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Les Echos du Sud-Ouest

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  Docteur Serge Bassolé : l’hépatite ne se transmet pas par la salive


L’hépatite virale tue plus que le VIH/Sida et le paludisme. Selon des statistiques du ministère de la santé, la région du sud-ouest detient la plus forte prévalence au Burkina Faso. Bafujiinfos est allé à la découverte de cette maladie avec le Docteur Serge Bassolé, Médecin généraliste au Centre Hospitalier Régional de Gaoua. Les causes et les conséquences c’est dans cet entretien .

Bafujiinfos : qu’est-ce que l’hépatite ?

Docteur Serge Bassolé : L’hépatite est une maladie infectieuse d’origine virale entrainant une inflammation du foie. Il y a plusieurs virus responsables de l’hépatite notamment cinq à savoir le virus du type A, B, C D et E. La particularité de l’hépatite est qu’il y a le B et le C qui sont responsables de pathologies chroniques telles que la cirrhose et le cancer du foie. Les autres virus n’évoluent pas vers la chronicité.

Bafujiinfos : comment se manifeste l’hépatite ?

Docteur Serge Bassolé : Il n’y a pas une symptomatologie typique des hépatites. Le plus souvent, elles se manifestent par un syndrome que nous disons pseudo grippale c’est-à-dire faite de fièvre, de maux de tête, de douleurs articulaires, une sensation de fatigue importante parfois on note une coloration jaune des yeux que nous  appelons couramment ictère. Dans certaines situations, on note des maux de ventre, souvent des diarrhées et quelques fois on note une augmentation du volume du foie mais qui est perçu au niveau des examens cliniques. Les cinq types d’hépatite ont la plupart du temps les mêmes manifestations c’est pourquoi on dit qu’il n’y a pas de symptômes typiques pour les hépatites ce qui fait qu’on a tendance à confondre l’hépatite avec les autres maladies notamment le simple paludisme.

Bafujiinfos : comment est-ce qu’on peut contracter l’hépatite ?

Docteur Serge Bassolé : Les modes de transmission essentiellement varient d’un type à l’autre notamment ce qui est du virus du type A D et E. Ce sont des contaminations oro-fécales. La contamination se fait à travers les mains souillées d’où le terme oro-fécale. Pour la particularité du B et du C, ce sont des virus qui se transmettent pratiquement par les mêmes voies de contamination que le VIH que sont les voies sexuelles, la voie sanguine par l’intermédiaire d’objets souillés par le sang, également par la transmission verticale, c’est-à-dire la transmission de la mère à l’enfant et par l’utilisation également d’objets personnels au cours des toilettes tels que les brosses à dents qui peuvent être des situations où on a des lésions entrainant des saignements au niveau des gencives. Voilà grosso modo quelques causes des hépatites.

Bafujiinfos : Est-ce qu’on peut guérir de l’hépatite ?

Docteur Serge  Bassolé : Pour les types A, D et E, généralement la guérison s’obtient après la phase aigüe de la maladie de façon spontanée. Par contre, dans l’hépatite C et B étant donc des particularités évoluant vers la chronicité, il faut dire que l’hépatite C est à nos jours traitable et on peut réussir à la guérir avec un taux de guérison autour de 90,95%. Le traitement de l’hépatite C a une durée de traitement d’à peu près trois mois. Par contre pour le B, il y a des possibilités de guérison mais la guérison dans ce cas a un pourcentage un peu plus faible allant de 1 à 3%. Et la plupart du temps, les autres sont des porteurs asymptomatiques c’est-à-dire qui ont le virus en eux mais qui ne développent pas des signes ou des symptômes de la maladie mais environ 10% de ces porteurs asymptomatiques évoluent vers la chronicité qui sont la cirrhose du foie et le cancer du foie.

Bafujiinfos : On entend souvent dire qu’il y a des tradi-praticiens qui guérissent l’hépatite, est-ce que c’est confirmer ?

Docteur Serge Bassolé : Nous avons effectivement appris comme vous qu’il y a des tradi-praticiens qui guérissent l’hépatite, mais jusqu’à nos jours, je n’ai pas eu de preuves particulièrement me concernant, nous n’avons pas eu de preuves. Nous n’avons pas non plus mené une étude là-dessus donc on ne peut pas donner une réponse affirmative ou infirmer ces théories.

Bafujiinfos : l’hépatite semble-t-il sévit dans la région du Sud-ouest, quel est l’état des lieux de la maladie au Burkina Faso et dans la région.

