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Les Echos du Sud-Ouest

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8e nuit de couvre-feu : Gaoua la ville fantôme


 Ce samedi 28 mars 2020, Gaoua s’apprête à vivre sa 8e nuit de couvre–feu décrété par le président du Faso sur le plan national pour faire face à la maladie du coronavirus. Cette restriction peinent à être respectée par les populations de la ville de Gaoua surtout à l’heure d’entrée du couvre-feu qui est fixé à 19 heures. Une équipe de Bafujiinfos a fait le constat à travers quelques artères de la ville de Gaoua.

Le constat a commencé peu avant l’heure d’entrée du couvre-feu. Du rond-point du marché, on pouvait apercevoir des piétons, des cyclistes, des motocyclistes et des automobilistes qui s’empressent de regagner leur domicile pour ne pas être surpris par le couvre-feu dans une ville de Gaoua obscurcie par la coupure d’électricité.

A 19 heures, avec le retour de l’électricité, on aperçoit à côté du maquis le « PP » un groupe d’enfants mineurs qui sont arrêtés. Gafadou et ses camarades sont des apprentis soudeurs. Ils ont quitté l’atelier pour rentrer chez eux. Mais visiblement, ils ne sont pas pressés et les arguments pour justifier leur présence dans la rue à cette heure ne sont visiblement pas pertinents. Tantôt ils cherchent à manger avant de rentrer, tantôt ils attendent leur petit frère qui est resté derrière. Ils se plaignent d’ailleurs de la durée du couvre-feu dont ils ne savent pas quand est-ce qu’il va prendre fin. « Nous sommes toujours dehors parce que le couvre a commencé depuis samedi et ça ne prend pas fin. Comment allons-nous faire ? Comment on va faire pour trouver à manger ? On a dit que le couvre-feu c’est pour deux ou trois semaines. En plus, ils ont fermé les marchés » a dit Gafadou SIENOU l’aîné du groupe âgé de 12 ans.

Comme eux Evariste DAH est dehors à l’heure du couvre-feu sans raison valable. Il est au bord de la voie à côté de la boulangerie route de Batié. « Notre maison n’est pas loin d’ici, on a profité pour prendre un peu d’air avant de rentrer. On n’a pas l’habitude de rentrer à 19 heures, on n’a pas sommeil, c’est pour cela on a profité sortir s’arrêter au bord de la voie. On sait que la sécurité va sortir, quand on les voit, on essaie de se cacher ». A la question de savoir si ce n’est pas de la provocation, il répond. « Il y a d’autres qui les provoquent mais pour nous ce n’est pas de la provocation ». Il a aussi ajouté qu’il n’a pas de ventilateurs raison pour laquelle il ne peut pas rester chez lui.

Des contraintes professionnelles et sociales

A côté de ces plaisantins, il y a des gens qui ont de bonnes raisons d’être dehors pendant le couvre-feu. Certains pour des contraintes professionnelles, d’autres pour des raisons de santé. Alassane TRAORE est responsable d’une boulangerie. Pour lui le couvre-feu ne leur crée pas tellement de problème. Il prend des dispositions pour que ses agents puissent travailler à produire le pain pour le lendemain. Mais comme la plupart des activités économiques, sa boulangerie tourne au ralenti. « Seulement, c’est le marché qui n’est plus comme avant. Ceux qui prenaient le pain le soir pour pouvoir vendre n’arrive plus à se ravitailler. Aussi, la dernière fois, la farine était finie mais quand le camion est arrivé à Bouroum-Bouroum, il était 18 heures, donc le camion était calé là-bas à cause du couvre-feu. Ce soir-là nous n’avons pas pu travailler » a-t-il déclaré. A côté de la boulangerie, un camion qui est venu livrer des produits n’a pas pu à cause du couvre-feu poursuivre sa route. « Le camion est venu quand il a fini de décharger, il était déjà 18 heures alors qu’il devait continuer à Kampti pour décharger le reste. Donc il a préféré passer la nuit ici pour continuer demain » a laissé entendre Alassane TRAORE.

Des jeunes qui étaient à côté du camion se sont enfouis au passage d’un véhicule de patrouille et sont ressortis aussitôt que les agents de sécurité sont partis. Alex KOGHO de la SONABEL et son collègue sont dehors à l’heure du couvre-feu pour obligations professionnelles. L’équipe de Monsieur KOGHO était en dépannage jusqu’à 19 heures 30. Dans tous les cas les agents de la Nationale d’électricité bénéficient de laisser-passer a-t-il rassuré. . « J’étais à l’hôpital, je suis venue me laver et je suis entrain de repartir. Si je croise une patrouille, je vais leur expliquer que je pars à l’hôpital » a dit Véronique KAMBIRE qui se trouvait à une trentaine de minute après le début du couvre-feu au rond-point de la mosquée. La sécurité veille au grain pour s’assurer que le couvre-feu est respecté. Au rond-point du centre médical, c’est une dame en arme qui interpelle l’équipe de journaliste qui a stationné pour voir s’il y aura des passant à ce carrefour et profiter prendre des vues de ce grand axe jadis très fréquenté en ces heures. Après quelques questions et la présentation de badges, la Dame repart rassurée. Cependant elle a demandé à ce que la prochaine fois ceux-ci passent au poste de garde de la maison d’arrêt pour se signaler. Peu après, un homme arrive sur une moto, la salue. Avec lui ils échangent quelques amabilités et chacun a continué sa route. Sur les axes, on voit quelques personnes qui circulent mais impossible de leur poser la moindre question car quand ils vous aperçoivent ils accélèrent ou font un demi-tour croyant avoir à faire à des agents de sécurité en civil. Dans l’ensemble les gens sont terrés chez eux surtout vers 20 heures, il n’était presque possible de croiser des gens dans les rues. Gaoua ressemble à une ville fantôme surtout quand il y a délestage.

Dar Flavien DA



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