Le lundi 18 novembre 2024, Momo Sami Raymond, étudiant en Master II d’études culturelles à l’Université Joseph Ki-Zerbo, a présenté avec succès son mémoire intitulé « Les pratiques et expressions sociales associées au yelen de Sinara ». Cette soutenance, marquée par une ambiance studieuse et enthousiaste, a captivé l’attention du jury et des invités présents.
Face à un jury composé du président, le Professeur Alain Joseph SISSAO, du directeur de mémoire, le Professeur Ludovic Ouhonyioué KIBORA, et du rapporteur Docteur Souleymane GANOU, Momo Sami Raymond a brillamment exposé son travail avec clarté et passion. En introduction, il a expliqué pourquoi il avait choisi de limiter son étude à la localité de Sinara, mettant en avant la diversité des appellations du yelen (balafon en lobiri) dans différentes régions. « Les appellations liées au yelen diffèrent d’une localité à une autre. Nous avons jugé nécessaire de délimiter la zone d’étude pour respecter certaines formalités », a-t-il justifié.
Il a ensuite approfondi les motivations de son choix, mettant en lumière le rôle fondamental du balafon dans les pratiques sociales des Lobi. « Le balafon est présent dans presque toutes les pratiques sociales chez les Lobi. Il joue un rôle très important, que ce soit au niveau de la cohésion sociale, de la médecine ou encore de la communication », a-t-il affirmé.
Cependant, l’étudiant n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude face au désintérêt croissant de la jeunesse lobi pour cet instrument traditionnel. « Aujourd’hui, la jeunesse lobi ne s’intéresse pas assez à cet instrument de musique qui renferme un pan de l’histoire des Lobi. Si cette situation perdure, le balafon risque de disparaître », a-t-il alerté, ajoutant que cette disparition mettrait en péril de nombreuses pratiques sociales et culturelles associées.
Dans sa présentation, Momo Sami Raymond a structuré son travail autour de plusieurs axes clés. Il a notamment décrit les différents usages sociaux du yelen, qui accompagne des événements tels que les funérailles, les cérémonies de réjouissance, les initiations, ou encore des rites coutumiers spécifiques comme le « djôrô », le « bour » et le « bir ». Par ailleurs, il a analysé les expressions artistiques liées à cet instrument, en l’occurrence la musique, les danses, les théâtralisations et les chansons. Il a également étudié les mutations du patrimoine culturel et immatériel (PCI) lié au balafon lobi, mettant en évidence l’impact de la mondialisation et des nouvelles technologies. « Avant, la musique du balafon n’était pas enregistrée. Mais aujourd’hui, elle est disponible sur des plateformes comme YouTube et Boom Play, et même déclarée au Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA) », a-t-il noté, soulignant que ces avancées technologiques contribuent à la préservation et à la diffusion des sonorités du balafon tout en renforçant le patrimoine culturel qui l’entoure.
Le jury a unanimement salué la richesse et la profondeur de ce travail, qui mobilise des outils d’analyse culturels tout en intégrant des approches sociologiques et anthropologiques. « C’est un travail de recherche totale, parce qu’il fait appel à la sociologie, à l’anthropologie… », a commenté le Docteur Souleymane Ganou, insistant sur la multidisciplinarité de l’étude. Cette appréciation s’est reflétée dans la note finale de 17/20 attribuée à l’étudiant.
Momo Sami Raymond s’est dit satisfait de cette évaluation :« Je suis satisfait parce que le choix du sujet n’a pas été facile. Mais nous nous en sommes sortis grâce au soutien du Professeur Ludovic Ouhonyioué KIBORA, qui nous a fourni toute la documentation nécessaire », a-t-il déclaré, exprimant sa gratitude.
Fort de ce succès, l’impétrant projette d’éditer son mémoire pour sensibiliser un public plus large à l’importance du yelen. Il a également lancé un appel aux mécènes et aux passionnés de culture pour l’aider à concrétiser ce projet. Enfin, il ambitionne de poursuivre ses recherches dans le cadre d’une thèse afin d’approfondir les thématiques abordées.
Avec cette soutenance, Momo Sami Raymond pose un jalon important dans la valorisation et la préservation du patrimoine lobi, tout en contribuant significativement au domaine des études culturelles au Burkina Faso.
Kambou Dimanche & Farma Aimé