À une année de sa retraite, Madame Edwige Traoré, née Poda, professeur certifiée de français au Lycée Provincial Bafuji de Gaoua, a été sacrée meilleure enseignante du post-primaire et secondaire de la région du Sud-Ouest. Elle a été célébrée le 20 août 2024 à la Journée nationale de l’excellence, présidée par le capitaine Ibrahim Traoré. Elle a reçu un prix composé d’une moto de la marque Sirius (originale), d’un ordinateur HP, d’une lettre de félicitations et d’une somme de 250 000 F CFA. À travers sa rubrique dédiée aux acteurs de l’éducation « Combattants de l’ignorance », Bafujiinfos est allé à la découverte de l’histoire de cette amazone du système éducatif burkinabè. Lisez plutôt!
Bafujiinfos.com : Vous dites avoir embrassé l’enseignement depuis 1994, parlez-nous de vos débuts et de votre parcours.
Madame Edwige Traoré/Poda : Dans l’enseignement, mon parcours a été assez évolutif. J’ai d’abord commencé par le primaire avant d’arriver au post-primaire et secondaire. J’ai travaillé pendant au moins 16 ans au primaire avant de rejoindre le secondaire en 2010, suite à un recrutement qui concernait ceux ayant un diplôme universitaire et souhaitant enseigner au secondaire. Je suis donc rentrée juste après ma licence. À ce moment-là, nous étions recrutés en tant qu’IA (Instituteur Adjoint). Progressivement, grâce aux concours professionnels, j’ai pu évoluer jusqu’à obtenir mon CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle).
Bafujiinfos.com : Est-ce par vocation ou par « accident » que vous êtes arrivée dans ce domaine ?
Madame Edwige Traoré/Poda: Je peux dire que c’est par vocation. Parce que quand je partais à l’université pour moi c’était pour aller faire sciences de l’éducation. Donc tout ce qui était en contact avec l’enfant, ça m’intéressait. Je n’ai pas pu obtenir l’option science de l’éducation donc, j’ai été orientée en lettres modernes. Là j’ai profité faire art du spectacle comme ma spécialité. Je faisais le théâtre et j’étais dans la troupe de Jean-Pierre Guingané. Après la licence, immédiatement j’ai fait le concours des IA. Il fallait faire IA, faire deux ans et postuler pour Instituteurs Adjoints Certifiés. Mon premier poste était à l’école communale de Manga où j’ai passé 14 ans.
Bafujiinfos.com : En quelle année exactement êtes-vous arrivée dans la région du Sud-Ouest ?
Madame Edwige Traoré/Poda : Dans la région du Sud-ouest, je suis arrivée en 2006. Et quand j’arrivais on m’a retenu au niveau de la DPENA au secrétariat. C’est de là-bas, j’ai postulé pour arriver au secondaire. Ainsi, j’ai été affectée au lycée provincial Bafuji de Gaoua depuis 2010 jusqu’aujourd’hui.
Bafujiinfos.com : Vous êtes désignée meilleure enseignante au post primaire et secondaire dans la région du Sud-Ouest. Vous avez été primée lors de la Journée de l’excellence scolaire 2024 par les autorités gouvernementales. Que signifie cette distinction pour vous ?
Madame Edwige Traoré/Poda: Un plaisir. Je me dis que c’est quand même une reconnaissance qui va droit au cœur, vu le parcours. Je ne voulais pas me limiter seulement au secondaire, je voulais continuer pour l’enseignement supérieur. Mais quand les efforts sont reconnus par l’Etat, je ne peux qu’être fière. Pour les prix, c’est mon tout premier prix, quant aux distinctions, j’ai été décorée le 11 décembre 2023, Chevalier de l’ordre de mérite. Et je me dis à l’orée de ma retraite que je vais en 2025, on ne peut que rendre gloire à Dieu.
Bafujiinfos.com : Dites-nous, quel a été votre secret dans l’enseignement ?
Madame Edwige Traoré/Poda: La toute première des choses, c’est l’amour du travail et surtout l’amour pour les enfants. La seconde, c’est l’humilité. Il ne faut pas dire que je connais car on ne peut pas tout connaitre. Etre ouvert et aller vers les autres et profiter de leurs expériences.
Bafujiinfos.com : Dans votre parcours d’enseignante, qu’est-ce qui vous a le plus positivement et négativement marqué ?
Madame Edwige Traoré/Poda : Côté positif, c’est surtout au primaire. Quand j’ai fini le SND je suis allée pour le service pour la première fois, ils m’ont donné une lasse de CP1. Je me demandais comment j’allais me débrouiller. Dieu faisant les choses, je me suis accrochée. Et la toute première fois qu’un élève m’a fait une phrase en français, ah là !! J’étais aux anges. Les enfants qui viennent de la maison qui ne comprennent rien, et lorsqu’ils arrivent à faire une phrase correcte en français, ça ne dépasse pas ça.
Côté négatif, il n’y en a pas mais, c’est lorsque tu fais le cours et après une évaluation je me rends compte que les élèves ne s’en sortent pas comme je veux, je me remets chaque fois en cause. Tu demandes toujours si la leçon est bien préparée, si elle est bien dispensée, encore si les questions sont bien posées ainsi de suite.
Bafujiinfos.com : Avez-vous rencontré des difficultés dans votre carrière ?
Madame Edwige Traoré/Poda: Les difficultés, peut-être coté administratif avec les dossiers de reclassement et d’avancement. Si non, si c’est pour les cours, je n’ai pas rencontré de difficultés. Parce que les collègues sont là et quand je ne comprends pas quelque chose je m’appuie sur un qui essaie de me venir en aide. Voilà pourquoi je dis qu’on ne peut pas tout connaitre.
Bafujiinfos.com : Aujourd’hui doyenne de l’enseignement, quel(s) conseil(s) avez-vous pour la jeune génération qui embrasse ce métier ?
Madame Edwige Traoré/Poda : Je dirai tout simplement, il faut avoir l’amour du travail et surtout être patient avec les enfants. Il faut se mettre au niveau de l’enfant. Il est vrai que quand tu te mets au niveau de l’enfant, tu as tendance à voir ton niveau baisser mais, comme nous sommes là pour eux, il faut leur accorder de l’importance car nous sommes là parce que eux ils sont là. Il faut également du respect pour les collègues, les ainés et aux supérieurs hiérarchiques
Bafujiinfos.com : Quel est votre dernier mot ?
Madame Edwige Traoré/Poda:Mon dernier mot c’est de dire merci à Dieu et à mes supérieurs hiérarchiques qui m’ont beaucoup aidés et encouragés. Aussi aux collègues qui m’ont beaucoup soutenu et qui m’ont toujours respecté. Merci également au Journal Bafujiinfos.com pour son sens d’humilité et de reconnaissance.
L’autre chose est que je profite aussi lancer un appel aux plus hautes autorités à enrichir davantage les acteurs éducatifs avec la documentation. Egalement, que les premiers responsables de l’éducation au niveau régional et provincial délivrent également des lettres d’encouragement aux professeurs lorsque l’établissement fait de bons résultats, à défaut les titulaires des classes d’examen.
Wonomana DA et Antoine BICABA