Dans les rues animées de Gaoua, un nom s’impose de plus en plus dans l’univers culturel : Chocoto 2Baby, de son vrai nom Hien Ollo Félix. Animateur, manager d’artistes, promoteur d’événements et véritable catalyseur de talents, ce jeune entrepreneur culturel incarne une nouvelle dynamique. Parti de presque rien, il est aujourd’hui un repère pour toute une jeunesse en quête d’identité et d’expression.
En 2006, fraîchement revenu de Côte d’Ivoire avec son Certificat d’Études Primaires en poche, Félix s’installe à Gaoua. Inscrit en 6e au lycée Bafuji, il découvre une passion pour l’art dramatique à travers les activités culturelles scolaires. Sa première pièce, L’Aveugle amoureux, marque le début d’un long parcours artistique. Sans formation académique dans le domaine, il apprend sur les planches, participant à des compétitions comme Ambiance Scolaire et FESTAC, où il se distingue par un talent brut.
En parallèle, il s’initie à l’animation musicale auprès de ses aînés. Ses débuts de DJ se font au maquis Soweto en 2008. En 2013, alors en classe de seconde, il crée la surprise en animant sa première soirée au maquis Coup de Frein 1. Ce soir-là, camarades et enseignants découvrent un autre visage de Félix : celui d’un showman né.« Ce qui était un amusement est devenu un projet de vie », confie-t-il.
Structurer une passion, bâtir un rêve
Après un échec au baccalauréat, Chocoto 2Baby prend une décision déterminante : se consacrer pleinement à sa vocation. Il suit une formation à Ouagadougou en management artistique et devient coach de l’artiste Westador entre 2015 et 2016.
En 2017, à l’occasion du 11-Décembre à Gaoua, il franchit un nouveau cap en professionnalisant son approche de la scène. Avec un ami, il lance « Dimanche Matinée », un rendez-vous devenu culte pour les amoureux de culture et de divertissement. L’année 2018 voit naître son projet phare : le Festival Gaoua est Doux (FEGADO), aujourd’hui incontournable dans la région du Djôrô.
En 2021, il obtient officiellement sa licence de promoteur d’événements délivrée par la Direction Générale des Arts, étape qui légalise son activité et ouvre de nouvelles perspectives.
Une entreprise au service des talents
À travers Chocoto 2Baby Prod, il accompagne les jeunes artistes locaux vers la professionnalisation. L’entreprise organise des concerts et des événements culturels, travaillant avec des talents tels que Westador, Géni Ditarè et, plus récemment, Lilika, enseignante et chanteuse dont il est le manager attitré.
« Je ne suis pas seul. J’ai la chance d’avoir autour de moi des jeunes passionnés, des gens qui croient en la culture comme outil de développement », souligne-t-il.
Un combat quotidien
Le chemin n’a pas été sans embûches : manque de financement, promesses non tenues, aléas climatiques, ou encore préjugés de la société. « Il m’est arrivé d’exécuter des prestations sans être payé à temps. Pourtant, je gère une équipe, une entreprise », déplore-t-il.
Malgré ces défis, il garde foi en sa mission : faire de Gaoua un pôle culturel incontournable et transformer son entreprise en un centre de formation pour artistes émergents.
Une voix qui porte loin
Au-delà de ses propres projets, Chocoto 2Baby milite pour une jeunesse engagée et structurée. Son message est clair : croire en soi, se former, respecter les devanciers et coopérer.
Aux jeunes, il dit : « Ce n’est pas tout le monde qui va t’aimer. C’est normal. Ce qui compte, c’est la passion, la rigueur et la persévérance. »
Aux artistes, il conseille : « Le talent seul ne suffit pas. Il faut du coaching, de la discipline et un bon entourage. »
Aux entrepreneurs culturels, il lance : « Si nous travaillons en réseau, si nous mutualisons nos forces, la culture ira loin dans notre région. »
Une étoile, une vision, un modèle
À travers chaque concert, chaque scène montée et chaque voix révélée, Chocoto 2Baby transforme le paysage culturel du Djôrô. Son action dépasse les projecteurs : il veut bâtir un écosystème artistique où les jeunes peuvent rêver et réussir.
Aujourd’hui, son nom rime avec audace et espoir. Parler de l’événementiel à Gaoua sans mentionner Chocoto 2Baby, c’est comme suivre une télévision sans image ni son. Dans une région où les défis sont immenses et les opportunités rares, il prouve qu’on peut allumer la lumière même dans l’ombre, qu’un micro peut devenir un outil de transformation sociale, et qu’en chaque jeune sommeille une étincelle prête à embraser l’avenir.
Chocoto 2Baby n’est pas seulement un acteur culturel. Il est un pont entre les rêves et la réalité, un exemple vivant qu’il ne faut pas attendre que d’autres écrivent notre histoire.
Wono DA & Antoine Bicaba