Brigitte Somé/Kambou est une figure emblématique de l’engagement féminin dans la région du Sud-Ouest du Burkina Faso. De sa jeunesse à son admission à la retraite, en passant par son passage dans la fonction publique, elle a toujours fait de l’épanouissement de la femme son cheval de bataille. Son parcours riche et inspirant force le respect et l’admiration. Qui est cette amazone du Sud-Ouest ? Découvrons son histoire.
Le Burkina Faso a vu émerger de nombreuses femmes engagées dans des causes nobles. Parmi elles, Brigitte Somé/Kambou se distingue par sa détermination et son combat pour les droits et l’autonomisation des femmes. Philanthrope dans l’âme, elle trouve très tôt sa vocation au cours de ses études universitaires en sociologie, où elle obtient une maîtrise. C’est à cette période qu’elle décide d’enfiler l’habit de militante des droits des femmes.
Un parcours professionnel exemplaire
Après sa maîtrise, Brigitte Somé tente d’abord le concours de professeur de français, sans succès. Cet échec ne l’arrête pas. Persévérante, elle explore d’autres opportunités et décroche un premier emploi au ministère de l’Environnement. Trois ans plus tard, elle rejoint Plan International, où elle gravit rapidement les échelons, passant de facilitatrice à coordonnatrice en éducation.
Son engagement la conduit ensuite au Programme alimentaire mondial (PAM), puis au Centre Muraz, où elle supervise les travaux de recherche des étudiants dans le Sud-Ouest. Malgré ces responsabilités, son amour pour l’enseignement demeure intact. Elle finit par réussir le concours de professeur de français et enseigne pendant un an avant d’être nommée chef de service des statistiques à la Direction régionale des enseignements secondaires.
En 2013, son parcours prend une nouvelle dimension lorsqu’elle est nommée directrice régionale de la promotion de la femme. Un an plus tard, en reconnaissance de ses efforts, elle est élevée au rang de chevalier de l’Ordre national par les hautes autorités du pays. Après plusieurs années à ce poste, elle revient à la Direction régionale des enseignements secondaires, où elle termine sa carrière en 2022.
Un engagement associatif profond et impactant
Brigitte Somé s’intéresse au monde associatif depuis longtemps, mais c’est en 2006 qu’elle s’y investit pleinement. Elle milite dans deux structures majeures : un club de football féminin et l’Association pour la promotion de l’éducation de la fille dans le Poni, où elle est particulièrement active. « Nous avons sensibilisé pendant plusieurs années les parents à inscrire leurs filles à l’école », témoigne-t-elle.
Son engagement porte ses fruits : de nombreuses jeunes filles, autrefois déscolarisées, ont pu reprendre leur scolarité et accéder à des carrières prometteuses. « Lorsque j’étais directrice régionale de la promotion de la femme, j’ai porté à trois reprises les doléances des femmes du Sud-Ouest au niveau national. Cela m’a fait chaud au cœur », confie-t-elle avec fierté.
Elle se souvient également d’une jeune femme, autrefois bénéficiaire de ses actions, qui est aujourd’hui présidente d’association et figure engagée dans le milieu associatif.
En parallèle, Brigitte Somé a été membre de l’Association des femmes catholiques pendant 10 ans, ainsi que de l’association « Lève-toi et marche ». En 2006, elle devient conseillère municipale, un mandat qu’elle renouvelle en 2012 avant d’y renoncer pour mieux se consacrer à ses engagements.
Les défis et regrets d’une combattante
Malgré son parcours exemplaire, Brigitte Somé a dû surmonter de nombreuses difficultés. Elle regrette notamment de ne pas avoir pu obtenir assez de financements pour soutenir davantage de femmes entrepreneures. « Lorsque j’étais directrice régionale, je voulais qu’au moins la moitié des femmes ayant postulé pour des financements en bénéficient, mais les ressources étaient insuffisantes », explique-t-elle avec amertume.
Un autre souvenir douloureux concerne une jeune fille en situation de handicap, déterminée à réussir mais privée de moyens financiers pour s’acheter un fauteuil roulant. « J’aurais aimé pouvoir l’aider, mais je n’en avais pas les moyens », confie-t-elle avec émotion.
Elle déplore également les difficultés rencontrées par certaines associations malgré les accompagnements dont elles ont bénéficié.
Un appel à poursuivre la lutte
À l’endroit des jeunes filles et femmes désireuses de se lancer dans l’entrepreneuriat, Brigitte Somé adresse un message d’encouragement : « Aujourd’hui, il existe de nombreuses opportunités et accompagnements pour les femmes. L’État a facilité l’accès aux formations et offre même des soutiens financiers après les cursus. »
Elle exhorte aussi les jeunes filles à poursuivre leurs études aussi longtemps que possible et à éviter les gains faciles.
Ses multiples engagements ont parfois pesé sur sa vie familiale, mais elle ne regrette rien. Aujourd’hui, même à la retraite, elle continue ses activités associatives avec la même passion. Son rêve ? Un monde où la femme est pleinement épanouie.
« Mon plus grand combat a toujours été celui de l’épanouissement de la femme, et cela n’a pas changé », martèle-t-elle avec conviction.
À la jeune génération, elle lance un appel : poursuivre et intensifier les actions de sensibilisation en faveur des femmes et des jeunes filles, mais aussi des hommes, car leur implication est essentielle.
Désormais, trois grandes causes l’animent :
√Promouvoir la cohésion sociale
√Encourager le développement et l’épanouissement de la femme et de la jeune fille
√Proteger l’environnement
Avec une carrière aussi riche et un engagement inébranlable, Brigitte Somé/Kambou demeure une source d’inspiration pour toute une génération de femmes du Sud-Ouest et d’ailleurs.
Antoine Bicaba