Sami Doph, son nom d’artiste et de son vrai nom PALE Sami Dopete est né le 14 janvier 1985 à Nako. Il a laissé les bancs très tôt pour se lancer dans l’aventure. Issu d’une famille polygame, à la classe de CM2, il abandonne l’école pour s’essayer dans la musique. De la Cote D’ivoire il rentre au Burkina en 2006 avec une grande ambition de faire de la musique. Nous l’avons rencontré lors de la 1ère édition du festival retour à la source de Nako. Il a accepté à cœur ouvert partager avec nous son expérience dans la musique. Lisez plutôt.
Bafujiinfos.com : D’abord présentez-vous à nos lecteurs et dites-nous quel niveau d’étude avez-vous ?
Sami Doph : A l’état civil, je me nomme Palé Sami Dopèté , Sami Doph pour les mélomanes. J’ai décidé de laisser l’école et faire place aux petits frères très tôt car étant nombreux dans la famille notre père avait des difficultés financières. J’ai laissé pour que mes petits frères pour qu’eux aussi bénéficient de l’éducation du Blanc. Donc depuis le CM2 j’ai arrêté et puis je suis allé en côte d’ivoire et revenir en 2006.
Bafujiinfos.com : Que faites-vous comme métier actuellement ?
Sami Doph : Je travaille dans une société, AIMGOLD-EST, une société privée basée à Ouagadougou. C’est de là-bas je puise mon salaire pour produire mon album comme je n’ai pas de soutien.
Bafujiinfos.com : Dites-nous depuis quand avez-vous commencé à faire de la musique ?
Sami Doph : Je suis rentré dans la musique en 2010, mais cela avait commencé depuis la côte d’Ivoire. J’ai eu à faire un album qui a paru en 2013, et 2018-2019 j’ai relancé un autre album présentement on est dessus.
Bafujiinfos.com : Quel était votre activité en côte d’ivoire avant que la musique ne vous attire?
Sami Doph : Avant de commencer à faire de la musique, j’étais dans une plantation en Côte-d’Ivoire, et c’est de là-bas qu’est née l’idée pour moi de faire de la musique qui est déjà une passion pour moi. En fait, il y a des artistes qui m’ont aussi inspiré et c’est de là j’ai décidé de faire de la musique.
Bafujiinfos.com : Alors quel artiste vous a plus inspiré ?
Sami Doph : C’est l’artiste R-Kelly. Vous verrez quand vous écouter mes chansons c’est monotone ce n’est pas aussi traité comme ce qu’on a l’habitude de voir. Après j’ai fait la connaissance avec le groupe Yelen qui m’a inspiré. Avant c’est de la musique rap que je faisais, puis je suis rentré dans la variété musicale. je fais la world musique.
Bafujiinfos.com : « Danami » et « Tibil nado thagba ga » sont deux albums que vous avez sur le marché de disque alors dans quelles conditions avez réalisé ces albums ?
Sami Doph : Dans des conditions les plus difficiles je dirai, puisque je m’auto produit. Présentement je n’ai pas de soutien c’est vraiment difficile. Je profite lancer un appel à toute personne de bonne volonté, ceux qui veulent m’aider qu’ils sont les bienvenus. L’album sorti en 2018 est baptisé « danami » un album de six titres « danami » c’est en lobiri qui signifie approche- toi de moi et tu comprendras que Dieu ne dort pas. Dans cet album je chante le vécu quotidien, parce que étant moi-même dans ce village j’ai essuyé pas mal d’injures et de qualifications donc tout cela m’a inspiré aussi. On me qualifiait ici que je suis un enfant drogué, pourtant non ! C’est ce qu’on dit: un artiste, que ce soit le bonheur ou le malheur il doit arriver à tirer quelque chose comme leçon.
Bafujiinfos.com : Concrètement comment se comportent ces deux albums ?
Sami Doph : Disons, j’ai rencontré beaucoup de difficultés pour faire promouvoir mon album. Côté finance on a du pain sur la planche. Il faut faire le tour du Burkina pour la promotion, ce n’est pas du tout aisé. Car il n’y a pas de moyens. Le premier album sorti n’a pas marché pour faute de moyens pour la promotion, le deuxième également ce sont les mêmes problèmes que je rencontre. Si quelqu’un peut venir à mon aide cela me ferait beaucoup plaisir. Le premier album « Tibil nado thagba ga » en lobiri également qui signifie personne n’est Dieu sorti n’a pas malheureusement marché comme je l’aurai souhaité, toujours pour faute de moyen.
Bafujiinfos.com : Vous êtes alors confronté à des difficultés financières pour promouvoir vos albums, êtes-vous allé à la rencontre aussi des hommes qui évoluent dans ce milieu ou toute personne de bonne volonté afin de pouvoir vous accompagner que ce soit du côté des finances ou par des conseils?
Sami Doph : Vous savez, on a plein de loups dans le domaine. J’ai eu à rencontrer pas mal de personnes dont je préfère taire leurs noms mais ça n’a pas marché, ce qui m’a vraiment blessé. Je me dis la musique n’a pas d’ethnie, j’ai fait un constat, au Burkina on n’aime pas ce qui est produit ici, c’est malheureux. Du coup cela met en mal le système musical Burkinabé. Nous demandons aux mélomanes de consommer ce qui est produit ici. C’est vrai pour les autres pays on se dit c’est de la bonne musique parce qu’ils mettent des moyens. Mais ici on refuse même de nous accompagner moralement et financièrement. Donc nous les artistes chacun fait avec ses moyens de bord.
Bafujiinfos.com : Par conséquent vous invitez les Burkinabé à consommer leurs propres produits ?
Sami Doph : En effet, ici on a plein de difficultés dans le milieu du show bizz. Je suis déçu de certains ténors de ce milieu-là qui m’ont dit ouvertement je ne peux pas vous aidez car vous venez du Sud-ouest. J’ai tellement été déçu par ces mots. Il y a des déceptions que j’ai accumulées venant des gens mais je préfère comme je le dis taire les noms. Si ces derniers arrivent à me lire qu’ils sachent que cela m’a trop blessé mais je ne vais pas prendre cela pour me lamenter et rester à ne rien faire car ça nous permet aussi de nous battre et faire plus. Je vous le dis, il y a un monsieur qui m’a demandé si je viens du sud-ouest ? Vous êtes lobi? J’ai dit oui, il m’a dit qu’il ne peut rien faire pour moi. Là je me suis dit, mais c’est moi qui suis venu te voir ça n’a rien à voir avec la région ou mon ethnie. Je suis désolé de constater cela mais on prend avec fair-play.
Bafujiinfos.com : Quelle appréciation faites-vous de la musique des artistes du sud-ouest ?
Sami Doph : La musique au sud-ouest se porte bien selon moi. Hier on avait que Kinté Kambou, John Bicay, mais aujourd’hui quand on dénombre nous sommes nombreux. Pour cela, la musique se porte ici bien mais la seule difficulté on n’arrive pas à l’imposer sur le plan national et international. Maintenant il faut que nous même on se donne la main pour travailler à l’imposer au plan national et international. Sinon, si on doit rester dans nos divergences ça va être compliqué.
Propos recueillis par Victorien DIBLONI