Antoine de Padou POODA, prêtre catholique du diocèse de Gaoua est lauréat du prix Lord ACTON pour l’excellence dans la promotion d’une société libre, prospère, vertueuse et juste. Le prix lui a été décerné le lundi 14 Octobre à Rome au cours d’un dîner gala qui a mobilisé plus de 130 femmes et hommes d’État et d’Église dont des entrepreneurs et opérateurs économiques, des diplomates, des évêques et des cardinaux venus de France, d’Espagne et des États-Unis d’Amérique. C’était à l’Hôtel Sant ’Elena. Bafujiinfos met en lumière cette distinction à travers l’interview que nous vous proposons.

Bafujiinfos : Pour commencer, monsieur l’abbé Antoine de Padou POODA, pouvez-vous vous présenter à nos internautes ? 

Ab POODA : Avant de décliner mon identité, je voudrais traduire toute ma gratitude à l’endroit de Bafujiinfos qui braque ses projecteurs sur moi, me donnant ainsi l’opportunité de parler de ce Prix que je viens de recevoir. Mon souhait était de vivre cet évènement sans tambour ni trompette. Malheureusement ou heureusement, me voilà dans la nasse des médias et des réseaux. Revenant à votre question, je suis Antoine de Padou POODA, natif de Kampti et prêtre catholique du diocèse de Gaoua dans le Sud-Ouest du Burkina Faso. Après mon école primaire à Kampti-Bouti et ma formation au petit Séminaire Saint Tarsicius de Diébougou, j’ai poursuivi mes études supérieures philosophiques au grand séminaire Saint Jean-Baptiste de Wayalghin (Ouagadougou) puis le cycle théologique au grand séminaire Saint Pierre-Claver de Koumi (Bobo-Dioulasso). Depuis mon ordination presbytérale en 1999, j’ai exercé mon ministère sacerdotal en tant que formateur au petit séminaire Saint Tarsicius puis curé de la paroisse Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Kampti. Après mon expertise en Éducation Sociale, mon master en Gestion des Conflits et mon doctorat en Missiologie à l’Université Pontificale Urbanienne de Rome, je suis depuis 2016 enseignant-chercheur en faculté de missiologie de cet établissement supérieur du Vatican.

Bafujiinfos : Monsieur l’abbé, parlez-nous maintenant de l’Institut Acton qui vous a décerné ce prix. Quelle présentation pouvez-vous faire de cet Institut ?

Ab POODA : Fondé en 1990 par Robert A. Sirico qui m’a remis ce prix himself, l’Institut Acton a son siège à Grand Rapids (Michigan) aux États-Unis d’Amérique et s’assigne pour mission de promouvoir une société libre, vertueuse et prospère, basée sur des valeurs interreligieuses. En 1999, l’organisation ouvrait sa représentation à Rome, l’unique du genre en Europe. Depuis 2013, je participe régulièrement aux universités d’été organisées à Grand Rapids (USA), haut lieu d’échanges intellectuels et fraternels entre hommes et femmes de tous les cinq continents toutes religions confondues.

Bafujiinfos : Père Antoine, parlez-nous de votre collaboration avec l’Institut Acton.

Ab POODA :  Depuis 2013 je suis membre de l’association des Alumni de l’Institut Acton et en 2022 j’ai été finaliste de leur prestigieux prix Novak. Je collabore aussi avec l’organisation en qualité de codirecteur d’un projet de recherches sur l’importance des marchés entrepreneuriaux et l’État de droit en Afrique francophone. Dans cette optique, j’ai organisé de manière indépendante à Kampti des conférences sur la cohésion sociale, les initiatives entrepreneuriales à base communautaire, la construction de la paix, l’éducation aux valeurs endogènes etc., ainsi que des mini-foires ouvertes à la société civile, aux élèves et étudiants, aux membres et leaders des différentes confessions religieuses. En matière de recherches scientifiques j’ai publié au compte l’Institut un livre sur l’économie du don intitulé État de droit et économie en Afrique francophone à l’aune du don. Le tiers-paradigme peut-il sauver le tiers-monde ? (Éditions le Harmattan, 2023). Je signale aussi dans la foulée ma contribution à l’édition et à la présentation d’un classique de l’Institut Acton intitulé Le bien que font les affaires (Éditions Boleine, 2024) en juillet et août derniers à Kampti.

