.
.

Les Echos du Sud-Ouest

.

Excellence scolaire 2024 : « Mon secret à moi n’est rien d’autre que l’amour de mon travail » dixit Yamnida Seydou, meilleur enseignant du primaire au sud-ouest en 2024


Yamnida Seydou a eu une carrière d’enseignant bien remplie. Alors qu’il devait prendre sa retraite le 05 septembre 2024 après 34 années de bons et loyaux services et à un mois de sa retraite, il est désigné et récompensé  meilleur enseignant du primaire au sud-ouest le 20 août 2024 lors de la journée nationale de l’excellence scolaire en présence du président du Faso, le capitaine Ibrahim TRAORE. Qui est l’homme aux multiples 100%? Bafujiinfos est allé à sa rencontre , une semaine après avoir reçu son prix à Ouagadougou. Découvrez le parcours combien inspirant de l’homme qui a marqué le système éducatif Burkinabè et en particulier celui de la région du sud-ouest.

Yamnida Seydou reçoit son prix des mains du ministre de la défense Kassoum Coulibaly

Bafujiinfos : pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Seydou YAMNIDA: je me nomme Yamnida Seydou. Je suis né le 05 septembre 1966 à Zano dans la commune de Tenkodogo, région du Nord-Est. Je suis marié et père de 9 enfants, dont 6 filles et 3 garçons. C’est dans la recherche de garçon que j’ai atteint ce nombre (rire).

Bafujiinfos : Comment êtes-vous arrivé dans l’enseignement ?

Seydou YAMNIDA: Je suis entré après le service national populaire (SNP) en 1989. Après mon BEPC, J’ai été à Dano plus précisément à Badonè dans le département de Guéguéré, province du Ioba ou j’enseignais. ça c’était juste après mon BEPC. Nous sommes allés sur le terrain sans formation. C’est de là bas que j’ai été piqué par le virus de  l’enseignement . Après avoir obtenu mon attestation, j’ai passé le concours des instituteurs adjoints (IA) en 1990. En décembre de cette année-là, j’ai réussi le concours, et nous étions au total 450 à être admis.

Bafujiinfos : Racontez-nous vos débuts dans l’enseignement et votre arrivée dans la région du Sud-ouest.

Seydou YAMNIDA: Suite aux affectations, c’était ma première expérience dans la région du Sud-Ouest, précisément à Kampti. C’est une zone que je ne connaissais pas. Je me demandais, Kampti c’est où ? On m’a fait savoir que c’est dans la province du Poni à cette époque, on ne parlait pas de région. Et je me rappelle aussi que c’était Sotraco seulement qui venait à Kampti. Quand je suis arrivé à Kampti, le CCEB m’a affecté à Loropéni parce qu’il n’avait pas d’inspection à Loropéni . Le  village dépendait de Kampti. Une fois à Loropéni, mon premier poste, je l’ai occupé à l’école primaire l’amitié, le 18 décembre 1990. J’ai passé 02 mois dans cette école avant d’être affecté à Obiré. Cela ne m’a pas plu, mais Dieu faisant les choses, arrivé à Obiré, j’ai vu que c’est un coin qui m’intéressait. J’y suis arrivé le 18 février 1992.  J’ai tenu à ma première année la classe de CE1, une promotion de 19 élèves dont 18 garçons et une fille que j’ai conduit jusqu’au CM2 et nous avons réalisé un taux de 100 % au Certificat d’étude primaire en 1995. Je suis resté à Obiré jusqu’en 2015, durant 25 ans.

Bafujiinfos : Par la suite, n’avez-vous pas eu envie de quitter la région ? 

Seydou YAMNIDA: Pas du tout. Pour moi, l’enseignement est une vocation. Le plus important était de partager le savoir. Donc, durant les 25 ans à Obiré, j’ai eu à réaliser plusieurs fois des taux de réussites de 100 % au CEP. Il n’y avait pas une école à l’époque qui pouvait rivaliser avec nous en termes de résultat au CEP. Après Obiré en octobre 2015, j’ai été affecté à l’école primaire publique de Kassitan où j’ai fait 2 ans. De ce passage, j’ai eu à réaliser à deux reprises, 100 % au CEP. Et de 2017 à nos jours, je suis à l’école primaire publique de Loropéni.

