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Les Echos du Sud-Ouest

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Biotechnologies agricoles et environnementales : une solution aux insectes ravageurs de cultures


L’agriculture burkinabè, à l’instar de plusieurs pays africains, fait face à plusieurs défis pour booster ses rendements agricoles. Au nombre de ceux-ci, les changements climatiques, la sécheresse, les attaques des insectes ravageurs. Plusieurs hectares de spéculations diverses subissent la furie de ces ravageurs dans plusieurs localités du Burkina Faso lors des campagnes agricoles précédentes. Pour faire face à ces attaques, les biotechnologies agricoles et environnementales peuvent être une alternative pour protéger l’environnement et les plantes ,et cela par des organismes  génétiquement modifiés capables de mieux résister aux ravageurs à travers leur propre insecticide.

Du maïs attaqué par des ravageurs dans la région du sud-ouest

Selon la direction de la protection des végétaux et du conditionnement du ministère de l’Agriculture, des aménagements hydro-agricoles et de la mécanisation, le rapport de suivi de la situation phytosanitaire de la campagne agricole de saison humide 2021-2022, à la date du 24 septembre 2021 indique 4301,39 hectares infestés, dont 1465,7 traités dans la région du sud-ouest. Pour la saison agricole écoulée, 14265,35 hectares de champs étaient infestés avec un taux d’infestation de 80 ,34 %.

Un entrepreneur agricole de Gaoua, Sié Vokité Somé « Notre souhait est que les chercheurs nous trouvent un remède efficace contre les ravageurs des cultures ».

Les cultures touchés sont le maïs, le sorgho, le soja. Les ravageurs sont essentiellement les chenilles légionnaires d’automne (CLA), avec des dégâts de types foliaires. La situation est moins inquiétante cette année à cause des précipitations régulières et intense et la plupart des champs de maïs sont au stade floraison, ce qui n’est pas favorable au développement des ravageurs, nous confie Baba Boni, le responsable de la protection des végétaux  à la direction régionale en charge de l’agriculture du sud-ouest. Les attaques des ravageurs occasionnent d’énormes pertes chez les producteurs, nous témoignent un entrepreneur agricole de Gaoua, Sié Vokité Somé.  « L’année passée, j’ai fait une perte énorme. Par exemple sur trois hectares j’ai perdu au moins un hectare. Sur ma production totale j’ai perdu au moins huit tonnes de maïs. Aussi, je pratique la culture associée, le maïs et le niébé. Comme le niébé est sucré, à ce niveau c’était une perte totale », ajoute-il.

Les limites des insecticides

La maitrise des ravageurs reste une préoccupation pour les techniciens de l’agriculture et les producteurs depuis quelques années. Les traitements aux insecticides ont monté leur limite au regard de la recrudescence des attaques des ennemis des cultures, affirme un entrepreneur agricole de Gaoua, Sié Vokité Somé.

                                                                           https://www.youtube.com/watch?v=e5pGeVkjtfA

En réponse à cette préoccupation des agriculteurs, les chercheurs proposent des solutions à travers les biotechnologies agricoles et environnementales. Pour le chercheur à l’Institut de l’environnement et de recherche Agricole (INERA) et spécialiste en génétique et amélioration des plantes, Docteur Edgar Traoré, les premières biotechnologies ont contribués à protéger l’environnement. « Au Burkina Faso, nous avons l’exemple de certaines spéculations  génétiquement modifié avec la toxine Bt (Bacillus thuringiensis) comme le maïs Bt, le coton Bt », soutient-il.

Il explique que pour le cas du coton, lorsqu’il était conventionnel, on utilisait environ 6 litres de pesticides par hectare pour contrôler les ravageurs. Plus la superficie est grande, précise le chercheur, plus la quantité de pesticides utilisée est énorme. « Pourtant ces produits sont nuisibles pour l’environnement car leur origine n’est souvent pas maitrisé », étaye Dr Traoré. De ses dires, les chercheurs se sont rendus compte que le cotonnier peut fabriquer son propre insecticide appelé le ‘’gossipole’’ qui lui permet d’être plus rustique et résistant à ces ravageurs, ce qui n’est pas nouveau car cela existe dans la nature. Puis d’ajouter : « le gossipole est un poison, ce qui ne permet pas l’utilisation de ses graines pour l’alimentation. Les chercheurs ont travaillés à développer des cotonniers sans gossipole, le cotonnier a été donc désarmé ». Il souligne que, les biotechnologies ont réussi à utiliser un insecticide naturel dont l’information génétique est insérée chez le cotonnier, ce qui a donné le coton génétiquement modifié.

Docteur Edgar Traoré chercheur à l’INERA, « les biotechnologies environnementales permettent de protéger l’environnement avec une réduction importante de l’utilisation des pesticides

Des avantages

Cette modification présente des avantages. « Ce coton va fabriquer son insecticide qui contrôle un seul type de ravageur. Aussi, les insectes positifs que nous devions protéger tels que les abeilles, les criquets de passage qui ne font pas de dégâts peuvent survivre. Egalement, le cotonnier va produire beaucoup parce que son ravageur majeur est contrôlé grâce à une protéine insecticide que lui-même va produire .Cette technique est une biotechnologie qui nous a permis de réduire l’utilisation des pesticides de façon significative», explique docteur Edgar Traoré.

Grace à ces biotechnologies agricoles et environnementales, la charge de traitement des producteurs est allégée parce que le nombre de traitement est réduit, confie Docteur Edgar Traoré.

Un agriculteur du village de Koumbia dans la province du Tuy, François Tanni

Cette réduction de la charge de travail est confirmée par un agriculteur du village de Koumbia dans la province du Tuy, François Tanni. « Le traitement du coton conventionnel est très fastidieux. En son temps, j’avais la main d’œuvre, mais mes enfants sont adultes aujourd’hui et évoluent à leur propre compte. La main d’œuvre n’est plus à porté de main comme hier, et avec mon âge je ne peux plus assurer plusieurs traitements dans un champ de coton, donc cette variété de coton Bt qui résiste mieux aux ravageurs est une bonne aubaine pour nous les producteurs. On économise en main d’œuvre, et en achat de pesticide », reconnait François Tanni.

Sur le plan environnemental, la plante génétiquement modifiée qui reçoit des insecticides à faible dose contribue à protéger l’environnement d’où la biotechnologie environnementale et agricole, renchérit M. Traoré.

L’assurance des scientifiques

Divers propos ont été entretenus face à ces organismes génétiquement modifiés. Selon le sélectionneur à l’INERA Farakoba (Bobo-Dioulasso), Docteur Abdallah Dao, la nuance qu’il faille faire ressortir, est que la variété conventionnelle et celle améliorée, est la même chose. « A  la variété conventionnelle a été ajouté le gène Bt, qui va produire la toxine Bt, théoriquement nous avons toujours la même espèce qui résiste mieux aux ravageurs pour un meilleur rendement », rassure Dr Dao.

Pour le coordonnateur du projet OFAB (Forum ouvert pour les biotechnologies agricoles), Dr Egdar Traoré, le débat sur ces biotechnologies ont été menés sur les réseaux sociaux  plutôt que par les scientifiques. Cette inconnue, poursuit-il,  est gérée par la biosécurité qui est le ‘’gendarme du scientifique ‘’, qui veille à ce que l’éthique soit respectée. « Ce qui explique la présence de l’agence nationale de biosécurité qui, au-delà des Organismes génétiquement modifiés, veille au risque de déploiement de tout produit, même conventionnel qui peut être dangereux pour les populations », martèle-t-il.

Boubacar TARNAGUIDA



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