Dans la région du Sud-Ouest du Burkina Faso, Mme Soulama/Palenfo Germaine incarne l’exemple parfait de la détermination et de la réussite. Enseignante de profession, elle a su, en parallèle de sa carrière, bâtir un empire florissant dans l’aviculture et la transformation agroalimentaire. Grâce à sa résilience et à son esprit entrepreneurial, elle est aujourd’hui une référence pour les jeunes et les femmes désireuses de se lancer dans l’entrepreneuriat.
Tout commence en 2017. Après ses journées de travail dans l’enseignement, Mme Soulama se consacre à l’élevage de poulets, une activité qu’elle envisage d’abord comme un simple complément de revenus. L’idée germe après une expérience marquante : alors en service à Loropéni, elle et sa famille reçoivent un visiteur imprévu. Faute de moyens, ils sacrifient l’un des rares coqs de leur basse-cour pour honorer leur hôte. Ce geste déclenche chez elle une réflexion profonde sur l’importance de mieux structurer son élevage.
Elle décide alors de passer à l’action et commande cent poussins. Malheureusement, cette première expérience tourne au cauchemar : une maladie ravage son cheptel. Déterminée à ne pas baisser les bras, elle prend le temps de se former, apprend de ses erreurs et renouvelle son investissement. La deuxième tentative est plus fructueuse, lui permettant d’engranger ses premiers bénéfices.
Les affaires prospèrent jusqu’au jour où un coup dur vient ébranler son entreprise : une perte massive de 800 poussins commandés depuis Bobo-Dioulasso. « Cette perte a été un choc pour moi, mais cela ne m’a pas découragée. J’ai transformé cette épreuve en une opportunité d’apprentissage », confie-t-elle avec détermination.
La résilience : clé de son succès
Si beaucoup auraient abandonné après de telles difficultés, Mme Soulama, elle, a choisi de persévérer. « À chaque problème, je sollicite l’aide d’éleveurs plus expérimentés ou je consulte les services vétérinaires. Je ne cesse jamais d’apprendre et de me documenter », explique-t-elle.
Aujourd’hui, son activité attire une clientèle variée : grossistes, restaurateurs et particuliers, principalement issus de Gaoua et des localités environnantes. Pourtant, malgré cette réussite, elle regrette le manque d’accompagnement financier. « Les institutions financières hésitent à nous accorder des crédits, jugeant le secteur trop risqué. J’ai demandé un prêt d’un million de francs CFA, mais je n’ai obtenu que 200 000 F », déplore-t-elle.
Face à ces défis, elle plaide pour une réduction du coût des aliments pour volaille et une meilleure accessibilité aux produits vétérinaires dans les régions.
Former, encadrer et inspirer la jeunesse
Au-delà de son élevage, Mme Soulama joue un rôle essentiel dans la formation et l’encadrement des jeunes. Elle emploie en permanence une personne et accueille régulièrement des étudiants en stage. « Cette année, trois étudiants sont venus allier la théorie à la pratique dans mon élevage. L’un d’eux a même ouvert sa propre ferme après sa formation », raconte-t-elle avec fierté.
Son ambition pour l’avenir est grande : agrandir sa ferme, moderniser son unité de transformation et développer un complexe avicole répondant aux normes sur un terrain d’au moins un hectare. Elle rêve aussi de planter des arbres sur le reste de la parcelle, un projet qu’elle souhaite concrétiser d’ici à sa retraite en 2025.
Un appel à l’entrepreneuriat féminin
Aujourd’hui, Mme Soulama est une figure incontournable parmi les femmes fonctionnaires qui ont su allier carrière professionnelle et entrepreneuriat. À celles qui hésitent à se lancer, elle adresse un message fort :
« Il faut commencer petit, s’armer de courage, accepter les nuits blanches et toujours chercher à apprendre. L’élevage est une activité exigeante, mais avec de la passion et de la persévérance, on peut réussir. »
En conjuguant enseignement, élevage et formation, Mme Soulama prouve qu’avec audace et détermination, il est possible de bâtir un avenir prospère, tout en inspirant les générations futures.
Antoine BICABA & Wonomana DA