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Les Echos du Sud-Ouest

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Sécurité des passagers sur l’axe Ouaga-Gaoua : un trajet sous tension entre vitesse et fatigue


L’axe Ouagadougou-Gaoua, long de 386,85 kilomètres, est desservi par plusieurs compagnies de transport. Si ces trajets sont indispensables pour relier les deux villes, les conditions de voyage des passagers et des conducteurs soulèvent des interrogations. Entre surcharge des véhicules, longues heures de conduite sans relai et pauses limitées, la sécurité reste un défi majeur pour les acteurs du transport. Ce reportage met en lumière les réalités de ce trajet quotidien, les témoignages des usagers, et les appels à une meilleure organisation des compagnies.

 

 

Reliant la capitale politique Ouagadougou à la ville de Gaoua, capitale de la région du Sud-Ouest, l’axe de 386,85 kilomètres est parcouru en moyenne en 7 à 8 heures par les compagnies comme la Société de Transport Aorêma et Frères (STAF) et Transport Sana Rasmané (TSR). Si cette durée peut sembler raisonnable pour un trajet interurbain, elle cache des conditions de voyage éprouvantes. Joël Nayaga, conducteur expérimenté depuis 11 ans, témoigne :« Ce matin, j’ai quitté Ouaga à 6 heures et je viens d’arriver à Gaoua à 14 heures. Je dois encore continuer à Kampti avant de revenir sur Ouaga aujourd’hui même. Ce n’est pas facile». Cette cadence effrénée n’est pas sans risque, ni pour les chauffeurs, ni pour les passagers. Avec des allers-retours quotidiens de près de 774 kilomètres, les conducteurs enchaînent les heures de conduite sans assistance ni repos adéquat.

Les passagers face à un voyage éprouvant
Pour les passagers, le sentiment de soulagement à l’arrivée contraste souvent avec le stress du trajet. Issoufo Sédogo, un voyageur, raconte :« Nous avons quitté Ouaga à 6 heures et nous venons juste d’arriver à Gaoua. Le chauffeur était seul pour tout le trajet». Fatoumata Tou, une autre passagère, déplore les pauses limitées : « À part une escale rapide à Boromo et les contrôles policiers, nous n’avons quasiment pas eu de moments pour nous reposer surtout pour le conducteur ». Elle renchéri « un seul conducteur pour tout ce trajet c’est risqué . je pense qu’au délà de l’exploit du chauffeur, il »

Des conducteurs épuisés, un système à repenser

Conscients des risques liés à la fatigue, les conducteurs appellent à une réorganisation. Joël Nayaga plaide pour des conditions de travail plus humaines : « Il serait préférable qu’un chauffeur qui arrive à Gaoua puisse se reposer et reprendre le lendemain. Pour les longues distances comme Ouaga-Gaoua, nous devrions être deux pour nous relayer » . Boukary Guénokome, conducteur depuis 10 ans, partage cet avis, estimant que les exigences actuelles compromettent leur sécurité et celle des passagers.

Si les conducteurs appellent à des réformes internes des compagnies, les passagers ont également un rôle à jouer. Le port de la ceinture de sécurité, souvent négligé, devrait devenir un réflexe systématique. Les sociétés de transport, quant à elles, doivent prioriser la sécurité sur la rentabilité, en intégrant des chauffeurs supplémentaires et en respectant les normes de repos pour leurs employés.

Le trajet Ouaga-Gaoua illustre les défis auxquels font face les compagnies de transport au Burkina Faso. Entre les contraintes économiques et les impératifs de sécurité, un équilibre doit être trouvé. La mise en œuvre de solutions pratiques, comme l’affectation de deux conducteurs par car ou la révision des horaires, s’impose pour éviter les drames sur la route. À terme, seule une volonté concertée entre les autorités, les compagnies et les passagers permettra d’assurer des voyages sûrs et confortables pour tous.

Wonomana DA



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