Bafujiinfos : Monsieur l’abbé, que représente pour vous ce prix et que comptez-vous faire de ce prix ?

Ab POODA : Le Prix Lord Acton, est une occasion dorée pour faire connaître davantage le « Pays des Hommes intègres ».Le Burkina Faso est à un tournant décisif de son histoire et chacun(e) de ses fils et filles en amont comme en aval, à l’international comme au niveau national est « au front » pour reconquérir les valeurs d’intégrité et de probité en perdition, pour jouer sa partition dans la reconquête de l’intégralité du territoire, le tout dans un esprit d’intégration soit d’inclusion de chaque personne et de chaque groupe ethnique dans l’unique et indivisible patrie/nation des « Hommes intègres » sans discrimination, sans stigmatisation. L’occasion de ce dîner gala était une aubaine pour faire comprendre aux participants que le combat que mène mon pays pour un Burkina souverain, émergent et enraciné dans ses valeurs endogènes n’est pas aux antipodes des droits humains et des aspirations légitimes de toute personne et de toute nation. Cette lutte est en adéquation avec les efforts que mène l’Institut Acton pour l’édification d’une humanité libre, vertueuse et florissante. Pour ma part, c’est un combat noble que je me suis approprié avec autant de passion que de raison. Le partenariat gagnant-gagnant avec l’Institut Acton peut inspirer de nouveaux paradigmes d’interdépendance positive entre les personnes et les nations.

Bafujiinfos : Ce Prix, si vous deviez le dédier à quelqu’un, à qui serait-ce ?

Ab POODA : Merci de votre question. Je dédie ce Prix au Burkina Faso et aux « Hommes intègres ». Dès l’entame de mon allocution à la cérémonie, j’ai demandé d’observer une minute de silence pour les victimes des guerres, du terrorisme et des violences diverses qui affectent le monde en général, l’Afrique en particulier et plus spécifiquement le Burkina Faso, ma terre natale. Et j’ai tenu à préciser que la série noire des guerres provoquées, imposées et entretenues touche le monde entier et non seulement l’Ukraine, la Russie et le Moyen-Orient. Il est impératif de démasquer les puissances pyromanes qui délocalisent leurs batailles dans nos contrées et tentent en même temps de nous duper en jouant aux pompiers. Á l’instar du Burkina Faso, de nombreux pays d’Afrique et d’autres continents sont en quête de souveraineté et de dignité. Et cette aspiration légitime est malheureusement étouffée par des guerres absurdes qui font moults victimes innocentes. Le cas du Burkina Faso illustre bien mon propos. C’est pourquoi je dédie ce prix au peuple burkinabè constitué non seulement des citoyens du Burkina Faso mais aussi de tous les hommes et femmes intègres qui, partout dans le monde, luttent pour la dignité humaine. Ce prix est donc celui de tous ceux et celles qui s’engagent ardûment et ardemment en faveur de la prospérité des peuples et d’une société vertueuse dans la justice et la paix. Ces hommes et ces femmes qui aspirent à l’intégrité ne sont-ils pas des « burkinabè anonymes » dans l’acception étymologique du terme ?

Bafujiinfos : Monsieur l’abbé vous avez un dernier mot pour terminer ?

Ab POODA : Oui merci. C’est tout d’abord une prière d’action de grâce à Dieu qui ne cesse de me surprendre. En outre je voudrais traduire toute ma reconnaissance à l’Institut Acton qui m’a honoré à travers l’octroi de cette distinction. Mes remerciements vont à l’endroit de ceux et toutes celle qui depuis l’annonce de ma distinction ne cessent de me prodiguer leurs compliments et encouragements. C’est à la fois stimulant et tonifiant. Étant donné que j’évolue dans le milieu universitaire, je conclus mon propos en invitant la jeunesse estudiantine à « bosser dur » et à viser l’excellence. Quant à vous Bafujiinfoss, merci et toutes félicitations pour le beau travail médiatique que vous abattez. Bon vent à vous.

Interview réalisée par :

Sansan Bertin SIB

tinosbs@gmail.com