.
.

Les Echos du Sud-Ouest

.

Justin Palenfo (partie 2) : L’auteur de la quinzaine critique n’a jamais été décoré


Justin PALENFO, instituteur certifié à la retraite a son nom gravé dans les anales du système éducatif Burkinabè.Malheureusement les mérites de cet homme n’ont jamais été reconnus par la nation Burkinabè. Enseignant de l’art graphique et du dessin à l’ENEP de Gaoua, Il est aussi l’auteur de  la quinzaine critique . Cette outil de travail qui contribue à mieux gérer l’apprentissage des enfants à travers le partage d’expérience des enseignants d’une école. L’histoire de la quinzaine critique amorcée à Tiéfora est racontée dans cet article de Bafujiinfos.com.

C’est à Tiéfora, dernier poste de Monsieur PALENFO dans la Comoé (1991),  que Justin initie la quinzaine critique avec ses collègues. Cette initiative découle de l’expérience vécue dans l’enseignement « Depuis ma mission de Directeur d’école en Côte d’Ivoire jusqu’au Burkina Faso, j’avais un souci, comment réussir ma mission du CP1 au CM2 ? Généralement, on ne fait que porter l’attention sur la classe de CM2. C’est le CM2 qui est la classe phare des parents et de l’administration. Je me suis dit qu’il faut que je fasse ce travail du CP1 au CM2 parce que c’est un travail de chaine. Si le soubassement qui est le CP est mal fait, il va s’en dire qu’au CE2 où on doit poser les briques, ça va tanguer ».

De l’avis de  Justin PALENFO, la gestion de l’école est un travail qui ne peut se faire que de façon collégiale en partageant les idées, en ouvrant la porte du directeur aux adjoints. « J’avais des collègues qui étaient ouverts d’esprit, très enthousiastes au travail. Je leur ai dit un jour que j’allais changer le fusil d’épaule. Au lieu que ça soit moi qui examine vos cahiers de préparation, ce qui se passe à l’école, ça sera nous tous qui allions nous réunir pour voir dans chaque classe ce qui se passe. Je ne serai plus le seul à déterminer si le travail se passe bien du CP1 au CM2. Il faut que je sois accompagné ». Autre raison évoquée par Monsieur PALENFO est qu’au cours des visites de classe, il y a certains de ses collègues qui ont de très bonnes façons de faire mais cela se passe en vase clos. Et il s’est posé la question pourquoi ne pas partager ces bonnes pratiques avec les autres.  Aussi, quand il y a des difficultés ce n’est pas évident que le directeur à lui seul puisse apporter la solution adéquate.  « Alors que si nous étions six à partager la même difficulté, on trouverait la solution. C’est ainsi que je leur ai dit que si ça ne les dérangeait pas, nous allions nous retrouver tous les 15 jours pour critiquer ce que nous faisons dans chaque classe à travers les cahiers des élèves » a-t-il suggéré.

 La quinzaine critique selon son initiateur a plusieurs aspects. L’aspect pédagogique consiste à examiner les cahiers des apprenants et à résoudre les difficultés pédagogiques des enseignants. Il y a le contenu administratif de l’école qu’il faut également examiner. « La gestion de l’école ne peut pas être l’affaire du directeur seul. Les adjoints sont appelés également à être des directeurs et il faut déjà les initier à aller vers la direction des écoles en leur ouvrant les portes du bureau du Directeur. Pour une mise en œuvre efficace de cet outil, il faut installer un climat de confiance. C’est ainsi que le côté social qui est le baromètre des rapports entre collègues ne doit pas être occulté. « Il faut chaque fois jauger la qualité de ces rapports » a dit Monsieur PALENFO.

La quinzaine critique prends une envergure nationale

Dans son parcours, Justin PALENFO est muté 1998 dans la circonscription de Gaoua et affecté à l’école primaire de Bouroum Bouroum comme directeur.  C’est pendant qu’il était dans cette localité que son inspecteur, Ollo Gaston KAMBOU, l’informe qu’une mission de la direction générale de l’éducation de base (DGEB) a besoin de lui à Gaoua. « C’est ainsi que j’ai rencontré le DGEB, M. Yélémou et son équipe qui m’ont dit qu’ils ont entendu parler d’un outil de travail que j’utilise dans les écoles et qu’ils veulent en savoir davantage ». Après les échanges, Ils étaient repartis satisfaits à Ouaga. A la conférence des inspecteurs en 1999, raconte il « j’ai été invité pour faire une communication sur ce nouvel outil de travail ».

   A l’issue de cette conférence, la quinzaine critique a été inscrite dans un document qu’on a appelé plan d’amélioration de l’éducation et il a été partagé dans toutes les écoles du Burkina. Dans la même année, ils l’ont inscrit comme module dans la formation des encadreurs pédagogiques. Aussi, cette année (2022), M. PALENFO a eu l’honneur de prendre part à la soutenance de mémoire de deux élèves inspecteurs en fin de formation à l’Ecole Nationale Supérieure sur la quinzaine critique. Celui-ci dit avoir eu des échanges fructueux avec les jurys. Il s’est dit satisfait de savoir que l’outil qu’il a mis en œuvre est en train de faire son petit bonhomme de chemin.

Aujourd’hui Instituteur Certifié à la retraite, M. PALENFO ne se sent pas complexé. Frapper par la limite d’âge pour évoluer normalement dans la fonction publique, il a pourtant marqué l’histoire du système éducatif au Burkina Faso.  « Je n’ai jamais été décoré pourtant mon nom est dans toutes les écoles du Burkina. L’art graphique et le dessin, c’est moi qui ai créé ce module. » Je suis prêt à aller partout pour partager mes connaissances même si on ne me donne rien.

Dar Flavien DA



Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *