Au Burkina Faso, la pluviométrie marque le début effectif de la campagne agricole. Cette année, l’Etat a fait de la réussite de la campagne agricole son cheval de bataille à travers la mise en œuvre du programme de l’offensive agro sylvopastorale . A cet effet, des agriculteurs seront dotés d’intrants agricoles pour mener à bien leurs activités. M. Kiswensida Nicodème Zoungrana, directeur régional de l’agriculture, de l’élevage et des ressources halieutique a accordé un entretien à une équipe de bafujiinfos pour faire le point de la dotation à la région dans le cadre de l’offensive agricole.
Bafujiinfos : Quel est l’état des lieux de la campagne agricole en cours ?
DR agriculture: M. Kiswensida Nicodème Zoungrana : Les premières pluies que nous avons enregistrées datent du mois d’Avril. Si on fait une comparaison avec les données pluviométriques de la saison passée, cette année, 11 sur les 13 postes pluviométriques (sites où sont déposées des pluviomètres permettant de recueillir les hauteurs d’eau tombée) sont en situation déficitaire, et seulement deux sont en situation excédentaire. Il s’agit des postes de Dano et de Ouessa dans la province du Ioba avec respectivement 28 mm et 53,5mm. La compagne agricole de cette année du point de vue pluviométrie, accuse donc un retard du fait de la situation déficitaire de la pluviométrie. Qu’à cela ne tienne, les hauteurs de pluie reçues ont permis déjà d’entamer les opérations culturales.
Pour une campagne agricole réussie, les agriculteurs ont besoin d’intrants pour mener à bien leur activité. Pouvez-vous nous donner les statistiques des intrants reçus dans la région du Sud-ouest comme mesures d’accompagnements des agriculteurs ?
DR agriculture: Comme mesures d’accompagnements, nous avons effectivement reçu des semences, de l’engrais, des tracteurs, etc. Cette année, la région va bénéficier de 442.000 tonnes de semences. Il s’agit principalement des semences de riz, de maïs, de sorgho, de l’arachide et de niébé. Quant à l’engrais, la région a bénéficié de 90 tonnes d’engrais organique qui est en train d’être distribué et autour de 3.000 tonnes d’engrais minérales dont le NPK et l’urée. En ce qui concerne les tracteurs, 17 tracteurs ont été mis à la disposition des communes par l’état pour former la brigade des intrants. Dans quelques jours, nous recevrons encore 08 tracteurs pour un total de 25 tracteurs afin de permettre à chaque commune d’avoir un tracteur. Il faut noter que cette année, il y a eu une croissance de près de 100% de la quantité d’engrais et de semences reçues par rapport à l’année passée. Cette plus-value est fonction des objectifs fixés dans le cadre de l’offensive agro sylvopastorale. A l’heure actuelle, plus de 80% des semences sont déjà distribuées.
Quelles sont les innovations apportez aux niveaux des Directions dans l’accompagnement des agriculteurs ?
DR agriculture: Cette année, il y’a une innovation en terme de mécanisme de distribution. Avant, il y’avait un mécanisme pour les intrants pastoraux et un autre pour ceux agricoles mais pour cette campagne, le mécanisme est unique. Aussi, nous avons cette année ce qu’on appelle les labours gratuits à l’endroit des producteurs vulnérables, les petits producteurs. Cette initiative vise à labourer 3000 hectares gratuitement. Pour ce faire, une brigade sera mise en place pour identifier les bénéficiaires et un comité au niveau communal chargé de valider et de suivre le travail de la brigade. Pour plus de transparence et d’équité dans la distribution des intrants cette année, des bons électroniques sur lesquels les besoins sont mentionnés seront remis aux bénéficiaires enregistrés. Ils n’auront qu’à se présenter aux distributeurs au niveau communal avec ces bons et s’acquitter des frais pour enfin bénéficier des intrants. Ce système de distribution permettra de non seulement répertorier l’ensemble des producteurs mais aussi de permettre à tous de bénéficier des intrants au fil des années. La semence reçue par les producteurs cette année peut être utilisée sur 3 ans. La semence du niébé est cédée gratuitement aux femmes qu’elles soient organisées en coopérative ou de manière individuelle. Également 5% des intrants reçus au niveau communal est dédié aux personnes déplacées internes possédants de la terre pour la production. Cette année, nous institutions, c’est-à-dire direction régionale, provinciale et services départementaux de l’agriculture avons changé de paradigme. Nous avons des champs que nous allons mettre en valeur. Pour ce faire, au niveau régional, nous devront mettre en valeur 50 hectares, la province, 10 hectares et les communes, 05 hectares.
Votre message à l’endroit des producteurs et des populations de la région ?
DR agriculture: Nous demandons aux propriétaires terriens de nous accompagner par la cession des terres et aussi dans leur mise en valeur. Comme conseils pour la campagne, nous invitons les producteurs à tout moment lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés à faire recours à nos techniciens sur le terrain. Et écouter les conseils qui leurs seront prodigués pour leur permettre d’améliorer leur production. Nous remercions les autorités administratives, coutumières, religieuses, les OSC, les ONG les OPA qui nous accompagnent beaucoup sur le terrain par la sensibilisation et la mise en valeur des espaces cultivables.
Antoine BICABA et Wonomana DA
