Babouche, botte, sabot, sandale, soulier, etc. aucune chaussure n’a de secret pour lui. En effet, depuis plus de quarante ans, GUIRA Abdoulaye dit « Docteur chaussures », entretien, dessemelle, ressemelle et même fabrique des chaussures. Il travaille en compagnie de ses apprentis dans un atelier très modeste, au centre-ville de Gaoua, côté Nord de la salle de cinéma au bord de la route menant vers Batié.
Sexagénaire, Abdoulaye GUIRA est né à Gaoua d’un père artisan originaire du département de Safané dans le Mouhoun. Son père vint d’abord s’installer dans le village de Doudou à quelques encablures de Gaoua où il faisait souvent des objets d’art pour le chef de canton de Gbomblora, Bindouté DA.
Il eut donc le goût de l’artisanat dès son jeune âge aux côtés de son père. C’est ainsi qu’à 23 ans, en 1976 il entreprit de s’installer à son propre compte comme cordonnier à Gaoua. Une entreprise pionnière dans la zone, selon lui, vu que ceux qui s’adonnaient à l’activité étaient des cordonniers ambulants venus du Ghana. Cette aventure va le conduire à Dano en 1977 où il n’aura séjourné que peu de temps avant de se résoudre à revenir s’installer définitivement à Gaoua en 1979.
Son surnom « Docteur chaussures » serait partie d’un agent de santé qui était en service à l’hôpital de Gaoua. Il raconte dans un français approximatif : « Moi j’ai réparé ses chaussures c’est bien « manamana ».Il est venu voir que j’ai bien soigné ses chaussures et il a dit : ah toi tu es docteur des chaussures moi je suis docteur de l’homme ! C’est à partir de là que tout le monde a commencé à m’appeler Docteur chaussures. »
Sa clientèle, très diversifiée, est constituée, d’hommes et de femmes, des plus hautes personnalités de la région et des anonymes. Grâce à son savoir-faire, il a acquis une notoriété qui va au-delà des frontières de la région et même du pays. Il affirme recevoir des commandes et des visites des clients hors de la région.
En 1985, il va ajouter une autre corde à son arc en se faisant formé, avec 19 autres artisans, à la confection des chaussures spéciales pour personnes atteintes de l’éléphantiasis du pied. Ainsi, très régulièrement, il se rend dans beaucoup de localités la région où des clients l’attendent, qui pour les réparations, qui pour être chaussé.
« Docteur chaussures » dit aimer son métier, puisqu’il rend service aux autres et est en contact avec eux. De plus, le métier nourrit son homme, car il arrive à s’occuper de sa famille, à scolariser ses enfants et à payer régulièrement ses impôts. Son espoir c’est qu’après lui ses enfants prennent la relève et tendent vers la modernisation de sa cordonnerie.
Enfin, comme conseil, il invite les jeunes gens à se donner au travail, à ne pas passer le temps à dormir en attendant les concours de la fonction publique. « Il faut d’abord apprendre à faire quelque chose de ses dix doigts, il ne faut pas négliger les petits métiers. »
Joseph SOME