Bafujiinfos ; Vous avez été désigné meilleur enseignant de la région du Sud-Ouest au primaire, dites nous qu’est-ce qui vous a valu cette distinction ?

Seydou YAMNIDA : Je pense que c’est au regard des bons résultats que j’ai engrangé durant toutes ces années de dur labeur que les plus hautes autorités m’ont décerné ce prix. Un prix composé d’une moto, d’un ordinateur, d’une attestation signée par M. Le président de la République et d’une enveloppe de 250.000fcfa. Je profite de l’occasion pour remercier les plus hautes autorités qui m’ont décerné cette distinction. Je la dédie également à tous les enseignants de la CEB de Loropéni, et à tous les enseignants de la région du Sud-Ouest. Et je pense que cette distinction est une invite à produire des résultats mieux que dans le passé.

Bafujiinfos : Est-ce votre première distinction ?

Seydou YAMNIDA : j’ai reçu des prix auparavant de certains partenaires notamment l’ONG Plan Burkina qui m’a honoré avec des prix constitués de sacs en cuirs, de bouteilles de gaz et des réchauds à plusieurs reprises. Mais une distinction de l’Etat burkinabè, c’est la toute première fois.

Bafujiinfos :Quel est votre secret pour réaliser successivement  ces 100 %?

Seydou YAMNIDA : Mon secret à moi n’est rien d’autre que l’amour de mon travail. Il faut aimer d’abord ce que tu fais. Tant que tu n’aimes pas ce que tu fais, tu ne peux pas réaliser des merveilles, mais une fois que tu aimes ce que tu fais, avec l’amour, la vocation, le dévouement, tu réussis, et même plus. Au niveau de l’enseignement, nous avons un emploi du temps, mais cela, seulement, ne peut pas vous permettre d’avoir de grands résultats. Il faut des sacrifices certains jours de repos surtout quand on tient une classe d’examen. En plus, dans une classe, il y a des élèves forts, des moyens et des faibles. Et moi je travaille plus avec les faibles pour rehausser leur niveau. Je les rassure constamment qu’ils peuvent réussir aussi bien que les premiers.

Bafujiinfos: Qu’est-ce qui vous a marqué positivement ou négativement au cours de votre carrière ?

Seydou YAMNIDA : Ce qui fait ma fierté et me marque positivement, c’est quand je réalise un bon taux. Dans la province du Poni, il y a tellement d’écoles et chaque année, l’école primaire de Obiré réalisait de très bons résultats. C’est ma plus grande fierté. Et la cerise sur le gâteau, c’est cette distinction par les plus hautes autorités du pays parce que je ne m’y attendais pas. Je ne savais pas que les autorités avaient un regard sur ce que nous faisons.

Ce que je n’aime pas du tout, c’est l’échec. Mais je le prends de manière philosophique parce qu’il permet de préparer d’une manière la réussite.

Bafujiinfos : Quels conseils donneriez vous à vos collègues surtout la jeune génération ?

 Seydou YAMNIDA: Mon souhait d’abord, c’est que la jeune génération fasse mieux que leur doyen. Et faire mieux ce n’est pas dormir, mais plutôt travailler dur, aimer le métier et aimer les enfants. Une anecdote en passant, quand nous on arrivait dans l’enseignement on avait que 44.000 F CFA par mois bien en deçà du salaire de maintenant. Quand j’ai reçu mon premier rappel, je ne pouvais pas avoir une moto neuve avec cette somme, je me suis résigné à prendre une moto de seconde main. Mais j’avais l’amour du travail que je faisais. J’invite la jeune génération au travail, à la solidarité. Par le passé , il existait les groupes d’animation pédagogique mais de nos jours ça n’existe pas. Alors, je les invite si possible à les reconstituer parce que c’est un cadre d’échanges, de partage d’expérience qui contribuait à aider tous ceux qui rencontraient des difficultés dans leur poste.

Bafujiinfos : Quel est votre dernier mot ?

 Seydou YAMNIDA : Je remercie Bafujiinfos qui me donne l’occasion de m’exprimer aujourd’hui sur mon parcours. Je profite encore de votre micro pour remercier une fois de plus mes encadreurs, tous les enseignants de la CEB de Loropéni, du Poni et du Sud-Ouest sans oublier le merci renouvelé aux plus hautes autorités du Burkina Faso. Et que la Paix revienne dans notre chère patrie.

Antoine BICABA et Wonomana DA



Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *