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Les Echos du Sud-Ouest

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Gaoua: Aveugles et malvoyants tournent dos aux préjugés grâce à l’Association Espoir des Malvoyants et Aveugles de Gaoua


L’enfant est un don de Dieu, a- t-on coutume de dire. Et en Afrique la naissance d’un enfant constitue une joie pour la cellule familiale et pour la société tout entière. Mais quand l’enfant naît  avec un handicap, surtout visuel, il est vu et jugé sous un autre angle. Une équipe de Bafujiinfos s’est intéressée au sujet.

Si certaines personnes ont la chance de voir parfaitement, tel n’est pas le cas chez d’autres qui de naissance ou par accident ont perdu la vue. Une situation souvent difficilement vécue. « Le plus souvent ici au sud-ouest, précisément dans la grande famille lobi, les personnes vivant avec un handicap visuel ne sont pas traitées au même titre que les autres. Les premières sont considérées de non productives, de personnes appelées à mendier voire disqualifiées de toute scolarité » affirme Yara KAMBOU éducateur en travail social et président de l’Association Espoir des Malvoyants et Aveugles de Gaoua (AEMAG).

Pour faire face à ces préjugés formulés à l’endroit des déficients  visuels, un centre de formation dénommé jɔn bõwfʋ ɣɩr en langue birifor(signification)  a été mis sur pied. Un centre qui accueille les scolaires  et les non scolaires avec pour objectif de transmettre la connaissance aux aveugles et malvoyants et leur apprendre des métiers.

SOMDA Yélé Pélagie et SOME S. Benoit sont des élèves aveugles respectivement en classe de CM2 et CP1 à l’école sacré cœur ‘‘A’’ de Gaoua. Ils bénéficient du soutien et de l’encadrement du centre espoir. Pour SOMDA Y Pélagie,  « étudier avec les élèves qui voient parfaitement n’est pas chose facile. Je fais trop de fautes dans mes devoirs ce qui fait que je n’arrive pas à bien travailler. Surtout les matières comme ‘’problème et opération’’ je m’en sors difficilement .Mais j’espère que ça va aller ». Il est vrai que SOMDA Yélé Pélagie éprouve des difficultés à l’école cependant elle a une vocation. « Dans l’avenir je veux travailler dans le bureau comme Directrice ». Quant à SOME S. Benoit son métier de rêve c’est d’enseigner.

Dans le même centre on a rencontré Débaul âgé de la trentaine « J’apprends le tissage des chaises, sacs, lipiko et l’écriture en braille. Actuellement j’arrive à tisser. Mon problème c’est l’écriture. Au début on nous disait qu’on ne peut pas travailler, mais quand je suis arrivé dans ce centre j’ai réalisé que la cécité n’est pas synonyme de mendiant ou d’aveugle intellectuel…rire … »

Si le Centre  travaille de sorte à redonner espoir aux élèves et jeunes vivant avec un problème visuel, il est confronté à d’énormes difficultés «  Notre cri de cœur, c’est avoir une clôture dans le centre afin d’être en sécurité » dixit Yara KAMBOU avant de poursuivre «  Nous ne voyons pas et vivons dans un centre non clôturé dans un contexte sécuritaire pas reluisant ce qui nous expose. Autres choses qui nous tiennent à cœur c’est le matériel de travail notamment le fil pour tissage, le fer et les tablettes pour l’écriture.»

Le Burkina Faso a fait du problème de l’éducation et de l’intégration sociale des personnes vivant avec un handicap visuel son cheval de bataille. Cependant sa mise en œuvre demeure une équation à plusieurs inconnues. Et pour donc donner espoir de vivre à toutes ses personnes les gouvernants doivent avoir un regard particulier à leur endroit.

Sié Michael DAH

 

 




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