À 7 heures du matin, les rues de Gaoua se transforment en un ballet incessant de motocyclettes et vélomoteurs. Au milieu de cette foule pressée, des élèves en uniforme zigzaguent entre les véhicules, coiffés de foulards, de casquettes ou parfois de rien du tout. Le casque, cet indispensable rempart contre les blessures graves, semble presque invisible. Et pourtant, chaque moteur qui vrombit porte en lui un risque que les campagnes de sensibilisation peinent encore à enrayer.
À l’aube de l’année scolaire 2024-2025, l’Office National de la Sécurité Routière (ONASER) avait lancé une initiative ambitieuse : faire du casque un outil aussi courant qu’un cahier ou une trousse. Pourtant, quelques mois après, le constat est sans appel. Dans les cours des établissements scolaires de Gaoua, rares sont les élèves à arborer cet équipement pourtant crucial.
Aux abords du Lycée Provincial Bafuji, des dizaines de motos s’alignent. Pas un casque n’est visible. « Nous avons entendu parler de la campagne, mais personne ici ne porte de casque. On préfère attendre que ce soit obligatoire, » confie Hurbain Somé, élève au Complexe Scolaire Notre Dame de l’Annonciation, un sourire embarrassé aux lèvres.
Les parents entre conscience et hésitation
Dans les quartiers de Gaoua, la sécurité des enfants est une préoccupation reconnue, mais pas toujours traduite en actes. Madame Youl, mère de deux filles dépose ou ramène chaque jour ses enfants à l’école où à la maison. Ni elle ni ses enfants ne portent de casque. À la question de savoir pourquoi cet état de fait, elle, admet : « Le casque, c’est essentiel. Mais nous ne l’avons pas inclus dans nos achats pour cette rentrée. Je promets de le faire bientôt. »
Contrairement à Mme Youl , Seydou Bamba porte un casque.Malheureusement ses enfants ne portent pas de casque. « Je suis conscient des risques », affirme ce père de famille, tout en avouant qu’il n’a pas encore équipé ses enfants. Ces témoignages reflètent une réalité commune : l’intention est là, mais l’action tarde, freinée par l’absence de coercition et parfois par le coût des casques.
Un exemple qui inspire
Pourtant, certains parents et élèves montrent la voie. Da Sié, un jeune garçon au sourire timide, ajuste son casque noir avant de démarrer. « Mon grand frère a eu un accident terrible l’an dernier. Son casque lui a sauvé la vie. Depuis, je ne sors jamais sans le mien, » raconte-t-il, déterminé.
Au Lycée Provincial Bafuji, des initiatives commencent également à émerger. Julien Nikiéma, proviseur de l’établissement, explique : « Nous avons intégré la sensibilisation dans nos cours. À terme, nous envisageons de rendre le casque obligatoire pour accéder au lycée. C’est une question de temps et de mentalités. »
Un combat collectif pour changer les habitudes
Les rues de Gaoua racontent l’histoire d’une société en transition. Entre la prise de conscience grandissante et l’attentisme, le port du casque reste un défi à relever. Les parents jouent un rôle clé dans cette évolution : en équipant leurs enfants et en leur enseignant les règles de la route, ils pourraient éviter des drames inutiles.
Dans les établissements scolaires, la sensibilisation doit se poursuivre, jusqu’à ce que le casque devienne aussi naturel que le sac à dos sur les épaules des élèves. « C’est un chemin long, mais nous sommes sur la bonne voie, » conclut Mariam Kaboré, enseignante engagée dans une campagne de sensibilisation.
Adopter le casque, c’est bien plus qu’une obligation : c’est un acte de responsabilité, un geste pour préserver des vies et transformer les habitudes des jeunes usagers de la route. À Gaoua, le vent du changement souffle, doucement mais sûrement.
wonomana DA