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Les Echos du Sud-Ouest

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Lutte contre le terrorisme : Les révélations d’un soldat de retour du front


Depuis 2016, le Burkina Faso est engagé dans une lutte acharnée contre les terroristes. Les forces de défense et de sécurité sont en première ligne du front. Comment les hommes vivent cette situation ? Un soldat peu bavard s’est confié à Bafujiinfos.com. Lisez plutôt !

Crédit Photo: Courrier international

Bafujiinfos.com : Depuis combien de temps vous allez au front ?

Soldat X : Je vais au front depuis 2017 et c’est un peu partout, au Nord, a l’est et à l’ouest.

Bafujiinfos.com : combien de temps passer vous généralement au front ?

Soldat X : Le temps que nous passons varie de trois mois à 9 mois.

Bafujiinfos.com : Vous voulez dire qu’un soldat peut passer 9 mois au front ? Et comment on gère cette situation avec la famille et les proches?

Ce n’est pas fréquent de passer 9mois au front mais ça arrive, il y a des impératifs indépendants de la volonté des chefs.

Ce n’est pas facile avec la famille, elle paie ces absences surtout les enfants. J’ai deux enfants et je tente à chaque fois de fermer les trous que mes absences ont creusé dans leurs évolutions. Le premier est toujours distant de moi que je laisse sa maman jouer la méchante dans la famille. Le militaire doit avoir un bon partenaire ( femme) pétri d’une bonne moralité sinon c’est la merde.

Bafujiinfos.com : Quelles sont les habitudes que vous développez quand vous êtes au front ?

Soldat X : On se concentre sur la mission. On s’habitue au stress. En gros c’est se préparer à tout. La qualité du repas est fonction des ressources de la zone. En général ça passe pour ceux qui n’ont pas de maux particuliers et qui exigent un type de repas. Il y a des zones ou le ravitaillement et la conservation des condiments est difficile. Ça impacte sur la qualité du repas servie. De toute façon ce n’est pas mangé un repas 5 étoiles qui est la priorité.

Bafujiinfos.com : Après votre mission, quand vous rentrez en ville, quelles sont les habitudes que vous développez ? Avez-vous toujours peur ?

Soldat X : Le retour en ville est stressant, tu sais que c’est éphémère. Tu te demandes si ça vaut le coup de se lâcher pour deux mois ou trois mois. En réalité l’idée de la prochaine sortie n’est jamais loin. Il faut noter la quasi présence des réflexes du terrain. Les nids-de-poule qui te stressent à cause des IED, les situations d’embuscades. Personnellement j’ai peur quand je suis à la maison, l’armure que tu te construis sur le terrain se brise au contact de la ville et tu redeviens fragile. Cette peur disparaît dès que je suis déployé.

Bafujiinfos.com : A quoi ressemble la première nuit d’un soldat de retour du front ?

Soldat X : La première nuit à la maison est une nuit sur le terrain. Tu peux te flatter d’aller dans les maquis, rester en famille mais dès que tu fermes l’œil tu retourneras sur le terrain. Ça passe avec le temps

Bafujiinfos.com : Quel est votre regard sur les comportements des populations en ville ?

Soldat X : De plus en plus des gens sont solidaires mais ce n’est pas suffisant il faut plus d’engagement. Il faut un sursaut.

8- Est ce que vous n’êtes pas déçus de certaines attitudes quand vous revenez de votre mission ?

Soldat X : Je ne sais pas si j’ai le droit de les juger, mais il faut être directement concerné pour comprendre le sacrifice des uns et des autres.

Bafujiinfos.com : Quel est votre message à l’endroit du peuple Burkinabè qui pense que les soldats ne font rien ?

Soldat X : Ceux qui disent que les soldats ne font rien sont loin des zones de conflit. Certains se prennent pour des experts alors qu’ils ne savent pas grande chose. C’est dommage. Le soldat doit avoir une raison suffisante pour mourir sur le terrain. Il ne doit avoir l’impression qu’il meurt pour des gens qui n’ont rien à foutre de sa vie.

DDM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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