La cordonnerie est un métier qui prend de l’ampleur dans la ville de Gaoua. Certains se promènent de quartier en quartier, de concession en concession et de maquis en maquis à la recherche de marché. D’autres par contre, sont stables avec leurs ‘’boutiques de chaussures’’. Il y en a, en plus de colmater, de raccommoder et cirer les chaussures ils en fabriquent également. C’est le cas de Abdoulaye GUIRE, un septuagénaire qui exerce ce métier depuis sa petite enfance.
Les cordonniers rendent plusieurs services aux populations car tout homme qui nait, est obligé de porter des chaussures. Dans la ville de Gaoua particulièrement, les cordonniers sont facilement identifiables de par leurs habitudes avec au quotidien des aiguilles, marteaux, cisailles, pinces, couteaux, pinceaux. Certains sont des cordonniers ambulants qui comme les couturiers ambulants sillonnent les artères de la ville à la quête de marché. En effet, ils coudent, collent et pointent des chaussures souvent décapotées, ils changent des semelles, ils cirent les sandales pour leur donner plus d’éclat.
Dans ce domaine dans la région du Sud-Ouest, le patriarche GUIRE Abdoulaye est un cordonnier qui s’y connait.
Un métier hérité.
Abdoulaye Guire est fils d’un cordonnier. Comme un bon enfant commence toujours par faire ce que son père exerce comme métier avant de s’autonomiser, il aidait son géniteur à exercer certaines tâches. Au fur et à mesure qu’il grandissait, Abdoulaye adoptait ce métier. Une fois majeur et faisant la fierté de son patron (papa), il décide de faire le tour des quatre coins de la région du Sud-Ouest pour proposer ses services à ceux qui en ont besoin. Au bout d’un moment, ayant eu la confiance de ses clients, il décide lui-même de s’installer dans la ville de Gaoua dans les années 1980.
Aujourd’hui pour l’homme de 70 ans bien sonné, la cordonnerie n’a plus de secret. Fort de son professionnalisme, il se fait affectueusement appeler ‘’docteur chaussure’’.
Dans son cabinet ‘’docteur chaussure’’ propose plusieurs services. Du cirage, en passant par la réparation et la correction des chaussures, ‘’docteur chaussure confectionne des chaussures, des sacs et en vend également. La qualité de son travail est beaucoup appréciée par ses clients. « Depuis que je suis à Gaoua, j’amène toujours mes chaussures ici. C’est à cause de l’accueil et le bon travail qu’il fait » a apprécié OUATTARA Judith, une cliente rencontrée sur place.
Bien qu’affaibli par l’âge aujourd’hui, ‘’docteur chaussure’’ est toujours présent dans son bureau pour aider et orienter ses employés.
La cordonnerie, un métier noble qui nourrit son homme
Ce métier nourrit bien son homme malgré les stéréotypes que certaines personnes ont de ce métier. Ainsi ‘’Docteur chaussure’’ est satisfait de ce métier car pour lui, tout homme est contraint de porter des chaussures. « C’est grâce à ce métier que je prends en charge ma famille. J’ai scolarisé mes enfants et certains sont dans la fonction publique » a expliqué GUIRE Abdoulaye dit docteur chaussure.
Les difficultés ne manquent pas dans ce métier.
Il y a des hauts et des bas dans toutes activités humaines et le métier de la cordonnerie n’est pas en reste. La complexité de certains clients ne lui facilite pas le plus souvent la tâche. « Certains amènent les chaussures, ils ne viennent pas récupérer vite. Il y a des chaussures de 2 ans, 10 ans voire même plus ici. Et quand ils se présentent, ce n’est pas facile de retrouver. Mais, ils exigent à ce qu’on leur trouve une autre ou de leur rembourser l’argent. Aussi nous travaillons avec les aiguilles qui nous blessent permanennment a déploré ‘’docteur chaussure’’
Son projet d’avenir
Malgré les difficultés docteur chaussure’’ entend agrandir son atelier et en faire un grand centre de formation de référence dans la région du Sud-Ouest. Ainsi, il pourra former davantage les jeunes qui envisagent exercer le métier de cordonnier. Également, il veut réunir tous les cordonniers en associations tout en jouant seulement le rôle de conseiller.
A la jeunesse, monsieur Guire Abdoulaye dit ‘’docteur chaussure’’ lance un message de courage, de détermination et de persévérance dans tout ce qu’ils entreprennent. De ne négliger aucun métier car tout métier pris au sérieux fait sortir l’homme du bout.
Yéri Laurence DA (stagiaire)