Batié, 28 juin 2025 – Enclavée depuis plusieurs décennies, la commune de Batié, située dans la province du Noumbiel, région du Sud-Ouest, entrevoit enfin une lueur d’espoir avec le bitumage en cours de la Route Nationale 11 (RN11). Longue d’environ 68,5 kilomètres, cette infrastructure reliant Gaoua à Batié suscite à la fois espoir, soulagement… mais aussi impatience et inquiétude.À l’occasion d’un micro-trottoir réalisé le samedi 28 juin 2025, les habitants de Batié ont exprimé leurs ressentis sur l’état d’avancement des travaux, ainsi que leurs attentes grandissantes.
Lancé officiellement le 27 avril 2023, le projet de bitumage de la RN11 devait initialement être achevé en 24 mois. Pourtant, plus de deux ans après, seuls une dizaine de kilomètres, à proximité de Gaoua, semblent revêtus de bitume. Lors de notre passage à Batié, les travaux d’imprégnation et de bitumage étaient encore loin d’atteindre la commune. Une lenteur qui alimente le mécontentement des riverains, fatigués d’attendre.
Ambro Da, producteur agricole et natif de Batié, se réjouit tout de même de la portée du projet :« Le bitumage de la route Gaoua–Batié est salutaire. Pendant longtemps, se déplacer sur cet axe relevait du calvaire. Cette route facilitera l’écoulement de nos productions vers Gaoua. Pour cela, nous remercions les autorités pour leurs efforts. »
Mais son enthousiasme est vite tempéré :
« Franchement, ça tarde trop. Pour aller à Gaoua, c’est toujours le parcours du combattant, avec des déviations souvent dangereuses. Quand il pleut, la boue rend la route impraticable. Quand il fait sec, c’est la poussière qui nous étouffe. Il est urgent que les travaux s’accélèrent. »
Des impacts économiques déjà ressentis
Du côté des commerçants, les préoccupations sont similaires. Tous s’accordent à dire que cette route pourrait booster leurs affaires. Mais ils craignent que ce développement tant espéré ne soit encore repoussé.« Nous souffrons toujours sur cette voie. Les travaux avancent à pas de caméléon. Cela freine nos activités : il y a moins d’affluence et nos marchandises arrivent souvent en retard », confie un vendeur de vêtements sous couvert d’anonymat.Un autre commerçant, spécialisé dans la vente de motos, abonde dans le même sens :« Nous attendons ce goudron impatiemment. Mais ça traîne trop. On ne comprend pas ce qui bloque. Que les responsables se penchent sur le problème pour que les travaux avancent enfin. »
Une route vitale pour les transporteurs
Pour les transporteurs, principaux usagers de l’axe, la situation est préoccupante.
« Je suis heureux du projet. J’emprunte régulièrement cette route. Mais les travaux traînent. Les déviations sont dangereuses : le moindre faux pas peut provoquer un accident. Nous transportons des marchandises et faisons tout pour éviter les drames, mais ce n’est pas facile », témoigne un chauffeur de la ligne Batié–Ouagadougou.Avec l’arrivée imminente de la saison pluvieuse, les craintes s’intensifient. Les pluies risquent de ralentir davantage les travaux et compliquer la circulation déjà pénible sur cette route stratégique.
Un appel à l’action
Le bitumage de la RN11 est sans conteste un chantier d’espoir pour Batié. Mais la lenteur dans sa mise en œuvre érode la patience des populations. Commerçants, producteurs et usagers espèrent que cette route, porteuse de développement, ne restera pas un simple mirage sur un chantier poussiéreux.
À l’heure où chaque averse devient un obstacle et chaque détour un danger, l’appel à l’accélération des travaux résonne comme un cri du cœur : Batié ne demande qu’à sortir de l’ombre, par la route.
Wonomana DA