Hien karanlité est marié et père d’un garçon. Aujourd’hui mécanicien de vélos près du rond-point de la maison d’arrêt et de correction de Gaoua, l’homme, la trentaine bien sonnée vit de son métier de mécanicien avec sa petite famille. Courageux de par son modèle de combativité dans la vie, le jeune handicapé moteur a convaincu Bafujiinfos de lui tendre son micro.
On peut tout reprocher à un Lobi sauf la négligence de sa dignité, de sa fierté. Le natif du village de Djêpèra n’a pas dérogé à la règle. Malgré son handicap moteur il a décidé de manger à la sueur de son front. Hien débute sa formation en mécanique vélo à partir de 2002 auprès d’un grand frère. Il rejoint plus tard l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) pour approfondir ses connaissances sur le dépannage moto et vélo.
Enfin un atelier après de nombreux sacrifices
En 2011, Hien Karanlité sort de l’ANPE et ouvre son tout nouveau garage de réparation de vélos. « Je connaissais le travail il y a longtemps, mais je ne disposais pas les moyens nécessaires pour ouvrir mon atelier. J’ai produit donc du riz, du maïs, le haricot au village. J’avais un porc également que j’ai vendu. Ça me faisait un total de 150 milles. Avec cette somme j’ai acheté le matériel de travail et je me débrouille jusqu’aujourd’hui. » relate le grouilleur.
« Le travail même s’il n’arrive pas à sortir l’homme de la misère, lui garantit sa dignité,» écrit Amadou Koné. Pour Karanlité, la mécanique ne lui permet pas de mener une vie luxueuse mais l’épargne de la mendicité. « Ici je ne gagne pas beaucoup mais ça me permet d’assouvir mes besoins élémentaires. » clame le mécanicien.
D’ailleurs selon ses dires, l’association des personnes vivant avec un handicap interdit la mendicité d’un des leurs au risque de ternir l’image des PVH à Gaoua. « Nous avons une association, et si on te prend en train de quémander au bord de la voie, on vient te rencontrer pour voir quelles sont tes difficultés et comment trouver des solutions pour t’épargner de la mendicité. » explique Hien.
Le métier de mécanicien fait vivre Karanlité mais en période de vacances, le marché est morose parce que les élèves ne sont plus là. Ce qui conduit Hien karanlité à mettre sa deuxième casquette, celle de l’agriculteur. En saison hivernale, le mécanicien range les clés et prend la daba dans son village. A écouter le mécanicien « là où c’est pénible, c’est là-bas qu’il y a à manger. » À l’avenir, Karanlité ambitionne acheter les pièces de vélos pour remplir son magasin, les utiliser pour les réparations et vendre en détail si les moyens sont disponibles.
L’association des personnes vivant avec un handicap a besoin d’un siège à Gaoua
L’ultime cri de cœur des PVH est la construction de leur siège à Gaoua. « Ce que nous les PVH demandons au gouvernement c’est qu’il nous dote d’un siège social où on peut exercer plusieurs métiers tels que la soudure, la coiffure, la mécanique, … »
Somé Sansan