À Diébougou, chef-lieu de la province de la Bougouriba dans la région du Sud-Ouest, un nom s’impose discrètement mais avec assurance dans le monde des affaires : Seydou Malo. Entrepreneur autodidacte et déterminé, il est aujourd’hui à la tête d’un groupe d’activités baptisé Les Merveilles de Malo. Un succès bâti à partir d’un capital de seulement 40 000 F CFA.
Contrairement à ce que certains pourraient croire, Seydou Malo n’est pas né dans l’opulence. Issu d’une famille de commerçants, il a très tôt été initié aux rudiments du métier auprès de son père. « Je fréquentais l’école, mais les difficultés financières m’ont contraint à arrêter. J’ai décidé de me lancer dans le commerce avec les moyens du bord. C’est ainsi que j’ai commencé, le 3 janvier 2007, avec 40 000 F CFA », raconte-t-il.
Avec cette modeste somme, il s’achète une table et débute la vente de cigarettes, bonbons et lotus. En 2011, après plusieurs années de persévérance, il ouvre sa première boutique. Aujourd’hui, il gère un portefeuille d’activités variées : alimentation générale, librairie, restaurant, ainsi que plusieurs points de vente dans la ville de Diébougou, surnommée la cité de la terre blanche.
Un parcours forgé dans la résilience
Le chemin de Seydou Malo n’a pas été sans embûches. Il reconnaît avoir rencontré des obstacles, mais c’est, selon lui, sa droiture, sa courtoisie et sa soif d’apprentissage auprès des aînés qui lui ont permis de se démarquer. Son ascension fulgurante a suscité interrogations et soupçons : certains ont évoqué des pratiques occultes, allant jusqu’à le taxer de « wack ». Une rumeur à laquelle il répond avec sérénité :« Ma plus grande fierté, c’est d’avoir commencé avec rien, sous les yeux de tous, et d’être parvenu à bâtir ce que j’ai aujourd’hui. »
Sans aucun appui financier externe, il a su bâtir une entreprise qui emploie aujourd’hui une dizaine de personnes. Il regrette cependant de ne pas avoir toujours écouté certains conseils : « Trois personnes m’avaient recommandé de prendre de la distance avec certaines fréquentations. Je ne l’ai pas fait. Aujourd’hui, certains de ces anciens amis sont devenus mes détracteurs. »
Entreprendre en province : un choix assumé
Seydou Malo a fait le choix délibéré de rester à Diébougou, malgré des propositions d’implantation à Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso. « Je veux bâtir mon empire ici, pour prouver que la réussite est possible, même en province. »
Convaincu de la nécessité de transmettre, il se dit disposé à accompagner les jeunes désireux de se lancer. Mais il déplore leur manque d’initiative : « Peu de jeunes viennent vers moi pour apprendre. Ils sont nombreux à croire aux discours faciles de certains coachs sur les réseaux sociaux. »
À la jeunesse, il lance un message clair : « La richesse vient en faisant ce qu’on aime. Il faut se faire accompagner par ceux qui ont prouvé leur valeur, rester discipliné, patient et constant. »
Malgré ses années d’expérience et de fidélité à plusieurs institutions financières depuis 2011, Seydou Malo affirme n’avoir jamais obtenu de prêt. Il interpelle donc les autorités sur la nécessité de revoir les conditions d’accès au crédit : « Même pour nous, les prêts sont difficiles à obtenir. Les taux d’intérêt sont trop élevés et ne tiennent pas compte de la réalité de nos marges bénéficiaires. »
Pour lui, des réformes audacieuses dans ce domaine pourraient catalyser l’esprit d’initiative chez de nombreux jeunes et contribuer significativement au développement économique local
Antoine BICABA
Contenus très riche. Un exemple à suivre et il a prouvé qu’on n’a pas besoin de millions pour démarrer une activité. Bon vent à lui.