Dans la plus part des grandes villes et marchés du Burkina Faso, il est très rare de passer sans voir des jeunes qui suent à de grosses goûtes poussant ou tirant des pousse-pousse. Eux, ce sont des ‘’wotro man’’ ou encore des ‘’pousseurs de wotro’’ comme l’on a l’habitude de les appeler. C’est-à-dire ceux-là qui aident les commerçants et autres à déplacer leurs bagages dans la ville. Ces jeunes, parfois méprisés par certaines personnes, rendent services aux populations surtout aux commerçants. C’est ainsi qu’ils gagnent leur pitance quotidienne à travers la sueur de leur front. A Gaoua Bafuijiinfos.com est allé s’enquérir de leur vécu quotidien.
Ils sont nombreux aujourd’hui les jeunes dont l’âge est compris entre 15 et 30 ans qui quittent le village pour la ville à la recherche d’emploi. Si certains travaillent au compte d’un employeur, d’autres par contre travaillent à leur propre compte. Pour ces jeunes, chaque jour il y a des défis à relever.
A Gaoua, ils sont nombreux à se faire appeler ‘’wotro tigui’’ ou ‘’pousseur de wotro’’. Ainsi, du lundi au dimanche, à n’importe quelle heure de la journée et même parfois de la nuit, on ne peut contourner le grand marché sans rencontrer un jeune devant ou derrière un pousse-pousse ou ‘’wotro’’ à la recherche de marché ou en train d’exécuter un marché. Ils rendent d’énormes services aux commerçants dans la mobilité de leurs marchandises à l’intérieur des marchés. C’est grâce à cela que les uns et les autres même s’ils sont souvent sans domicile, arrivent à se nourrir, et à subvenir à certains besoins. En un mot, à être indépendant financièrement. C’est un travail qui n’est pas donné à tous car, il demande beaucoup d’efforts physiques.
Depuis son arrivée de Gaoua en 2021, le métier du pousse-pousse est son tout premier. Voilà maintenant trois ans que Da Woulankonté a fait de ce travail son gagne-pain quotidien. Même si le travail est un peu complexe au regard des stéréotypes, il arrive à se nourrir et à s’assurer une économie pour autres besoins. «Quand je suis arrivé à Gaoua, c’est mon tout premier métier que j’ai eu jusqu’aujourd’hui. En tout cas, je m’en sors la dedans parce par jours je peux me retrouver avec 6 000f au minimum. Les jours de marché je peux aller au-delà de 10 000f même », déclare-t-il. Très ambitieux et ayant une pensée pour sa famille au village, ce jeune battant, à trois ans de travail, a pu tirer l’épingle du jeu. « En tout cas dans ces trois années, mes économies m’ont permis de construire deux entrée-couchées au village. C’est pour la famille. Mais je continue de me battre pour d’autres réalisations si Dieu me donne la santé », déclare le ‘’wotro man’’, Da Woulankonté.
Ce travail n’a pas de classe sociale. C’est juste une question de vision et de vocation. Nabaloum Soumaïla, bien qu’étant étudiant en fin de licence, il est dans ce métier depuis 2018. Il fait ce travail à ses temps libres avec plaisir et sans complexe. « Ce travail est vraiment bénéfique pour moi, parce que dans une journée je peux avoir 7000f voire plus. Ceux qui ne savent pas pensent que c’est un travail qui n’arrange pas », affirme Nabaloum Soumaïla. C’est un métier noble et salvateur. A travers cela, le jeune Nabaloum se réalise. « Dans ce métier, je me suis acheté trois bœufs et une parcelle non lotie de 300.000f à Boussé, province du Kourwéogo », déclare-t-il. Ayant terminé cette année la licence en histoire et archéologie à l’Université Yembila-Abdoulaye-Toguyeni de Fada N’Gourma, ce ‘’wotro man’’ est encore venu reprendre son engin pour chercher ses frais d’inscription au master.
Les clichés sont énormes sur ces bosseurs.
Plusieurs personnes voient ces ‘’pousseurs de wotro’’ de mauvais œil. Ils sont méprisés par certains qui pensent que c’est parce qu’ils n’ont rien à faire qu’ils s’adonnent à ce métier et les traitent souvent même de bandits. Par conséquent, aucun respect pour eux. Mais grâce à leur conscience élevée ces ‘’grouilleurs de marché’’ font souvent profil bas pour avoir leur jeton. « Quand je pousse ça les gens me manquent de respect mais, moi je sais ce que je suis et je sais pourquoi je le fais. C’est moi qui sais ce que je gagne dedans » nous confie Nabaloum Soumaïla.
De son côté, Da Woulankonté soutient aussi que les dénigrements ne sont pas des moindres. « Souvent tu es de passage avec ton ‘’wotro’’ sans toucher quelqu’un ni ses expositions, mais ce dernier commence à mal parler. Mais, comme je sais ce que je cherche, je demande pardon et je continue » indique-t-il.
Les difficultés sont légions.
Le manque d’espace de stationnement de leurs engins pose souvent des désagréments aux usagers, ce qui entraine des malentendus avec les agents de la Police Municipale. En effet, leurs ‘’véhicules de marchandises’’ sont souvent réquisitionnés. Et il leur faut payer des amandes pour les récupérer. « Nous sommes stationnés ici pour le moment mais, c’est une voie. Les agents de la police municipale viennent le plus souvent ramasser nos engins et il faut aller payer pour les récupérer. Ce n’est pas simple », déplore Da woulankonté.
Le cri de cœur de ces jeunes est que la mairie puisse leur trouver une aire de stationnement. Chose qui pourrait réduire un tant soit peu les encombrements dans les marchés.
Wonomana DA et Yéri Laurence DA (stagiaire)