La ville de Gaoua, chef-lieu de la province de Poni et capitale de la région du Sud-Ouest est une ville qui accueille beaucoup de voyageurs. Les principales gares sont la grande gare routière, la gare de l’Ouest et la petite gare. Si certains voyageurs ont les possibilités d’emprunter les sociétés de transports à car, d’autres se trouvent parfois dans l’obligation de se contenter des mini bus communément appelés ‘’dinars’’.
Les ‘’dinars’’, ils sont en nombre assez important qui relient à n’importe quel moment plusieurs villes et campagnes du Burkina Faso et même des pays voisins à la ville de Gaoua et vice versa. A la petite gare de Gaoua, zone de stationnement des ‘’dinars’’, les ‘’dinars sont garés et les apprentis vont à la recherche des passagers. Ils courent de part et d’autre prenant les sacs de ceux qui se dirigent vers les dinars. Mais, ces ‘’dinars’’ dans la plupart des cas, n’ont pas d’heure de départ à plus forte raison heure d’arrivée. On entend bobo, Batié, Kampti, Galgouli, Loropéni, Diébougou, Dano, Dissin. Ou encore, monsieur, vous partez où ? Madame, c’est où ? On est déjà prêts, montez on va partir. Madame dépêchez-vous, on va partir vous laisser.
Une fois à l’intérieur, l’apprenti chauffeur ou le conducteur met en marche le moteur pour donner de l’espoir aux passagers et disparait. Mais hélas ! le moteur reste en vrombissement pendant une heure, deux heures, voire même plus. Le transport est déjà encaissé, souvent même sans billet. Obligé d’attendre. Comme pour les encourager, il revient de temps à autre appuyer sur l’accélérateur ‘’vroum vroum vroum, pi piiiiii’’ et disparait encore laissant les occupants du bus dans des odeurs nauséabondes et une chaleur accrue car par moment, les hommes occupent le ‘’dinar’’ avec des animaux, des bagages mêmes à l’intérieur du véhicule.
Des conditions de voyage frustrantes
Comme ils aiment bien le dire, « un ‘’dinar’’ n’est jamais plein ». Tu entends, poussez un peu quelqu’un va s’assoir. Ho, madame c’est 5 places, vous êtes 4, poussez. Une fois démarré les bruits des vitres cassés et des fers étourdissent tout le monde sauf les habitués. A chaque kilomètre, ce sont des arrêts soit pour prendre un passager, soit pour des bagages. Ainsi, l’heure de la destination est entre les mains de Dieu. La plupart arrive tard la nuit et abandonne leurs clients. Les effets de la fatigue sont patents sur les visages. Partant, plusieurs voyageurs arrivent et ne peuvent plus continuer leur chemin. Contraints de séjourner à la gare, ils sont exposés aux conditions climatiques et environnementales parfois défavorables (froid, poussière, moustique), chiens et voleurs qui rôdent autour.
La déception est grande. A 4 heure du matin, nous avons rencontré des voyageurs à la gare des dinars de Gaoua. Certains sont couchés à même le sol attendant des moments de gloire, et d’autres sont couchés sur leurs bagages de peur de les faire voler. Sanou Rosine, quittée Bobo pour Kampti et qui a emprunté un dinar nous raconte son calvaire. « J’ai quitté Bobo-Dioulasso aux environs de 15h et je vais à Kampti. Sur la route je ne peux même pas compter le nombre de fois qu’on s’est arrêté sur la route malgré que ce soit la nuit. Nous sommes arrivés ici à la gare de Gaoua à 22h 40min environs. Quand nous sommes arrivés, ils disent de descendre, qu’ils ne continuent pas. Quand j’ai parlé de mon transport pour la suite de mon voyage, ils disent d’attendre qu’ils me trouvent un véhicule de Kampti. Le dinar s’est retourné et l’apprenti a fait semblant de rester comme s’il nous aidait à trouver un véhicule. Après il a disparu. Ça fait mal. Je suis obligée de rester ici jusqu’au matin pour pouvoir continuer » a-t-elle regretté.
Palé Bêbê lui, couché sur son panier qui contenait une quinzaine de poulet, a quitté Gagnoa (Côte d’Ivoire) pour Djikoloko. Tout transport déjà versé et, une fois à Gaoua, le convoyeur dit qu’il gare à Gaoua. « J’ai eu le dinar à Doropo. Ils m’ont demandé où j’allais et leur ai dit Djikoloko. Ils m’ont dit de monter qu’ils partent à Dano. Maintenant, on arrive ici vers 01h ils disent être arrivés à destination. Comme je suis étranger ici, je ne sais pas où aller. Voila pourquoi je suis resté avec mes effets en attendant la première occasion pour mon village », a-t-il relaté.
Aux environs de 05h 40 mini et 06h les uns et les autres se réveillent, essuient leurs visages et attendent impatiemment les premières occasions. Vers 05h40 min, le car d’une compagnie en provenance de Galgouli pour Bobo claxonne ‘’pam paamm’’ et les voyageurs sortent un ‘’ouf’’ de soulagement et accourent vers le car. Ensuite suivent les autres compagnies de voyage.
Les propriétaires et convoyeur des dinars appelés à revoir leurs manières
Après maintes tentatives sans succès de rencontrer les convoyeurs et chauffeurs pour les entendre, nous arrivons enfin à tendre notre micro à un des leurs qui accepte se défendre mais, dans l’anonymat. Ce dernier nous confie que c’est souvent par manque de passagers qu’ils sont dans l’obligation d’écourter leurs voyages. Il poursuit ses explications en disant que ces au regard du nombre insuffisant et du frais du transport pour couvrir les dépenses qu’ils agissent souvent ainsi. Toutefois il a présenté leurs excuses aux voyageurs victime.
Il est évident que tout le monde se bat pour se construire un avenir meilleur mais, chacun doit participer au bonheur de l’autre. Les horaires de départ et d’arrivée peuvent ne pas être respectées mais, les des destinations doivent être atteintes. La vie humaine est très précieuse et sacrée. En effet conduire des voyageurs et les abandonner dans une gare tard la nuit, laissés à eux-mêmes, c’est de les exposer à certains dangers.
Wonomana DA
Bravo à Bafujiinfos.com pour cet article. Cette immersion dans l’univers des dinars a fait ressortir la pure réalité de ces moyens de transport que nous sommes amenés à emprunter souvent par contrainte.