Docteur Serge Bassolé : L’hépatite a un pourcentage élevé, environ 10% de la population générale et dans la région du sud-ouest, nous avons remarqué que l’hépatite sévit à environ 14,40% selon les études qui ont été menées récemment et l’hépatite B occuperait environ 10% et l’hépatite C environ 5% de la population du sud-ouest.

Bafujiinfos : Est-ce qu’il y a des raisons particulières qui pourraient expliquer le fort taux de prévalence dans la région ?

Docteur Serge Bassolé : Pour commencer, il faut dire que le sud-ouest est une région particulière parce qu’elle est frontalière à deux pays voisins à savoir la Côte D’ivoire et le Ghana. Des théories diront qu’il s’agit de la migration ou de la traversée des hommes dans les deux zones. Egalement, il y a des théories qui disent qu’il s’agirait des activités de  l’orpaillage qui sont des activités qui facilitent la transmission. Mais de façon claire, il y a une étude qui est entrain d’être menée au niveau de la direction régionale de la santé (DRS) et cette étude pourra en fait nous donner de plus amples réponses  à l’explication de ce taux élevé dans la région du sud-ouest. Je pense que l’étude est plus ou moins bien avancée, le protocole a été bien écrit, je pense qu’il reste la mise en œuvre pratique de l’étude.

Bafujiinfos : Vous avez parlez de comportement qui favorise la transmission, quels sont ces comportements ?

Docteur Serge Bassolé : Déjà dans les modes de transmission, nous avons cité le mode sexuel, notamment à travers les rapports sexuels non protégés. Il s’agit d’une attitude que beaucoup de jeunes maintenant s’adonnent notamment par le biais de l’orpaillage et également beaucoup de jeunes s’adonnent à des activités sexuelles sans protection, ce qui pourrait expliquer ce taux élevé et selon d’autres études, la région du sud-ouest occupe une place avec un pourcentage élevé pour ce qui est du VIH, c’est pour dire que c’est deux maladies qui sont plus ou moins liées, ayant pratiquement les mêmes modes de transmission

Bafujiinfos : Est-ce qu’il y a des mesures spéciales qui ont été prises au niveau de la région pour lutter contre l’hépatite

Docteur Serge Bassolé : Je ne peux pas répondre puisque je ne suis pas de la DRS mais je dirai qu’essentiellement, nous mettons l’accent en tant que praticien sur la prévention et cette prévention consiste donc à faire un dépistage des populations puisqu’il existe un vaccin contre l’hépatite B mais pas pour le C malheureusement. Nous mettons actuellement l’accent sur la sensibilisation, sur les modes de transmission que nous expliquons aux patients et à leur entourage et nous préconisons le dépistage des gens que nous rencontrons. Nous essayons par le biais des structures associatives d’organiser des campagnes de dépistage, ce qui pourrait nous aider à être plus efficace dans cette prévention dans la province du Poni vu que nous ne pouvons pas répondre pour toute la région du Sud-ouest.

Bafujiinfos : Quel comportement la population doit-elle avoir pour éviter l’hépatite ?

Docteur Serge Bassolé : C’est de demander à la population de se rendre dans les centres de santé, notamment le centre médical de Gaoua, il y a aussi le CHR  pour procéder à un dépistage.  Et lorsque les personnes sont dépistées « négatif », il y a la possibilité de la vaccination et cette vaccination comporte un schéma qui est de trois injections espacées d’un mois, et qui confère une certaine immunité autour de 95% et selon les études, une immunité qui durera à peu près 10 ans. Il y a des structures associatives qui proposent le dépistage à prix social et également la vaccination à prix social. Mais dans nos pharmacies sur place, le vaccin coûte autour de 9 000 F la dose et pour ce qui est des structures associatives qui apportent leur soutien, le vaccin coûtera à leur niveau 7500 F. C’est dire que si la population exprime le besoin nous pouvons faire l’effort d’aller vers LES associations pour leur faciliter le dépistage. A défaut, l’information est que le CHR de Gaoua dispose d’un plateau technique assez bien équipé et qui permettra de faire ce dépistage et également d’assister aux activités  de prévention même de prise en charge des différents cas positifs que nous allons rencontrer. Nous mettons essentiellement l’accent sur le dépistage. Nous ne dirons pas que c’est le seul moyen mais c’est un grand pas. Nous lançons un appel à la population à avoir un comportement beaucoup plus sain et à éviter un certain nombre de pratiques notamment se protéger au cours des relations sexuelles, éviter l’usage des effets personnels d’autrui. Il faut un changement de comportement. L’hépatite ne se transmet pas par la salive.

Dar  Flavien Da

 

 

 

 



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