générations entières être obligées de supporter une seule et même tête durant des décennies, souvent même au pus haut sommet de l’Etat, comme si en dehors d’elle, personne d’autre n’était capable d’assumer cette mission. Et cela se traduit aussi au sein de bien des partis politiques où le père fondateur en apparaît bien souvent comme l’alpha et l’oméga.
Ce changement doit pouvoir ouvrir de nouvelles perspectives pour le pays
Cette triste réalité, qui se traduit malheureusement aussi au plus haut sommet de l’Etat, voit des peuples obligés de supporter certains chefs d’Etat, quand ces peuples ne sont pas tout simplement gagnés par la résignation. Cela semble être le cas au Cameroun, au Burundi, au Tchad, ou encore au Congo Brazzaville, pour ne citer que ces exemples-là. Pendant ce temps, on annonce des réformes en Ouganda, au Gabon, au Togo, en RD Congo, etc., sans que cela puisse tromper quiconque sur les intentions réelles des princes régnants à s’ouvrir des boulevards pour des règnes ad vitam aeternam. En Afrique du Sud au moins, les militants de l’ANC ne seront pas obligés de supporter Jacob Zuma toute leur vie, après l’incurie dont il a fait montre dans sa gestion, toute chose qui lui a valu pas moins de quatre motions de défiance. D’ailleurs, si le chef de l’Etat sud-africain a pu échapper à toutes ces procédures d’impeachment, c’est en raison du respect des règles du jeu démocratique et du bon fonctionnement des institutions dans son pays. Reste maintenant à espérer que son exemple fasse tache d’huile sur le continent, ou que ce pays arrive à tracter les moutons noirs de la démocratie dans son sillage, en ne fermant pas les yeux sur certaines aberrations démocratiques dans son entourage. Et ce changement, comme tout changement, doit pouvoir ouvrir de nouvelles perspectives pour le pays, étant entendu que cette alternance à la tête du parti présidentiel pourrait bien préparer l’alternance à la tête même de l’Etat sud-africain.
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